Chapitre 18. Léo

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— PUTAIN ! Crié-je en apercevant Roxanne courir en ma direction alors que je démarre ma voiture.

Elle ne peut pas me foutre la paix. Elle en a assez fait, elle a tout gâché. J'accélère pour quitter les lieux au plus vite.
Pour la première fois depuis que j'exerce de métier, je m'autorisais à être Léo Ortega et non un Escort. J'ai cru Mike lorsqu'il m'a dit de tenter ma chance avec sa sœur puisqu'elle avait des vues sur moi, malheureusement nous nous sommes plantés tous les deux. Elle m'a repoussé, elle pensait que je voulais coucher avec elle pour de l'argent comme je le fais avec les autres, mais pas cette fois, pas avec elle. Je voulais me donner à Roxanne sauf qu'elle ne l'a pas interprété comme il le fallait. J'aurai pu tout simplement lui expliquer, au lieu de ça, j'ai fait le con en lui disant que je ne couchais pas gratuitement quand elle a parlé rémunération.
Au final, je suis en colère contre elle et contre moi par la même occasion. J'appuie sur l'accélérateur, puis jette un dernier coup d'œil dans le rétroviseur, je l'aperçois faire un sprint sur l'allée de gravillons puis enfin disparaître comme par magie. Je suis à deux doigts de m'arrêter, faire une marche arrière pour voir ce qu'il se passe, vérifier qu'elle n'est pas blessée ou autre chose, mais sa silhouette trempée réapparaît dans l'obscurité.
Finalement je me contente de la fuir. Qu'elle se débrouille, elle n'est rien pour moi, absolument rien... j'essaie de m'en convaincre.
Je quitte enfin la propriété et me retrouve sur une route déserte sans vraiment savoir où aller et me contente de conduire sous la pluie battante qui m'aveugle lorsqu'elle s'intensifie. Je ralentis ma vitesse, la chaussée est glissante et non éclairée ce qui pourrait m'envoyer dans le ravin si je ne reste pas prudent.
Je roule depuis un long moment déjà lorsque j'aperçois en bord de route la devanture d'un bar miteux qui semble ouvert puisque la lumière y est allumée. J'entre sur le parking, me gare à côté d'un vieux pick-up rouillé puis me hâte de pénétrer à l'intérieur du bar où une odeur nauséabonde me prend à la gorge. Je fais abstraction de l'état de délabrement, après tout je suis ici pour boire un verre, pas pour faire l'inspection sanitaire. Je m'installe sur un tabouret bancal devant le comptoir, puis attends que quelqu'un vienne récupérer ma commande. Une jeune femme d'environ vingt-cinq ans sort de l'arrière salle puis avance en ma direction en mâchant vulgairement son chewing-gum. Je ne peux la regarder dans les yeux, elle porte un débardeur très moulant et transparent qui laisse entrevoir son imposante paire de seins.

— Qu'est-ce que je te sers beau brun ? Me demande-elle en se penchant sur le comptoir.

Elle ramène ses longs cheveux noirs sur son épaule puis me lance un regard très explicite, qui veut dire « c'est où tu veux, quand tu veux »
J'ai appris à interpréter les regards, enfin pas tous puisque celui de Roxanne m'a induit en erreur.
Je suis ramené à la réalité lorsque la serveuse claque ses doigts sous mon nez.

— Tu rêvasses ! Alors je te sers quoi ?

— Euh, je prendrais un whisky.

— C'est comme si c'était fait.

C'est le calme plat ici, pensé-je avant que la serveuse dépose un verre devant moi et qu'elle se mette à hurler à travers la salle.

— Hé les gars, rentrez chez vous, ce n'est pas un hôtel ici !

— Tu fais chier Donna, lui répond une voix masculine, laisse-nous dormir un peu.

Je me tourne et observe deux hommes d'une quarantaine d'années ivres morts autour d'une table. Bon nombre de verres vides les entoure.

— Il y a des hôtels pour ça Vince ! Si ton pote et toi ne foutez pas le camp rapidement, je vous jette dehors à coups de pied au cul.

Je lâche un petit rire cristallin, cette femme a beaucoup de cran, ce qui ne m'étonne guère à vrai dire.
Pour tenir pareille baraque, il faut avoir une sacrée paire de couilles.
L'autre homme ronchonne et la provoque en lui montrant son postérieur en ajoutant :

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant