Chapitre 21 : Flashback #2

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-Ça ne sert à rien.

Je me tourne vers Sakura, qui rumine ses plaintes tous les trois essais, alors même que c'est elle qui a eut l'idée de cette combinaison afin de créer une frappe impossible à réceptionner.

-Il nous faudrait un tempo quasi-nul pour y arriver, et j'en suis incapable, reprit-elle.

-Ce n'est que la première journée d'entrainement, et puis-

-Ça fait presque trois heures qu'on s'époumone et on n'a pas un seul signe de progrès, me coupa-t-elle. On a même pas touché une seule cible.

Je jette un coup d'oeil vers les quatre bouteilles d'eau disposées de l'autre côté du filet et nous servant de marquage pour viser, toujours dressées après trois heures d'entraînements. Nous sommes toute les deux essoufflées par l'effort et je la suis tandis qu'elle rejoint le bord du gymnase municipal, vide en ses heures tardives de week-end. Je m'installe à ses côté et saisit la bouteille qu'elle me tends avant d'en prendre trois grosses gorgées.

-Ça va tes épaules ? S'inquiéta-t-elle. Entre la prise de vitesse et le mouvement que ça t'impose de faire, je ne sais pas si c'est une bonne idée de continuer.

-T'inquiète, je suis habitué à rattraper tes balles bizarres de toute façon.

Elle me donne un léger coup de coude en guise de réprimande, mais arbore toujours un léger sourire. Je lève les yeux vers la pendule et soupire avant de poser la tête contre l'épaule de ma meilleure amie.

-Il ne nous reste qu'une demi-heure, relevai-je. Et je crois qu'on en a bien assez fait pour ce soir.

-Ouah, premier truc intelligent que tu dis aujourd'hui.

Je n'ai même pas le courage de saisir l'occasion de lui rendre son coup, mon corps commençant lentement à fatiguer.

-T'as ton téléphone pour que je prévienne mon père ? Le mien est au vestiaire.

Elle me tend l'appareil sans dire un mot, avant de boire à son tour une gorgée d'eau. Je déverrouille l'écran et me rends dans la messagerie pour envoyer un sms à mon père, puisqu'il ne veut pas que nous rentrions à pied à des heures aussi tardives. J'écris un simple "On a fini - Yuna" et m'apprête à lui rendre, avant qu'un autre message ne s'affiche sur l'écran :

Papa : Ton couvre-feu est passé depuis plus d'une heure, alors profite d'être avec ton amie parce que tu n'es pas prête de la revoir de ci-tôt.

Je me redresse et lance un regard interrogateur à Sakura, qui a lu le message par-dessus mon épaule.

-T'es sérieuse ? Pourquoi tu m'as encore menti ? Questionnai-je en lui tendant l'appareil.

-Je ne voulais pas rentrer, et puis, on doit d'abord perfectionner notre technique, répondit-elle, le regard fuyant.

-Sakura, à force de faire croire à ton père que c'est moi qui te mets en retard, il va refuser qu'on se voit, t'en es consciente ?

-Ça va aller, il va juste me passer un savon en attendant la prochaine occasion.

Je soupire en me relevant, avant de tendre une main à la rouquine.

-Dépêchons nous de tout ranger, histoire de ne pas aggraver ton cas.

Une fois relevé, je lui tourne le dos pour ranger le matériel de mon côté, sans pouvoir cacher mon agacement : quand nous sommes arrivés en début de soirée, Sakura m'avait assuré qu'elle disposait de la permission de onze heure, alors qu'elle devait surement rentrer à neuf. Ce n'est pas la première fois qu'elle me cache ce genre d'information pour allonger la durée de nos entraînements, même si les conséquences s'alourdissent au fil de ses retards.

Lorsque le gymnase est en ordre et après un bref tour aux vestiaires, nous nous installons dans l'entrée extérieur pour attendre mon père. L'ambiance n'est pas vraiment au beau fixe, puisque bien que nous ne soyons pas du genre à bavarder sans arrêt, le silence de ce jour est plutôt glaçant.

-Yuna, tu comptes bouder encore longtemps ? Intervint finalement la rouquine.

-Aussi longtemps que tu continueras à mentir.

-N'exagère pas, et puis, c'est pas comme si c'était à toi qu'on allait passer un savon...

-Et tu crois que ça me fait plaisir ? Rétorquai-je en me tournant face à elle. Que crois-tu que ça me fasse de savoir que ma meilleure amie va souffrir en rentrant ? Qu'elle va être descendu par sa famille ?

-Ça ne me fait plus rien à la longue...

-Alors pourquoi tu essaies toujours de fuir ? Tu passes la moitié de tes week-end chez moi.

-Ça t'emmerde tant que ça ? Supposa-t-elle d'une voix sèche.

-Non, tranchai-je en saisissant ses épaules. Parce que c'est la seule chose que je puisse faire pour te soulager. Mais même si ça t'emmerde, tu dois obéir à tes parents.

-Ça va, soupira-t-elle en se dégageant.

Je l'imite et prends mes distances, inutile de tenter le diable ce soir puisque nous nous réconcilieront à la fin du week end.

Le soir même, j'avais fait état de la situation à notre capitaine pour lui demander conseil, et nous avions vite troqué la messagerie pour faire le point de vive voix :

-Ecoute, tu es la seule capable de résonner Kyoko.

-Pas si elle me ment. Je passe ma vie à la mettre en garde que ses parents vont un jour perdre patience mais elle élude le sujet. Je sais qu'elle vit très mal ses relations familiales à cause de la pression mais je ne pense pas que mettre son père en rogne puisse changer quoi que ce soit.

-Je sais... Mais elle essaie sûrement de s'extraire de tout ça en passant du temps avec toi. Mets-toi à sa place, elle est l'héritière de la troisième plus grande multinationale du Japon. Elle doit maintenir toutes ses moyennes à 98 ET gérer son rôle de passeuse dans l'équipe avec des entraînements presque tous les jours. La pression est énorme pour elle, et tu sembles être la seule personne qui lui permet de garder le cap.

-Donc tu penses que je devrais la laisser faire ?

-Non, mais elle te fait confiance, alors tente de la convaincre que te mentir ne ferait qu'aggraver les choses.

-Tu as raison...

-D'ailleurs, reprit Ayaoro après un instant, en parlant de comportements dangereux, je pense qu'il faut qu'on parle.

-Désolé mais je suis fatigué, tranchai-je pour couper court à la conversation.

-Yuna, tu vas finir par t'attirer de gros ennuie si ça continue..

-Bonne nuit Ayaoro-san. Et merci pour tes conseils.

Je raccroche sans la laisser répondre, consciente de me morfondre dans le déni avec cette attitude. Mais qu'importe, puisque jamais je ne regretterais d'avoir enfreint les règles si c'est pour le bien de Sakura.

King Sniper [Haikyuu!!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant