Chapitre 11. Léo

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Fin Octobre 2014

L'euphorie me gagne peu à peu lorsque je pénètre à l'intérieur du club le plus branché de la ville pour y faire la fête avec mon ami West. Et pourquoi ne pas choper une ou deux nanas pour finir la soirée en apothéose. Les effluves des femmes en chaleur qui émanent de leurs corps luisant de sueur me titillent les narines et réveillent celui que je nomme Léo junior. Je réajuste la bête dans mon pantalon puis déambule à travers les corps pour finalement retrouver celui que je cherche, installé à notre table habituelle en charmante compagnie. Le Sea, Sex and Sun est l'endroit préféré des jeunes New-Yorkaises en quête de testostérone. Elles racontent à qui veut bien l'entendre qu'elles s'y rendent pour boire un verre entre copines, mais la vérité est toute autre. Une fois à l'intérieur de la boîte, elles tombent le masque de la parfaite sainte-nitouche puis deviennent des prédatrices en chasse. Certaines n'hésitent pas à se donner en spectacle en se trémoussant, se caressant les parties intimes devant des hommes puant le fric à plein nez juste pour obtenir les faveurs de ces pigeons qui allongent les billets sur la table en espérant obtenir une petite récompense pour leur générosité. Je m'approche de mon pote, lui offre une tape sur l'épaule pour l'avertir de mon arrivée puis me tourne enfin vers la rousse qui l'accompagne pour faire les présentations.

Oh putain !!  C'est l'unique mot qui me vient lorsque je la fixe droit dans les yeux. Elle a un œil qui dit merde à l'autre. Je n'ai qu'une seule envie à cet instant, c'est de partir en courant pour m'esclaffer. La pauvre fille, c'est à se demander si elle te reluque toi ou le voisin.
Sacré West ! Il n'est pas difficile sur la marchandise.
Une fille comme elle, est impossible à prendre en missionnaire à moins de lui foutre un foulard sur les yeux pour éviter de croiser son regard. J'espère qu'il sera assez saoul pour le faire, à moins qu'il ne la prenne en levrette, ce qui serait le choix le plus judicieux. Fifi Brin Dacier me sourit et se présente.

— Nelly, enchantée.

— Léo, répondis-je en m'asseyant à côté de West sur le sofa en cuir noir.  Tu n'as pas perdu de temps ajoutais-je en direction de mon ami. J'ai quelques minutes de retard et toi tu as déjà chopé une jolie poupée.

Le gloussement de la rousse me vrille les tympans, si elle croit que je pense qu'elle est baisable, elle se fourre le doigt dans l'œil.

— Je passais le temps avec Kelly me confie mon pote.

— Nelly ! Le corrige-t-elle.

— Quoi ? Kelly ou Nelly c'est pareil, non !? Pour une lettre tu ne vas pas chipoter. Je n'ai pas besoin de savoir ton prénom pour te sauter.

Pour toute réponse, la bigleuse se met à rire faussement. Elle semble blessée par les propos de West, ce que je peux comprendre. Il a fait fort, lui qui habituellement met les formes pour parler aux femmes, pour le coup il a vraiment merdé. Elle me ferait presque de la peine si j'avais la moindre sympathie pour elle, malheureusement ce n'est pas le cas, je me fous de ce que West peut lui dire, elle n'est pas mon amie.

— Comment se fait-il que tu as presque une heure de retard ?

— Paye-moi un verre et je te raconte.

— Hé ma jolie ! Tu pourrais aller nous commander deux whiskys secs s'il te plaît ?

— Bien sûr, dit-elle en se levant et en réajustant sa micro jupe blanche qui laisse entrevoir qu'elle ne porte pas de culotte en dessous.

Une fois Nelly partie, je me rapproche de mon pote et lui décolle une baffe derrière la tête.

— T'es malade Léo !

— C'est quoi cette nana ? Elle a sacré strabisme et ce n'est pas tout. Je viens de voir la moumoute qui recouvre son entrecuisse. Putain West, tu régresses !

— Hein !? Une moumoute ? Tu veux dire qu'elle a un paillasson sous la jupe.

— C'est bien pire, je dirais que c'est la forêt amazonienne. Si tu veux la tirer, trouve un taille-haie en urgence, tu risques de te perdre là-dedans.
— Je m'en branle. Je ne lui boufferai pas le minou et puis c'est tout.

— Tu es dégueulasse !  Regarde autour de toi, tu as l'embarras du choix, pourquoi t'emmerder avec cette gonzesse !?

— J'n'en sais rien, mais j'aime bien sa bouche à pipe. À la première occasion, je l'emmène dans les toilettes. Elle me suce puis je l'éjecte. Après j'irai à la chasse.

J'éclate de rire, West est un grand malade mais je l'adore.

— Alors ce retard, tu m'expliques.

— Je me suis perdu.

— Tu connais la route par cœur, ne te fous pas de ma gueule. La vérité Léo ou je ne te lâche pas.

— Je te jure, je me suis perdu... dans ma tignasse avoué-je en riant. J'ai mis des heures à coiffer mes cheveux. Regarde cette longueur, mes doigts se sont égarés dedans. Il m'a fallu la moitié d'un pot de gel pour dompter toute cette masse brune.

— Arrête de te faire chier avec ta perruque, coupe tout comme moi. Me conseille mon ami en passant sa large paluche sur son crâne rasé de près.

Nelly revient avec les deux verres, je la remercie avant de l'avaler d'un trait. Le liquide ambré me brûle la gorge, j'attrape celui de West et l'ingurgite avant qu'il ne trempe ses lèvres dedans. Il rouspète et redemande à la rouquine d'aller chercher la rincette. La cruche s'exécute. Le deuxième whisky avalé me donne le courage d'aborder un sujet important avec mon ami.

— West, tu as déjà fait un plan à trois ?

— Quelle question ! Oui et toi ?

— Ouais avec deux filles.
— Tu n'as jamais essayé, deux mecs, une nana ? C'est le top mon pote, tu devrais tester. À moins que tu ne veuilles le faire qu'avec des hommes. Dis-moi Léo, tu es bi ? C'est ça !?

— Tu délires, enfoiré, je n'ai rien contre les gays, je ne suis attiré que par les femmes.

— Bah explique-moi pourquoi ça t'intéresse. Tu veux baiser la rousse avec moi ?

— Arrête tes conneries, laisse tomber ma question était débile.

— Ortega ! Crache le morceau... tout de suite !

Par où commencer, pas facile de demander à mon meilleur pote de participer à un plan à trois avec une de mes clientes. Même si West est Escort à ses heures perdues, je me sens mal à l'aise de lui parler de ça.

— J'ai une cliente qui cherche deux mecs pour la satisfaire. Elle souhaite que je participe à cette expérience et me laisse libre choix pour trouver le second partenaire. Hors à part toi, je ne vois pas avec qui je pourrais le faire.

— Combien ?

— Les tarifs sont négociables, elle est prête à mettre jusqu'à dix mille.

— Je suis partant. Par contre Léo, négocie les tarifs à la hausse. Je pense qu'après ça, on va avoir besoin de consulter un psy ! S'esclaffe-t-il en me tapant sur l'épaule.

— Crétin ! Tu es partant alors ? Je te préviens Marjorie est très exigeante, nous ne devons pas la décevoir.

— Elle risque d'en prendre plein les mirettes ta cliente, surtout quand je te tripoterai le moineau.
— Garde tes mains dans les poches, tu ne me touches pas où je te jure que je te coupe les couilles.
— J'n'ai pas envie de baiser avec toi, je te fais marcher et toi comme un con tu cours. J'aime trop les chattes pour m'intéresser aux queues.

— Je vois avec ma cliente pour l'organisation et je te tiens au jus. Bon, ce n'est pas le tout mais j'ai soif. Elle fout quoi ta nana ?

— J'n'en sais rien et je m'en tape. Je vais aller chercher mon verre moi-même. Regarde la belle brochette de nanas qui se trémoussent sur le comptoir. La blonde a un putain de cul, et les deux brunes ne sont pas à jeter non plus. Elles ont l'air d'avoir le feu à l'arrière train. Ma lance va se charger de les arroser pour les refroidir un peu. Tu viens ?

— Je te laisse jouer les apprentis pompiers. Je vais aller fumer une clope dehors et je te rejoins après.

— Je m'en fais une des trois ! On parie cent billets ? Me propose mon pote.

— Pari tenu connard ! Conclue-je en lui serrant la main.

West se lève puis marche en direction du comptoir bondé de mâles qui acclament les trois bombasses qui offrent un show des plus sexy sous leurs sifflements. J'avance vers la sortie et tombe nez-à-nez avec la rousse de West qui file à toute allure en dehors du bâtiment.

— Hé ! Ça va ?

Nelly tient fermement sa veste contre sa poitrine, ses yeux sont remplis de larmes. Des zébrures de maquillage maculent ses joues, elle semble avoir chialé.

—Tu as pleuré ? Quelqu'un t'a fait du mal ?

— Ton ami est une ordure ! Crie-t-elle avant de me fuir.

Qu'est-ce-que West a encore fait ? Cet imbécile a dû être cruel avec elle pour qu'elle réagisse comme ça.

Je franchis le seuil du club puis me retrouve sur le trottoir. Je saisis mon paquet de cigarettes, en allume une puis inhale la fumée, adossé contre un mur. Le bourdonnement dans mes oreilles se calme, la musique est bien trop forte à l'intérieur pour y rester plus de quelques heures sans faire une pause à l'extérieur. Je contemple le vieux bâtiment qui se trouve en face à l'abandon. Je jette ma clope et foule le bitume en direction de cet immense mur de brique rouge. Une pancarte affiche que le local est à céder, je commence à me dire que l'endroit serait propice pour mes futurs projets. Être Escort me plait beaucoup, cependant tôt ou tard je devrais raccrocher et penser à mon avenir. Certes, je n'ai que trente et un ans mais les années qui passeront me feront défaut auprès de la gente féminine.

Les quelques gouttes de pluie qui s'amoncelaient deviennent beaucoup plus fortes, je rebrousse chemin et m'engouffre à nouveau dans le club. J'essaie de repérer West en direction du bar, hélas il n'y a plus personne. Les trois nanas qui se donnaient en spectacle ont disparus. J'erre jusqu'à ma table en espérant retrouver mon ami, cependant elle est déserte. J'attends patiemment comme un con le retour de mon meilleur pote. Les minutes passent, je perds mon temps et décide de rentrer puisque mon cher ami m'a faussé compagnie pour tirer son coup. À peine ai-je eu le temps de lever mes fesses du sofa que je vois le lâcheur revenir avec la blonde du trio. Son visage ne m'est pas inconnu, malheureusement je n'arrive pas à me souvenir de cette fille.
— Léo ! Quelle bonne surprise ! Ça fait plaisir de te revoir me sourit-elle avant de me claquer une bise.

— Euh ! Salut.

— Tu ne te souviens pas de moi, pas vrai !?

— Pas vraiment, je suis désolé. On a déjà couché ensemble ? Proposé-je à tout hasard.

La blonde s'époumone et s'étouffe en avalant sa salive.

— Non, je m'en serai souvenue beau gosse. Barbara, l'amie de Roxanne. Tu te souviens, tu l'accompagnais au gala du dragon.

— Ooooh bien sûr ! Barbara comment vas-tu ?

— Ça va très bien surtout depuis que j'ai rencontré ce bellâtre qui me promet une nuit de folie.

— Je vais vous laisser tranquille dans ce cas.

— Mais non, West attendra pour faire de moi son encas. Pas vrai mon chou !?

Celui-ci baragouine deux trois mots à l'oreille de Barbara qui glousse comme une adolescente.

— Viens avec nous prendre un verre, Mary et Roxy sont attablées par-là me montre-elle en tournant son regard en direction du fond de la salle, dans le coin V.I.P Elle sera ravie de te revoir.

— Pardon ? Fis-je étonné.

— Roxanne, voyons. Tu sais bien que Mary est mariée et qu'elle n'a d'yeux que pour Paul.

Je fais quoi face à cette révélation, j'y vais, je n'y vais pas. Je suis surexcité de pouvoir revoir cette magnifique brune qui m'a chamboulé l'espace de quelques heures et une autre partie de moi, me sermonne de la laisser tranquille. Roxanne est une femme inaccessible, je ne ferai pas d'elle un énième plan cul, elle mérite mieux qu'une nuit de sexe.

— Je pense que je vais rentrer, tu la salueras pour moi.

— N'importe quoi ! Tu ne vas pas faire ta poule mouillée, juste un verre et après tu pourras partir.

— Ok, juste un alors.

À défaut d'être une fille à baiser une seule fois, Roxanne pourrait devenir mon amie. Nous nous étions plutôt bien entendus au gala, alors une amitié entre nous est je pense fort possible. Il y'a beaucoup d'hommes et de femmes qui sont amis alors pourquoi pas nous. Parce que moi-même je n'y crois pas, je sais que lorsque je verrai Roxanne, mon cerveau s'embrouillera et que Léo junior me fera défaut. C'est bien connu, les hommes ont une bite à la place du cerveau.

— Dans ce cas, allons-y ! J'en connais une qui va être surprise de te revoir.

Et moi donc... marmonnais-je en contenant l'énorme sourire qui se fend sur mon visage.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant