Mi-Mai 2015
Je veux et j'exige un sac de frappe sur le champ, afin d'évacuer les pulsions assassines que je ressens vis à vis de Léo. J'accrocherai volontiers son portrait au centre et me défoulerai en envoyant des coups sans aucune retenue, jusqu'à ce que mes phalanges éclatent et que le sang se mette à maculer son visage pour atténuer ma rage. Monsieur irrésistible pour les petites culottes me fait un caprice de gamin pourri gâté et ce de bon matin puisque je refuse de partir avec lui en week-end. Dans quelques minutes, il va se mettre à crier, taper du pied, puis il ira se réfugier dans la chambre jusqu'à ce que je cède, comme d'habitude, sauf que cette fois je tiendrai bon et n'abdiquerai pas.
— C'est impossible et tu le sais très bien. J'ai un boulot monstre en ce moment, le lancement pour Body perfect est programmé dans moins de deux semaines et je ne peux m'absenter.
— Tu fais chier Roxanne ! Je ne te demande pas la lune, enfin je ne pense pas. Je désire seulement que tu m'accordes un peu de temps. Est-ce-trop demandé de vouloir être avec toi ?
— Bien sûr que non ! Malheureusement, je ne peux pas. La discussion est close, je dois y aller.
— Comme toujours ! Trois mois qu'on est ensemble, et tu as dû être disponible... laisse-moi réfléchir. Six fois, ni plus ni moins.
— N'importe quoi ! Tu racontes des conneries. Et puis j'en ai marre que tu te plaignes sans arrêt. Je te signale que je bosse comme une malade pour réussir ma carrière professionnelle contrairement à certain. Alors, navrée de te décevoir, mais je ne peux être avec toi comme bon te semble.
— C'est vraiment comme ça que tu me vois ? Tu penses que je suis un fainéant. Dans ce cas, tu peux partir. Je crois que nous n'avons plus rien à nous dire. Peste-il en claquant la porte de la chambre.
Hé merde ! Bravo Roxanne. Tu ne pouvais pas tourner ta langue sept fois dans ta bouche avant de déblatérer une pareille sottise. Léo se démène pour ouvrir sa salle de sport et moi je ne trouve rien de mieux que de le rabaisser au lieu de l'encourager. Je reste derrière la porte close, le poing suspendu dans les airs, prête à toquer pour m'excuser, sauf que je n'en fais rien. J'entreprends un demi-tour, récupère mon sac et quitte la maison pour ne pas envenimer la situation.
À peine suis-je entrée dans mon bureau, que ma sœur débarque avec deux tasses de café fumantes à la main, ce qui tombe à pic puisque je n'ai pu avaler le mien ce matin, faute de temps.
— C'est quoi cette tête ? J'en connais une qui a dû s'éclater toute la nuit avec son chéri. Tu devrais forcer sur l'anticernes la prochaine fois, parce que là, Roxy tu fais peur à voir.
— Ça n'a rien à voir Mary. Je suis fatiguée, je croule sous une montagne de boulot et puis il y a Léo qui me... Au fait, pourquoi tu es là ?
— Minute papillon ! Qu'est-ce qui se passe avec le beau gosse ? Si tu crois t'en tirer comme ça, tu peux toujours courir.
Lasse, je pose mon postérieur sur le rebord du bureau et lui révèle ce qui me chagrine. Mary m'écoute attentivement, me prodigue des conseils, puis me fait remarquer que Léo n'a pas tout à fait tort.
— Roxy, tu dois mettre de l'eau dans ton vin. Pour qu'un couple fonctionne, il y a des concessions à faire ma chérie. Certes avant lui, tu n'avais que la société pour combler le vide dans ta vie, mais aujourd'hui il est là et tu dois lui faire une place. Prends exemple sur Paul et moi, nous avons des carrières très prenantes et pourtant, nous nous efforçons d'être ensemble le plus souvent possible.
— C'est plus facile à dire qu'à faire. On est toujours en désaccord, ça en devient éreintant moralement, parfois je me demande pourquoi on reste ensemble.
— Tu te trompes, rien n'est gagné d'avance. Néanmoins, si tu ne fais pas d'effort, votre histoire ne fera pas de vieux os.
Mary quitte mon bureau une demi-heure plus tard, j'essaie de me plonger dans mes dossiers sauf que je n'y parviens pas. La dispute que j'ai eu avec Léo, puis la longue discussion échangée avec ma sœur ne cessent de me faire cogiter. Je devrais être un peu plus indulgente avec lui si je ne veux pas le perdre. Pour cela, je vais devoir réduire mes heures de travail, ce qui risque d'être compliqué puisque je ne veux pas déléguer mes fonctions. Pourtant pour m'octroyer d'agréables moments en compagnie de mon petit ami, je ne vais pas avoir le choix. Résolution prise, j'attrape mon téléphone et tape un rapide message que je lui envoie. J'attends sa réponse qui tarde à arriver et commence à m'inquiéter. Les derniers mots qu'il m'a crachés ce matin résonnent inlassablement dans ma tête, je prends conscience que je l'ai peut-être fait fuir avec mes conneries. Je tente de l'appeler et n'obtiens aucun résultat. J'imagine tout et n'importe quoi le concernant, ce qui n'arrange rien à mon état d'anxiété.
Je survole mes dossiers, sans vraiment être à cent pour cent dans ce que j'entreprends. Olivia ma secrétaire m'avertit que mademoiselle Bell, son agent et son avocat patientent dans la salle de réunion. Je zieute une dernière fois mon portable en espérant un appel de Léo, puis après quelques minutes à attendre inutilement, je quitte mon bureau et ma rends en salle de réunion où mademoiselle Bell, notre nouvelle égérie attend. Elle incarne parfaitement la gamme de produit Body perfect, elle est magnifique. Ses cheveux bruns ondulés cascadent dans son dos, ses yeux sont d'un bleu translucide, d'ailleurs, quand je la contemple de près, je perçois un lagon dans son regard. Elle a de jolies courbes qui doivent rendre les hommes fous alliés, un teint parfait sans aucune imperfection, des jambes sacrément élancées. Enfin pour faire court, cette femme est la perfection incarnée. Après une bonne heure de débriefing, nous sortons de la salle de réunion. J'avertis mademoiselle Bell que la soirée de lancement sera grandiose puisque la compagnie Harper a sorti le grand jeu pour éblouir les invités.
— Roxanne, je suis navrée de te déranger, s'excuse ma secrétaire un brin gênée par son intrusion. Il y a un homme qui fait le pied de grue devant la porte de ton bureau depuis plus d'un quart d'heure. J'ai tenté de lui expliquer que tu étais en réunion et que celle-ci pouvait s'éterniser avant qu'il puisse s'entretenir avec toi, mais il a refusé de partir.
— Tu sais de qui il s'agit ?
— Je ne l'avais jamais vu auparavant. Il m'a confié qu'il te connaissait bien et que vous étiez plus que de simples amis.
— Il ne t'a pas dit son nom ?
— Euh si ! Où avais-je la tête. J'aurai dû commencer par te décliner son identité.
Il me semble qu'il m'a dit s'appelait Ortega.
— Léo est là !? M'esclaffé-je, surprise de savoir qu'il s'est déplacé jusqu'à mon bureau pour me parler.
— Voilà, c'est ça. Tu veux que j'appelle la sécurité pour le faire partir ?
Quoi !? Non, absolument pas. Je veux le voir, même si j'ai soudainement peur de connaître la raison de sa visite. Pourvu qu'il ne me quitte pas. Un break s'il le souhaite, c'est tout ce que je suis prête à accepter, mais pas question que notre relation se termine à cause de mon entêtement qui finalement n'avait pas lieu d'être.
— Roxanne ?
— Installe-le dans mon bureau et propose-lui un café Olivia. Je termine avec notre mannequin et j'irai le rejoindre.
— Non, pas la peine ! Objecte mademoiselle Bell. Je vais vous laisser. Je dois partir, alors ne faites pas attendre votre ami. On se voit demain matin pour la séance photo. Annonce-t-elle en quittant les lieux d'un pas rapide, avant même que je puisse la saluer.
Impatiente et à la fois anxieuse de retrouver celui qui fait chavirer mon cœur, j'accélère ma course et manque de m'étaler comme une crêpe devant la porte de mon bureau, fort heureusement deux bras puissants me rattrapent et m'évitent la catastrophe. Olivia ricane dans mon dos, ce qui a le don de m'agacer.
— Arrête de faire la dinde et remets-toi au travail !
— Bien mademoiselle Harper.
— Et qu'on ne me dérange pas Olivia. Je ne suis là pour personne jusqu'à nouvel ordre.
— Madame est autoritaire ! S'exclame Léo en chuchotant au creux de mon oreille. Il va falloir remédier à cela puisque tu devrais savoir que le patron c'est moi.
— Répète un peu pour voir ! Il me semble que tu as pourtant devant toi la future PDG de la compagnie Harper. Ici, c'est moi qui décide, en dehors je te l'accorde, c'est toi le boss.
Il me tire à l'intérieur de mon bureau, me colle brusquement contre le mur puis encercle ma tête de ses grandes mains qui... Non Roxanne ! Ne pense pas à ça me sermonné-je, alors que Léo me scrute avec appétit.
— J'ai envie de toi. Soufflé-je avec malice, tandis que mon audace me pousse à le caresser au travers de son pantalon.
— Stop ! On ne peut pas régler nos différents en baisant comme si de rien n'était Roxanne.
— je sais, j'en ai parfaitement conscience.
Et pourtant cela ne m'empêche pas de retrousser ma jupe pour qu'il découvre que sous le tissu noir, il n'y a rien d'autre que ma nudité.
— C'est déloyal ce que tu fais ! Comment veux-tu que je résiste à l'envie de te prendre maintenant, alors que je suis venu ici pour avoir une discussion avec toi.
— On causera je te le promets mais là j'ai vraiment envie de te sentir en moi. Avant toute chose, laisse-moi verrouiller la porte.
— Hors de question ! Tu veux faire la rebelle, dans ce cas, assume ! S'exclame-t-il en frottant son érection contre mon bas-ventre. Ne verrouille pas cette fichue porte ou je te laisse choir.
Je ne résiste pas et consens que ses mains partent à la conquête de mon corps. Mon chemisier et mon soutien-gorge ne sont qu'un infime obstacle pour l'expert qui se trouve face à moi. Mes doigts se perdent dans ses cheveux soyeux, ma tête bascule en arrière lorsqu'il saisit à pleine bouche les pointes tendues de ma poitrine. Malgré moi, les gémissements que je tente de contenir pour ne pas alerter mes collègues se dérobent d'entre mes lèvres et viennent combler le silence que je tentais de conserver. Il m'embrasse, me lèche sans que je ne puisse bouger, ou même objecter. Saisissant mes cuisses avec dextérité, Léo cogne l'entrée de mon intimité de son sexe bandé avant que je ne le supplie de combler le vide qui sommeille en moi. Je suffoque, surprise que son intrusion se fasse brutale. Le temps se fait long avant qu'il ne se mette à nouveau en mouvement. Je remue des hanches afin qu'il accélère la cadence, hélas, monsieur est bien décidé à me faire languir pour ma désinvolture. Je peste et l'intime de me faire l'amour sauvagement s'il veut que je l'accompagne en week-end.
— Du chantage, tu es sérieuse !?
— Absolument Ortega ! Tu m'auras tout à toi durant deux jours entiers si tu me fais jouir expressément.
— Tu es dure en affaires. Mais si c'est ce que tu désires, accroche-toi poupée puisque tu vas décoller.
***
Il s'avère que Léo ne mentait pas. Une fois de plus, j'ai touché les étoiles. Collés l'un à l'autre, les corps tremblants, Léo dépose ses lèvres sur les miennes et m'ordonne d'aller m'asseoir pour qu'on puisse régler notre différend. Je lève les yeux au ciel et me résigne à faire ce qu'il me dicte lorsque je croise son regard revolver. Habituellement ses prunelles m'envoûtent, sauf que là, elles me tétanisent.
— Mange Roxanne. Il présente un croissant à l'entrée de ma bouche. J'ouvre et croque un bout de cette délicieuse viennoiserie. Je déguste chaque morceau sans dire un mot, et puis je finis par parler :
— Je suis désolée pour ce matin. Tu as raison, je passe trop de temps derrière ces quatre murs au lieu de profiter de toi. Je vais essayer de lever le pied, mais ne me demande pas la lune. Je ne peux m'écarter trop souvent, ni trop longtemps de mon bureau, cependant je promets de faire des efforts. D'ailleurs si ta proposition tient toujours, j'aimerais t'accompagner ce week-end. Enfin si tu veux toujours de moi bien sûr.
— Excuses acceptées mademoiselle Harper ! Ne prévois pas une tonne de fringues. Là où je t'emmène, tu passeras la majeure partie de ton temps dénudée. À présent, boutonne ton chemisier correctement si tu ne veux pas que ton personnel se pose des questions sur ton allure débraillée. Je dois partir. Je t'invite à dîner ce soir. Je passerai te prendre vers vingt heures. Fais-toi belle, mais pas trop ! Je ne voudrais pas avoir à me battre avec le serveur s'il te reluque d'un peu trop près.
— Quel dommage ! Je rêvais de voir tes muscles se contracter pour une fois. Mais rien que pour toi, je porterai de la lingerie fine sous une toile de jute.
— Parfait ! Dans ce cas, il me tarde de te retirer tes fringues. Annonce-t-il avant de partir en sifflotant sous les regards affamés de mes collègues qui doivent probablement me jalouser de m'envoyer en l'air avec un tel spécimen.
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The soul of desire
RomanceLorsque Léo apprend qu'on lui a menti durant plus de vingt ans et qu'il surprend sa petite amie dans les bras d'un autre, c'est le coup grâce pour ce jeune homme au cœur tendre qui voit alors sa vie partir en fumée. Trompé, blessé et rongé par la co...