Chapitre 36. Roxanne

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Le lendemain

Léo est sous la douche depuis un long moment, je m'empresse de fignoler les derniers détails afin de parfaire la soirée spéciale que je lui ai concocté en secret. J'angoisse à l'idée qu'il puisse réfuter la proposition que j'ai à lui soumettre. Et pour être honnête avec moi-même, je stresse bien plus à l'idée de lui offrir cet acte sexuel que jusqu'à lors, j'ai refusé aux différents hommes qui ont partagé ma vie. En vérifiant une dernière fois mon reflet dans le miroir, je me surprends à me trouver belle, sexy et désirable, cela ne m'était pas arrivé depuis des années. Il est vrai que j'ai sorti le grand jeu pour désarçonner Léo. Je suis vêtue en tout et pour tout d'une magnifique guêpière rouge faite de dentelle et de soie avec son string assorti. Celle-ci dormait au fin fond d'un placard, je ne me souvenais plus de son existence jusqu'à ce soir. Pour la rendre plus attrayante, j'ai chaussé ma paire d'escarpins noirs, la plus vertigineuse que j'ai en ma possession.
Volontairement, j'ai accentué mon maquillage pour ressembler à une femme fatale à laquelle aucun homme ne pourrait résister. Un film rouge carmin habille mes lèvres pulpeuses, mes yeux de biche sont magnifiés par une ombre à paupière très sombre, ce qui a pour effet de donner à mon regard un air mystérieux et dévastateur.
Je fais les cent pas derrière la porte de la salle de bain et écoute Léo fredonner une mélodie que je ne connais pas. Je suis à deux doigts de franchir l'espace qui nous sépare pour lui sauter dessus, et pourtant, je me résonne et fais demi-tour afin de l'attendre dans la chambre et de le déconcerter en adoptant une posture impudique. L'eau cesse de couler, j'imagine très bien Léo sortir nu de la douche, en train de sécher son superbe corps dont je raffole.
Calme tes ardeurs ma grande, ce n'est pas maintenant qu'il faut rêvasser !!
Le moment où il va franchir cette porte arrive. La confiance dont j'étais pourvue en me découvrant devant la glace s'évapore comme la fumée d'une cigarette. Mon dieu, je suis complètement flippée et excitée... Mes mains tremblent, mes jambes peinent à me maintenir debout. Je ferme alors les yeux en inspirant et expirant lentement pour réguler ma respiration et calmer l'état d'anxiété dans lequel je suis. Le battant s'ouvre, mon cœur palpite à allure irrégulière, je voudrais disparaître, remonter le temps pour retirer mes apparats et redevenir la douce et sage Roxanne que Léo apprécie tant.
Hélas, il est trop tard pour faire machine arrière et ça, je le comprends lorsqu'un cri de stupeur fait écho entre les murs.

— Rox... mais qu'est-ce que... tu ... merde alors !

Toujours avoir confiance en soi, c'est ce que je me répète chaque jour. Evidemment, plus facile à dire qu'à mettre en pratique. Je fais quoi maintenant ? Il n'y a pas trente-six solutions.
Je puise dans mes dernières ressources afin de rassembler le peu de courage qu'il me reste, et ouvre les yeux en ayant la boule au ventre. Coup de théâtre. Léo se tient à l'entrée de la chambre, vêtu d'une serviette de toilette lui tombant bas, très bas sur les hanches. La pièce se charge en électricité quand nos regards s'accrochent, ni lui ni moi ne bougeons, il règne désormais une atmosphère bourrée de tension sexuelle dans la chambre. Je prends l'initiative d'ouvrir les hostilités, et déplace une de mes mains sur la longueur de mon abdomen en prenant soin d'y aller le plus lentement possible. Mon geste tremblant attise le désir de Léo. Un grognement de satisfaction se fait entendre lorsque mes doigts dessinent la courbe de ma poitrine. La tête rejetée en arrière, j'attends patiemment que le loup vienne me dévorer. Le parquet craque à chacun de ses pas, sa proximité est telle, que je frisonne lorsque son souffle chaud caresse mon menton. La pulpe délicate de ses doigts effleure ma peau brûlante, et pourtant, malgré cette ébullition mon épiderme se couvre d'une chair de poule. Léo saisit ma nuque de sa poigne puissante, je me force à redresser la tête pour soutenir son regard de braise. Sa bouche se pose férocement sur la mienne, il lèche puis mordille mes lèvres avec douceur. Une brèche s'ouvre entre mes lippes, il en profite pour y glisser sa langue. Une danse érotique se joue dans ma bouche.
Mon Dieu ! Je vais devenir folle.
Comment fait-il pour me mettre dans un état d'excitation pareil ?

— Que me vaut l'honneur de toute cette attention ? Me questionne-t-il entre deux baisers.

— Rien. Je voulais seulement te surprendre et te faire plaisir. 
— C'est assez réussi. Tu es magnifique dans cette guêpière Rox, je dirai même que tu es vraiment bandante. Constate-le par toi-même. Insinue-t-il en plaquant ma main sur son sexe dur comme de la pierre.

Le rouge me monte aux joues, j'aime lorsqu'il emploie des mots crus, la pudeur tombe laissant place à une excitation bestiale, incontrôlée. Jamais, je ne pourrais lui avouer que ce langage osé m'excite, j'aurai bien trop peur qu'il me perçoive autrement que comme la jeune femme gentille que je laisse paraître. Nos pas nous conduisent vers le lit, les baisers, les caresses vont bon train jusqu'à ce que Léo tombe sur la boîte dorée qui repose sur la table de chevet.

— Qu'est-ce que c'est ?

— Un cadeau. Déclare-je, en cachant ma gêne.

— Pour moi ?

Je l'invite à ouvrir ce présent en scrutant le moindre signe de sa part. Un sourire franc s'affiche sur son visage, ses yeux pétillant de malice observent scrupuleusement ce que contient le paquet. J'attends qu'il réagisse, qu'il dise quelque chose, malencontreusement il n'en fait rien et se contente simplement de faire tournoyer sur son index la paire de menottes que j'ai achetée lors de la réunion.

— Aurais-tu commis un délit Roxanne ?

— C'est possible. Pour être honnête monsieur l'agent, j'ai réalisé de nombreux impairs et je pense qu'une punition s'impose.

— Dans ce cas, je ne vois pas d'autre solution que de devoir te passer les menottes aux poignets. Bras au-dessus de la tête. M'ordonne-t-il en se plaçant à califourchon sur mon corps.

Je m'exécute sans rechigner, mon sexe pulse entre mes cuisses, mouillant incontestablement mon string lorsque le métal froid se referme autour de mes mains.

— Alors ma douce Roxanne, ne serais-tu pas d'humeur joueuse et coquine par hasard ?

Pour toute réponse, je me contente d'émettre quelques gémissements. Cet homme me tue à petit feu, lorsqu'une morsure délicate se fait sentir sur mon épaule.

— Voyons ce qu'il y d'autres dans ta boîte de magicienne...
Une plume de paon, un plug anal, du lubrifiant, une cravache se trouvent à l'intérieur de ce cadeau mystère.

— Dois-je comprendre que tu voudrais que je te domine. As-tu déjà essayé la soumission ?

Je remue la tête de gauche à droite, et voudrais tant plaquer mes mains sur mon visage pour cacher mon ennui, hélas, celles-ci sont attachées et je n'ai d'autres choix que d'affronter le regard interrogateur de Léo.

— Tu veux vraiment le faire ?

Il en va de soi que je le désire, sinon pourquoi aurais-je orchestré toute cette mascarade.

— Je voudrais repousser mes limites, et je sais que tu as l'expérience pour m'y aider.
— J'en suis très honoré, et si tu sens que c'est trop pour toi, j'aimerais que tu m'en informes. À ce moment précis, j'arrêterai tout.

— D'accord.

— À présent, je ne veux plus entendre le son de ta voix.

— Oh !

— Je ne suis pas si cruel que ça Rox, quand tu auras envie de jouir, tu pourras ouvrir les vannes et lâcher ce qu'il y a au plus profond de ton âme.

Mon Dieu, qu'il est sexy quand il adopte cette attitude dominante. Il fait naitre en moi un brasier qui ne cesse de gagner du terrain pour mon plus grand plaisir.

— Ferme les yeux et apprécie ce qui va suivre.

J'obtempère sans la moindre hésitation. J'ai une confiance aveugle en Léo et je compte le lui prouver en obéissant sans objecter ses exigences. La légèreté de la plume effleure mon cou, ma poitrine et mes bras, je ne cesse de gesticuler et d'émettre de petits rires que je tente de contenir, cependant, mes terminaisons nerveuses sont mises à rude épreuve par tant de chatouillis.  Les mains de Léo s'attaquent aux agrafes de ma guêpière, mes seins jaillissent à l'air libre en moins de temps qu'il ne m'a fallu pour accrocher ce maudit bustier. La torture reprend de plus belle, ses lèvres se posent sur ma poitrine, il évite délibérément de sucer ou de mordiller mes tétons et cela me rend dingue. Je voudrais hurler, lui attraper la tête et l'obliger à me cajoler comme il se doit, seulement j'ai interdiction d'ouvrir la bouche et mes mains sont inutilisables. Léo délaisse mes attributs, sa langue s'aventure sur mon épiderme et vient capturer ma bouche pour un baiser incandescent. Nos salives se mélangent, elles ne sont plus qu'homogénéité sur nos langues. Mes reins se cambrent, mes talons s'enfoncent dans le matelas et mes doigts agrippent comme ils le peuvent l'oreiller qui est au-dessus de ma tête. Je me sens déconnecté de la réalité, je suis dans un monde irréel. Il parsème ma mâchoire de baisers, il suçote le lobe de mon oreille et vient me susurrer des obscénités.

— Humm... Tu es le diable en personne. Fini-je par dire, alors que je devrais garder les lèvres scellées.

— Et toi, tu es la tentation incarnée.

Je voudrais déverrouiller mes paupières afin d'observer la scène qui se joue entre nous, mais je n'en fais rien pour ne pas décevoir Léo.  Quand ses dents et ses doigts s'intéressent à mes pointes tendues, je ne différencie plus rien, et il m'est impossible de contenir le gémissement d'extase qui s'échappe de ma bouche lorsqu'un pincement un peu plus prononcé s'abat sur celles-ci.

— Tu tiens le coup Roxanne ? En veux-tu encore ?

— Oh Oui !

Léo saisit l'élastique de mon string, le fait claquer sur ma peau délicate avant de le faire lentement glisser sur mes cuisses, mes jambes et mes chevilles. Mes escarpins valsent dans la chambre, Il porte mes pieds à sa bouche, les embrasse, les goûte avec douceur. C'est la toute première fois qu'un homme me baise les pétons, je prends tellement de plaisir que je balaie mes préjugés. J'ai toujours pensé que cela était dégoûtant et dégradant, mais ne dit-on pas qu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Il continue sa douce torture, et remonte sur toute la longueur de ma jambe avant de stopper son geste à quelques millimètres de mon intimité luisante d'humidité.

— Je pourrais jouir rien qu'en reniflant ton odeur.

Je me meurs de sentir son souffle chaud à l'extrémité de mon sexe. Sa bouche se presse sur mes lèvres tandis que sa langue se glisse entre mes plis et vient trouver ma perle rosée. Un frisson parcourt mon échine, je tremble d'excitation lorsque mon clitoris tournoie sur la pointe de son organe, le plaisir est tel que je crie à m'en percer les poumons.

— C'est trop Léo !

Léo s'arrête immédiatement et me demande ce qui ne va pas en m'obligeant à le regarder dans les yeux. Sa prévenance m'émeut, il semble paniqué alors qu'il ne le devrait pas. Mon cri n'était pas celui d'une femme en difficulté, mais plutôt une supplication due au plaisir qu'il me donnait.

— Roxanne, parle-moi. C'était trop quoi, bon sang.

— Trop bon. Bafouillé-je, sous le coup de l'émotion qui m'assaille.

— Si ce n'est que ça, me voilà rassuré. Annonce-t-il en étirant ses lèvres avec malice.

La première libération ne tarde pas à arriver. J'ai chaud, terriblement chaud. Mon corps luit de sueur, il frémit et tremble encore de plaisir. Je ne suis toujours pas résigné à me contenter d'un seul orgasme. Mes poignets étant toujours attachés, il m'est difficile de me redresser d'ailleurs Léo en profite pour présenter son sexe à l'entrée de ma bouche. Mes lèvres déposent de légers baisers sur son gland, je recueille sur le bout de la langue une goutte de liquide pré-séminal qui perle sur son prépuce. Je l'aguiche en émettant quelques succions sur sa verge grandissante. Il ne résiste pas à l'envie de me prendre la bouche et y enfonce d'un coup sec, son sexe dans son intégralité. Sa longueur est telle qu'il tape le fond de ma gorge et que malheureusement, je suis prise d'un terrible haut-le-cœur. Il se retire, m'embrasse furtivement et m'aide à me positionner sur les genoux.

— Je ne tiens plus Rox, j'ai besoin d'être en toi. Grommèle-t-il alors qu'il s'introduit dans mon vagin.

Ses coups sont lents et réguliers, Léo prend tout son temps pour me faire voyager. Je gémis, hurle de surprise et de plaisir, lorsque le cuir froid de la cravache rencontre mon postérieur.
C'est jouissif !
Mes hanches remuent, se balancent pour que Léo me pilonne plus fort. J'aime sa férocité, je me sens proie face à ce lion sauvage. Je sursaute lorsqu'un liquide froid rencontre mon anus, je me crispe et me tends en essayant bien évidemment de resserrer les cuisses. Un doigt se pose sur mon anneau serré et dessine de petits cercles sur mon orifice jamais défloré.

— Léo, je... je n'ai... enfin tu vois.

— C'est nouveau pour toi ?

— Il faut croire... Oui.

Vingt-huit ans et encore à demi-vierge, voilà le constat de ma vie sexuelle. C'est déroutant quand j'y pense, d'autant plus que je m'envoie en l'air avec un homme qui a toute l'expérience requise en matière de sexe.

— Détends-toi ma puce, j'irai à ton rythme. Et pour te rassurer, j'attendrai le temps qu'il faudra.

Les coups de boutoir reprennent, je laisse les sensations s'immiscer dans mon corps, alors que le doigt de Léo se glisse à nouveau sur mon anus. À l'allure d'un escargot, son pouce progresse dans mon orifice. Je ne ressens aucune douleur, une gêne certes, mais cela n'est pas déplaisant, je dirai même que c'est très exaltant. La cadence s'accélère, son sexe et son doigt sont synchronisés, je mords l'oreiller pour étouffer mes cris d'extase. L'osmose est totale, mes sens sont décuplés au centuple à ma grande surprise.

— Putain Roxanne, je ne vais pas tenir très longtemps. Jouis pour moi !

Ses paroles suffisent à me laisser aller bruyamment en hurlant son prénom. Léo se raidit, un grognement surhumain s'évade de sa bouche lorsque sa semence inonde mon sexe. Le vide se fait présent lorsque son membre épais disparaît de mes entrailles. Rapidement, il détache les menottes qui ankylosent mes poignets et me masse avec précaution les rougeurs que le métal m'a laissé. Je m'écroule sur le ventre, fatiguée, mais satisfaite de l'expérience que je viens de vivre. Léo s'allonge à mes côtés, je me tourne pour venir me blottir dans ses bras. Paupières closes, je respire les notes musquées et aphrodisiaques de sa peau qui me sont devenues indispensables aujourd'hui. Le sommeil me guette, seuls les mots que Léo prononce me sortent de cet état léthargique.

— Tu as été parfaite ma chérie.

Ai-je bien entendu ou mon subconscient me joue des tours ? Mon cœur fait des bonds de dix mètres dans ma poitrine, alors que je me répète inlassable ces deux petits mots, ma chérie.

— Tu comptes énormément pour moi, bien plus que tu ne pourrais le penser.

Je n'espère aucune réponse de sa part, et pourtant, il se confie simplement en resserrant son bras sur moi.

— Tu es importante à mes yeux Roxanne, je veux que tu le saches.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant