Chapitre 61. Pdv Inconnu

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Jour J
18 heures 15

Jusqu'où une personne est-elle prête à aller par amour ? Ne dit-on pas que l'amour est plus fort que la raison !?

Nombreux sondages démontrent qu'un individu tout sexe confondu est capable de tout ou presque par amour.
Certains subissent des violences physiques et ou psychologiques sans oser se plaindre.
Ceux ou celles qui préfèrent fermer les yeux sur l'adultère du conjoint par honte, et par peur de l'abandon.
Puis d'autres iraient jusqu'à se donner la mort et bien plus encore en retirant la vie à quiconque pourrait nuire à leur bonheur. 
En ce qui me concerne, je fais partie de celles qui écrasent les nuisibles, qui se débarrassent des personnes encombrantes, qui me pourrissent la vie. Je suis une femme qui obtient tout ce qu'elle veut... absolument tout. Je sais me montrer très persuasive quand cela est nécessaire. Et croyez-moi, je sais y mettre les formes. Je peux m'avérer être sans scrupules pour parvenir à mes fins. Le chantage et la manipulation sont des armes infaillibles !  Aujourd'hui est un moment très spécial, je vais enfin obtenir ce que j'ai toujours convoité et ce depuis des années. 

Dans quelques heures, je mettrais mon plan à exécution afin de reprendre ce qui me revient de droit... Léo... MON Léo. Je n'ai jamais pu l'oublier, je m'y refusais. Il m'appartient ! Il a toujours été à moi... rien qu'à moi. Et je compte bien le récupérer.
Toute cette attente, durant des années, des semaines, des mois n'a fait qu'accroître mes sentiments pour lui. Ils ne se sont jamais essoufflés et pourtant j'ai tout mis en œuvre pour tenter de l'oublier, mais rien n'y fait ! Il incruste mes pensées à longueur de temps.
Je regarde s'écouler chaque minute qui passe et qui me rapproche de mon objectif : éliminer cette garce qui se pavane au bras de mon Léo... Cette salope de Roxanne. Lorsque je l'aurai abattu comme un chien, elle ne sera plus qu'un lointain souvenir. Une poussière emportée par le vent. Elle ne nous mettra plus de bâtons dans les roues. Envolé la brunette ! 
J'ai minutieusement peaufiné durant des mois les détails de ma vengeance, rien ne pourra échouer, et surtout pas le plan infaillible que j'ai répété à de nombreuses reprises pour qu'il soit parfait.

Assise dans mon fauteuil club en cuir, j'observe une fois de plus le kaléidoscope de lumières qui reflètent sur la paroi du mur de ma pièce secrète tout en jubilant du spectacle qui s'offre à moi. Pas moins de cent clichés de cette catin sont épinglés sur un immense tableau. Roxanne y apparaît sous tous les angles. Restaurant, boutique, voiture, travail, je l'ai épié dans tous ces déplacements et d'ailleurs elle n'a plus aucun secret pour moi. Je connais absolument tout sur ses habitudes... Tout en contemplant mon chef d'œuvres, j'assure à voix haute :

— Ah Léo, mon amour, je promets de venir te libérer de cette conne, qui te pourri la vie. Tu verras, on sera bien tous les deux réunis. Je te demande de me faire confiance et de croire en moi. Bientôt, nous nous aimerons comme au premier jour, et reprendrons là où nous nous en étions arrêtés. On sera heureux, je t'en donne ma parole. M'exclamé-je en serrant contre ma poitrine la plus belle photo de mon homme que j'ai pris à la dérobée lors de son footing. Il est si parfait et à moi.

Sur le cliché, on aperçoit les muscles saillants de son torse qui épousent à la perfection son léger débardeur blanc trempé par l'effort. Son magnifique sourire me fait toujours autant craquer, ses cheveux en bataille où je rêverais d'y glisser mes doigts à nouveau et ses yeux émeraude où je plonge sans avoir peur de m'y noyer.
Léo est une œuvre d'art. Je l'adule, le vénère et l'aime à en avoir mal, à en éprouver de la folie ! Une folie meurtrière.
Vous pensez que je suis cinglée ? Peut-être, mais seulement d'amour.
Jamais je n'ai connu pareil sentiment, ceux que j'éprouve pour lui sont indéfinissables, inqualifiables tant ils sont puissants. Léo est la lumière dans mon obscurité, la force dans ma faiblesse, la gentillesse dans ma colère et l'oxygène que je respire. Sans lui je ne suis rien, juste une coupe à moitié pleine. Depuis des années, je survis sans lui mais cela est bientôt terminé.
Je repose le cadre que je chérissais contre mon cœur et me saisis de l'arme que je vais me servir pour exécuter Roxanne. J'ai pensé à beaucoup de choses avant de jeter mon dévolu sur un pistolet.
Dans un premier temps, je voulais la séquestrer, la torturer à petit feu en lui faisant les pires sévices. Je voulais la taillader, lui arracher les ongles, lui crever les yeux, lui couper la langue, enfin je voulais vraiment lui faire payer le prix de ma souffrance. Et puis après réflexion, cela me prendrait trop de temps et j'en avais déjà assez perdu en étant loin de Léo. J'ai pensé à l'égorger comme un porc, à la poignarder, mais l'idée de nettoyer tous les résidus de sang me filait la nausée et puis avouons-le, c'est trop salissant. Alors je me suis rabattue sur quelque chose de plus rapide et efficace pour effectuer la sale besogne. Un joli petit flingue déniché dans la rue pour quelques dollars à un vendeur à la sauvette. Il m'a assuré qu'il était chargé, que le barillet était plein et que le numéro de série avait été effacé pour brouiller les pistes au cas où mon plan ne se déroulerait pas comme prévu. Sauf que cela est impossible. 

Ce soir je m'introduirais dans cette salle d'exposition aux bras d'un homme charmant que j'ai croisé quelques fois lors de soirées accompagnant d'autres femmes et qui pourtant me faisait les yeux doux. Il m'a été facile de le convaincre de m'y emmener, une fellation et la promesse de plus en fin de soirée ont joué en ma faveur.

Qu'il est stupide ! Tous les hommes le sont.  Ils ne pensent qu'avec leur queue, sauf Léo qui est beaucoup plus intelligent et qui vaut mieux que cela.

Une sonnerie interrompt mes pensées et mes idées noires. Je fourre le pistolet dans ma pochette en prenant grand soin de vérifier que le cran de sûreté soit bien enclenché. Je jette un dernier coup d'œil à ma tenue. Je suis parfaite dans cette petite robe noire qui habille mes courbes délicieuses et auxquelles Léo ne résistera pas. Je sors de mon antre, le verrouille à double tour avant de cacher la clé dans une petite boite en bois exotique. De nouveau, le carillon retentit, je lorgne à travers le judas qu'il s'agit de mon pion. Une ultime contemplation dans le miroir, je saisis mon étole sur le porte manteau et la glisse sur mes épaules découvertes. Je me tourne une dernière fois en direction de la petite étagère de bois où siège une énième photo de Léo que j'embrasse. Je la remets en place et avant de quitter mon appartement, je lui murmure en souriant :

— J'arrive mon amour, je ne suis plus très loin. Si tu savais comme je suis excitée à l'idée de te revoir Léo. C'est ce soir que tout s'arrête pour Roxanne, et où tout recommence pour nous ! La tuer va être une vraie satisfaction et un réel soulagement. Que la fête commence.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant