Chapitre 16 : L'alibi

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Cette nuit a été calme, tellement que j'ai d'ailleurs pus rattraper une bonne partie de mes heures de sommeil. Je descends donc les escaliers à neuf heures trente pour prendre un petit déjeuné, et remarque sur le chemin que la maison est vide. Je me demande où est passé papa.

J'arrive au niveau de la cuisine et saisit un fruit au passage avant de jeter un oeil à la pendule.

-Dix minutes de petit dej', dix minutes pour la douche, et dix minutes pour enfiler un truc potable, calculais-je à voix basse.

Sachant que je dois être prête pour dix heure avec la visite de Marco ce matin, je pense que je suis encore large de ce côté. Quant à cet après midi, je vais surement la passer en skype avec maman, ça fait presque trois semaines que je ne l'ai pas vue et parler avec elle me manque terriblement. Elle a toujours été ma confidente, et c'est d'ailleurs l'unique personne en dehors de Tetsurou et du personnel médical qui connait la raison de mon abandon aux derniers inter-collèges. Néanmoins, je ne sais pas si je devrais lui parler tout de suite de mon lien avec la club de volley de mon lycée : la connaissant, elle serait capable de me rapatrier à Tokyo pour m'éloigner de ce sport.

Je la comprends d'une certaine façon quand je repense à l'état dans lequelle je me suis retrouvé il y a un an. Si je sais que mon père sera plus laxiste si je décidais de m'y remettre à cause de ses antécédents, ma mère, elle, sera totalement intransigeante et refusera catégoriquement que je m'approche encore des filets.

Je chasse ma réflexion d'un mouvement de main, de toute façon je suis au club d'art et je m'y plais, à moins que Marco ne se révèle être qu'un pauvre mec qui ment sur ses relations...

Et merde, prions pour qu'il ait un bon alibi.

Sitôt sortie de la douche, j'ouvre ma penderie pour y dénicher une tenue décontracté, mais au même moment, quelqu'un sonne.

-Génial, soupirai-je en regardant ma serviette de bain, qui est l'unique chose qui me couvre.

J'essaie de me sécher au plus vite en m'habillant quand une deuxième sonnerie retentit : comment ai-je pu me retrouver en retard ?

J'arrive finalement dans l'entrée, les cheveux encore humides et tenue par un simple chignon négligé et ouvre la porte avant de toiser mon ami, qui est bien plus présentable que moi.

-Yo, salua-t-il avec un léger sourire.

-Yo ? Depuis quand tu dis "Yo" toi ? plaisantai-je pour détendre l'atmosphère.

Marco semble vraiment anxieux et je ne l'ai jamais vu aussi crispé depuis notre rencontre. Je fais finalement un pas de côté pour l'inviter à entrer, et nous nous installons dans le salon. Je lui propose à boire avant qu'il ne décline l'invitation, et m'installe face à lui.

-Bien, je suis toute ouïe, informai-je pour l'encourager à parler.

-Ton père n'est pas là ?

-Pourquoi, tu veux un autographe ? répondis-je légèrement agacé.

Je ne sais pas pourquoi il semble chercher à gagner du temps, mais il ne sortira pas d'ici avant que je n'ai eu une explication. Après un long silence, il prit une légère inspiration avant de reprendre.

-Je suis désolé pour la scène d'hier soir, je t'ai mise dans l'embarras et je m'en excuse.

Je reste silencieuse pour le pousser à continuer : je ne peux pas accepter ses excuses sans avoir d'explication.

-Si j'ai fais croire à mes parents que nous étions en couple, c'est parce qu'ils me tannaient pour que je leur présente une fille.

-Très bien, mais tu devais te douter que je l'apprendrais un jour ou l'autre ? Et puis, tu es quand même un beau garçon, plaire à une fille ne devrait pas être un soucis.

Son regard s'assombrit davantage et il poussa un soupir comme s'il avait peur de quelque chose.

-Écoute, repris-je, t'es vraiment un mec en or et tu m'as déjà beaucoup aidé. Mais je ne ressens rien de cette sorte pour toi.

Il se redresse et un léger sourire étira la commissure de ses lèvres.

-Moi non plus, admit-il. En fait, tu n'es pas vraiment mon genre.

-Heureuse de l'entendre, mais pourquoi moi ?

-Isaya, tu es une très jolie fille, mais ...

Il stoppa sa phrase comme s'il elle ne se décidait pas à sortir. Lorsque l'information tilta enfin dans mon esprit, je posai mes mains sur les siennes en approchant mon visage.

-Je suis une très jolie fille, mais tu n'aimes pas les filles, c'est ça ? relevai-je avec une voix qui se voulait rassurante.

-Si mes parents l'apprennent, je ne sais pas ce qu'il m'arrivera. Personne ici ne le sait à part toi.

-Si tu m'avais dis plus tôt que tu voulais que je sois ton alibi devant tes parents, j'aurais accepté tout de suite, informai-je en me redressant.

-Désolé de te l'avoir caché, mais je ne savais pas comment tu allais réagir. Tout le monde n'est pas aussi tolérant. Mes parents ont reniés une de mes cousines quand ils ont appris qu'elle était bisexuelle, alors tu imagines avec un fils gay ..

-Donc si tu sors avec une fille, ils n'auront aucun doute ?

-Ouais, mais c'était une idée stupide...

-Pas maintenant que je suis dans la confidence.

Il releva les yeux vers moi avec un air surpris.

-... On peut faire croire à tout le monde qu'on sort ensemble pendant quelques semaines, puis au besoin on simulera une séparation. Comme ça tes parents t'auront vu avec une fille proposai-je.

-Attends, tu serais prête à faire ça ?

-Tant qu'on ne fait pas des trucs de couple trop dégueux, moi ça ne me dérange pas, répondis-je en haussant les épaules.

Son visage s'illumina et il passa ses bras autour de mon cou pour m'enlacer. Je répondis à son étreinte, heureuse de pouvoir aider mon ami.

Après ça, nous avions convenu de quelques conditions pour rendre la relation crédible : on reste les seuls dans la confidence, les câlins et les baisers autre part que sur la bouche sont autorisés, on devra essayer de rester collés ensemble en se regardant d'un air mielleux. Les surnoms cucu sont autorisés et on rentre ensemble le plus souvent possible.

-Vraiment, je te le revaudrais. Demande moi tout ce que tu veux ! Proposa-t-il pour la quatrième fois.

-Je sais, on verra ça plus tard, répondis-je. C'est déjà bien que tout soit clair entre nous, et puis, ça me donne une bonne raison de rester au club d'art.

-Attend, tu hésitais à rejoindre le club de volley ?

-Il était tard et j'étais crevée. Dès que j'aurais parlé du match avec Ayaoro je ne me mêle plus de rien...

-J'ai raté un épisode ou quoi ? releva-t-il en se calant au fond du dossier.

-Pas vraiment, j'ai juste demandé l'enregistrement du dernier tournoi de printemps pour voir ce qui n'allait pas. Je vais leur donner mon avis et je suis sûre qu'elles sauront se débrouiller avec ça.

Marco me fixe bizarrement, comme s'il doutait de ma capacité tenir ma parole.

-Quoi ? le repris-je avant d'être interrompue la sonnerie de mon téléphone.

Je saisi l'appareil en regardant le nom de l'appelant.

-Oh merde, jurais-je.

-Un problème ?

-C'est ma mère, et ce n'est jamais bon signe qu'elle m'appelle pendant ses heures de boulot, expliquai-je en m'éloignant. Je reviens.

Je décroche et prend sur moi, même si mon angoisse monte.

-Salut maman.

-Bonjour ma chérie. Tu rentres à Tokyo la semaine prochaine et tu reprendras les cours à la maison.

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J'espère que ce chapitre vous a plu !

Je vous souhaite une bonne année 2019 avec tous mes voeux de réussite !

King Sniper [Haikyuu!!]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant