Chapitre 52. Roxanne

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Fin Janvier 2015

— Tu me rends dingue à t'agiter dans tous les sens ! Si tu pouvais rester immobile ne serait-ce qu'une toute petite minute, tu nous rendrais grandement service Roxanne. Bougonne Léo qui me scrute d'un mauvais œil adossé contre le mur du salon.

Qu'il est drôle ! Il a mangé un clown à midi pour être aussi con. Comment rester stoïque, calme, alors que mes parents arriveront dans quelques minutes pour partager le dîner avec nous. Cela m'est impossible, je suis bien trop stressée et angoissée à l'idée de leur annoncer nos fiançailles. Seront-ils heureux pour nous... Trouveront-ils que la date que nous avons arrêtée pour le mariage est précipitée ? Trop de questions qui ne cessent de faire monter la température de mon trouillomètre.
Mon père sera enchanté pour nous, j'en suis même certaine, d'autant plus qu'il apprécie Léo et qu'il le considère déjà comme son gendre. Hélas, tout ne pourra être parfait, puisque concernant le dragon nous avons du souci à nous faire. Le passé de mon fiancé lui est resté en travers de la gorge, ce qui peut se comprendre. Moi-même, j'ai eu beaucoup de mal à vivre cette situation, mais ce que je crains le plus, c'est lorsqu'elle apprendra que nous lui avons menti sur l'existence des parents de Léo. Je n'ose imaginer sa réaction qui risque d'être cataclysmique. Jusqu'à maintenant, nous avons su garder le silence, mais à présent, ce n'est plus possible de taire ce secret de famille. Nous devons révéler toute la vérité.

— C'est facile à dire pour toi ! M'énervé-je en jetant le chiffon sur la table basse. Tu oublies que ma mère va inspecter minutieusement chaque recoin de la maison. Je t'assure que si elle trouve un seul grain de poussière, elle va piquer une crise de nerfs à en faire pâlir un mort.

— Regarde autour de toi Rox, tout est nickel. Tu briques la maison depuis des heures, c'est tellement propre qu'on pourrait manger à même le sol.

— Possible, mais on n'est jamais trop prudent. Il y a fort à parier qu'elle n'appréciera pas notre union, alors je dois faire mon maximum pour arrondir les angles afin d'éviter une énième critique de sa part.

— Comme tu voudras. De toute façon, rien de ce que je pourrais dire ne te fera changer d'avis. Ce que tu peux être bornée. Je retourne à la cuisine si tu me cherches.

— C'est ça, bouge ! Va surveiller la cuisson de ton civet de lapin. Il ne faudrait pas que tu fasses cramer le dîner, sinon...

— Sinon quoi !? Me coupe-t-il sèchement. Tu crois que j'ai envie de foirer le repas pour que tu me gueules dessus durant des jours. Tu peux toujours courir, ça n'arrivera pas. Tout sera parfait madame l'insatisfaite, je te le certifie !

Léo disparaît de ma vue, je me sermonne en me répétant que je suis une imbécile de m'en prendre à lui alors qu'il ne le mérite pas. Il essaie d'être rassurant et tout ce que je trouve à faire, c'est le provoquer en jouant les emmerdeuses.
La sonnette retentit, le bruit strident me coupe le souffle, me paralyse sur place. Je suis pétrifiée au beau milieu du salon avec mon chiffon à la main. Léo se précipite à mes côtés, saisit le vieux morceau de tissu que je serre entre mes doigts, arrange mes cheveux d'un geste précis et m'embrasse sur le front pour me donner du courage.

— Ça va aller mon cœur, je serai là quoi qu'il arrive.

Je souris faussement lorsque mes parents font leur entrée au côté de mon futur mari. Léo paraît si serein alors que moi je tremblote comme une feuille que le vent tente de chasser de sa branche. Mon père aborde un sourire radieux. Il en est tout autre pour le dragon... lèvres pincées, visage fermé, regard méprisant qui me contemple de près.
Tu peux le faire. Tu es une femme forte. Complimente là sur sa nouvelle coupe de cheveux. Tu gagneras sûrement des points. Primo : l'amadouer. Deuzio : me boucher les tympans quand elle hurlera sa colère. Et Tertio : fuir... oui fuir loin du continent américain.

— Bonsoir. Vous arborez une nouvelle coupe mère ? J'aime beaucoup, cela vous rajeunit.

— Bonsoir ma chérie, oh tu trouves ?

— Absolument ! Votre coiffeur a fait des merveilles.

Arrête de fayoter Rox, tu vas te faire démasquer, n'oublie pas que le dragon est très perspicace. Elle connaît la supercherie, je l'ai déjà que trop utilisée.

— C'est charmant chez vous. Certes un peu trop masculin, mais je suppose que tu n'as pas encore apporté ta touche féminine Roxanne.

À dire vrai, j'aime beaucoup la décoration de notre cocon. Léo a fait de l'excellent travail, alors pourquoi faire des changements inutiles.

— C'est vrai, tout est typiquement masculin, mais je me plais dans ce décor, alors je n'y vois aucun inconvénient.

— Bienvenues chez nous. Asseyez-vous, je vous en prie. Propose Léo. Je vais ouvrir une bouteille de vin à la cuisine.

Mon homme m'abandonne aux mains du dragon, mon père quant à lui s'est éclipsé pour aller se réchauffer devant le feu de cheminée.
— Alors pourquoi cette soudaine invitation. Je t'écoute Roxanne. Qu'as-tu à dire ?

— Hein ! Je ne vois pas de quoi vous voulez parler mère.

— Nous ne sommes pas ici par hasard, je ne suis pas idiote pour croire que tu nous fais venir chez toi sans aucune arrière-pensée.

Merde ! Merde ! Et merde ! Grillée !
Je savais qu'elle ne croirait pas en une requête désintéressée. Qu'est-ce-que je peux répondre à cela, et Léo qui met un temps fou à revenir ne m'arrange guère. Quelle panade !

— Je...

— Rouge ou blanc ? Propose mon compagnon qui fait irruption au bon moment. Je lui dois une fière chandelle sur ce coup-là. Je ne me voyais pas lui annoncer de but en blanc la date de mon mariage.

Léo verse les différents vins dans nos verres respectifs puis reprend place à mes côtés. Mon père me jauge avec ce petit sourire espiègle que je ne lui connais que trop bien. Il sait. Je suis certaine qu'il connaît la raison de cette invitation. Cependant, il se contente de boire en silence. Je tords mes doigts dans tous les sens à m'en faire craquer les articulations, puis j'inspire un grand coup et lâche enfin le pavé dans la mare.

— Je tenais à...

— Nous tenions. Me reprend Léo.

— Oui, tu as raison mon chéri. Père, mère, Léo et moi tenions à ce que vous soyez présents pour vous annoncer une grande nouvelle. Nous allons nous marier cet été.

— Pardon ? Ai-je bien entendu ? Tu veux te marier avec ce... Dit-elle en adoptant son air le plus dédaigneux que je lui connaisse. Ma pauvre fille, tu es tombée sur la tête ! De mon vivant, je n'autoriserai pas ce mariage. Te rends-tu compte de la honte que tu jetteras sur notre famille en épousant ce gigolo ? Nous sommes des gens respectables et respectés Roxanne, pas de vulgaires inconnus.

Qu'est-ce que je disais... Ça commence bien. Je savais qu'elle n'accepterait pas si facilement la nouvelle, mais là, c'est pire que tout ce à quoi je m'imaginais. Ma mère est furieuse, méprisante, hargneuse, elle crache son venin sans que je ne puisse réagir.
La main de Léo se resserre sur la mienne avec force, j'encaisse les coups pour lui, pour nous et ne veux pas m'effondrer devant le dragon. Je ne lui ferai pas ce plaisir... pas cette fois. Je suis amoureuse et heureuse. Léo est un homme merveilleux, bienveillant, charmant, drôle, parfois un peu macho et arrogant, mais c'est comme ça que je l'aime. Si ma mère ne le comprend pas, alors elle devra se tenir éloigné de ma vie.

— Rosa ! Ça suffit. La somme mon père. Tu devrais te réjouir de cette nouvelle et non monter sur tes grands chevaux. Roxanne est assez grande pour savoir ce qu'elle veut faire. Léo est un homme bien, poli et gentil. Il rend notre fille heureuse. Et cesse d'incriminer ce pauvre garçon. Laisse le passé où il est, compris. Ce qu'il a pu faire autrefois ne regarde que lui, et personne d'autre !

— Voyons Richard, je te rappelle qu'il proposait des services sexuels à des femmes mariées. Tu as vu ce qu'il s'est passé entre Charles et Marjorie ? Par sa faute nos amis ont divorcé. Combien de couples détruira-t-il encore ? Ce garçon est malsain pour notre fille, c'est tout ce que j'ai à dire. Je refuse cette union.

Je bois chaque mot sans réagir, et pourtant je bouillonne comme un volcan qui s'apprête à entrer en éruption. Les injures que balance ma mère me dégoûtent. Comment peut-elle être aussi méchante avec l'homme qui partage ma vie. Cette mégère est une boule de haine, une sorcière rien de plus. Le bonheur l'insupporte, l'amour l'horripile, qu'aime-t-elle donc au final ?

—  Ca cache quelque chose... Tu es enceinte ? C'est pour cela que tu décides de faire une telle sottise.

— Non, je ne le suis pas mère. Un jour probablement, enfin je l'espère. Cependant, ce n'est pas à l'ordre du jour. Léo et moi en discuterons quand le moment sera venu. Pour l'instant, nous avons un mariage à préparer. Alors avec ou sans votre consentement, j'épouserai cet homme, que ça vous plaise ou non.

— C'est le monde à l'envers ! Mais enfin dis quelque chose Richard ! Elle t'a toujours écouté toi.

— Félicitations les enfants ! Je serai fier et heureux d'accompagner ma fille devant l'autel.  Bienvenue dans la famille mon cher Léo. Je te la confie, prends en grand soin sinon je t'enverrai Mike pour qu'il te botte le derrière. Annonce mon père en offrant une accolade chaleureuse à mon compagnon sous le regard estomaqué du dragon.

— As-tu perdu l'esprit Richard ? Ça sera sans moi ! Je préfère partir que d'assister à un tel spectacle. Je savais que venir ici était une mauvaise idée. Fulmine-t-elle en se levant de son fauteuil.

— Ne partez pas et écoutez ce que j'ai à dire pour ma défense. Vous me jugez sans me connaître Rosa. Je vous rappelle que lorsque vous ne saviez pas les détails concernant mon passé, vous étiez une femme qui m'appréciait beaucoup. Être Escort n'a pas été une partie de plaisir. Cette profession, croyez-moi n'était pas un premier choix, mais plutôt une nécessité. À l'époque, j'étais un jeune homme anéanti par certains événements que je venais de vivre. Ma famille m'avait trahi en me mentant sur mes origines. Mon frère couchait avec ma petite amie, alors je suis parti sans me soucier du chagrin que je causerai à mes parents adoptifs. J'ai fui sans argent, je n'avais rien... absolument rien.

Léo explique à mes parents qu'il passait ses nuits à dormir dans la rue avec pour seule couverture un vieux morceau de carton trouvé dans les poubelles. Il s'alimentait de restes de déchets trouvés dans les containers appartenant aux restaurants, parfois il lui arrivait de bénéficier de la soupe populaire. Alors quand l'occasion d'être riche s'est présentée à lui, il n'a pas réfléchi bien longtemps. L'argent, les soirées huppées, les jolies femmes et le sexe étaient un savant mélange pour suffire à son bonheur selon ses dires.

— Avant Roxanne, ma vie était un immense vide. Je n'étais qu'un idiot qui avait établit des règles pour ne plus tomber amoureux afin de ne plus souffrir. Et puis votre fille a débarqué comme de l'huile sur le feu et elle a su capter mon attention. J'étais en miettes, détruit de l'intérieur et Rox a su me redonner espoir en l'amour et réparer mon cœur. Vous ne vous imaginez pas ô combien elle est merveilleuse. Sans elle, je ne serai pas où j'en suis aujourd'hui. J'aime votre fille comme jamais il ne m'a été donné d'aimer. Roxanne est mon roc, ma stabilité et aussi ma plus grande faiblesse. Je ne lui ferai jamais de mal, je prendrais toujours soin d'elle et la chérirai jusqu'à mon dernier souffle. Mais avant cela Rosa faites nous le plaisir de nous donner votre accord. Que vous ne m'aimiez pas est une chose, cependant je pense que le bonheur de votre fille vous importe bien plus. Ai-je tors ?

— Non, malheureusement, je n'imaginais pas que ma cadette voudrait épouser un ancien gigolo. En tant que parent, nous souhaitons ce qu'il y a de meilleur pour nos enfants. Vous comprendrez un jour... quand vous serez père.

— Je n'en doute pas.

— Donc si je comprends bien, vous prévoyez de vous unir dans quelques mois.

— C'est tout à fait ça. Lui répondis-je pour la première fois depuis qu'elle a ouvert la bouche pour cracher son venin.

— Dans ce cas, il ne reste que peu de temps pour l'organisation. Annonce ma mère qui s'empare de son sac à main pour en sortir stylo et calepin.

Elle annote un tas de gribouillis, je ne sais comment l'arrêter et surtout comment lui annoncer que je ne souhaite pas qu'elle s'investisse puisque je veux tout gérer moi-même.

— Il va me falloir la liste des invités pour que j'établisse les plans de table. Léo, votre famille sera des nôtres ? Et les couleurs que vous préférez... du blanc, du gris, du rose ? D'ailleurs que diriez-vous du château...

— C'est très gentil à vous Rosa de vouloir vous investir, cependant nous préférons faire les choses à notre façon. Pas de tralala, de froufrou etc... Juste un mariage simple à notre image.

— C'est une sage décision que j'approuve totalement. Proclame mon père. Après tout Rosa, c'est leur grand jour, pas le tien.

— Je sais, mais...

— J'aurai besoin de vous pour le choix de ma robe mère. Lui dis-je en posant ma main sur la sienne. Je ne pourrais le faire sans vous.

— J'en suis honorée. Réplique-t-elle les larmes aux yeux. Si tel est ton choix, je tacherai de le respecter. Cela dit, si tu as besoin de mon aide je serai là pour toi.

— Enfin de sage parole, Champagne ! S'exclame mon père. J'espère que vous avez une ou deux bouteilles au frais mon cher Léo. C'est une grande nouvelle que nous devons célébrer.

Mon amoureux acquiesce et part sur-le-champ chercher les petites bulles. Ma mère ne cesse de discuter à propos du mariage durant tout le repas, qui d'ailleurs est excellent. Léo est bien meilleur cuisinier que moi, fort heureusement pour lui. Je ne peux que confirmer mes piètres talents de cuisinière lorsque je suis derrière les fourneaux.
                                                                   ***

Quelques heures plus tard, nous nous retrouvons enfin seuls. Je m'installe près de Léo qui somnole sur le canapé et niche ma tête sur son épaule.

— Finalement, ça s'est plutôt bien passé avec tes parents.

— Mouais. Je savais que ma mère ne se réjouirait pas pour nous, qu'elle mettrait son grain de sel pour tout faire capoter, mais là, elle a fait fort. Heureusement que tu étais présent pour lui parler ouvertement et que mon père la remise à sa place, sans quoi, la guerre était déclarée.

— C'est clair ! Elle m'a estomaqué figure-toi. Un miracle s'est produit ce soir ma chérie. Qui aurait cru qu'elle puisse comprendre les déboires qui m'ont conduit à me prostituer. Honnêtement, je ne pensais pas qu'elle pourrait le faire.

— Moi non plus. Répondis-je songeuse.

— À quoi penses-tu ?

— Rien d'important, ne t'inquiète pas.

— Rox, pas de secrets entre nous.

— D'accord, d'accord. Cédé-je en le regardant droit dans les yeux. Je pensais à tes parents. Je me demandais si tu ne...

— Non Rox, pas encore. Je ne me sens toujours pas prêt. J'ai peut-être tort d'attendre et je le regretterai probablement un jour, mais je ne veux pas qu'ils assistent à notre mariage.

— Si tu changes d'avis...

— Impossible ma puce. Ne compte pas trop là-dessus.

Cela me fend le cœur de l'entendre me confesser tout ça. Je suis persuadée qu'il se fait violence pour ne pas céder. Tant d'années de perdues, de gâchées, qu'il ne pourra jamais rattraper. Je pourrais peut-être accélérer le processus de réconciliation, mais je ne crains que cela vienne empiéter sur notre bonheur. Peut-être devrais-je le laisser faire sans me mêler de cette histoire, après tout c'est à Léo de décider ce qui est bon pour lui.

— Je suis certaine qu'ils te manquent, arrête d'être aussi têtu.

— S'il te plait Rox, arrête de me pousser à faire quelque chose dont je n'ai pas envie.

— Prends le temps d'y réfléchir, mais n'attends pas qu'il soit trop tard. Tu sais que la jeunesse éternelle n'existe pas.

— J'en suis conscient. Dis-moi, depuis quand es-tu dotée d'une telle sagesse.

— Depuis que je suis avec toi. J'apprends à l'être, ce n'est pas facile tous les jours, crois-moi. D'ailleurs, ta future femme n'a pas l'intention d'être sage très longtemps ! M'exclamé-je en grimpant sur ses genoux. Que dirais-tu de faire sortir le petit diablotin qui sommeille en moi ?

— Tu es sérieuse ? Encore ? Tu vas finir par me tuer Roxanne. Te faire l'amour matin, midi et soir est contre-indiqué, c'est mon médecin qui me l'a dit.

— Dans ce cas monsieur Ortega, il va falloir trouver expressément un autre docteur. Parce que voyez-vous, je vais consumer ma vie de jeune fille comme il se doit, et ensuite, je compte consommer mon mariage chaque jour un peu plus que le précédent. Si vous ne pensez pas pouvoir tenir la cadence, je vais être obligé de chercher un autre époux. Lui dis-je en lui mordillant le lobe de l'oreille.

— N'y compte même pas. Je serai le seul à te faire toucher les étoiles.

— Je ne demande que ça. Auriez-vous une preuve à donner à votre future femme ?

— Accroche-toi ma chérie tu vas en avoir besoin.

— Pourquoi donc ?

— Parce que tu vas décoller dans cinq...quatre...trois...deux...un... compte-t-il en me soulevant dans ses bras pour m'amener dans notre chambre.

La promesse de mon homme annonce un voyage exquis jusqu'au bout de la nuit. Et j'admets que cela me ravit de savoir qu'il en sera toujours ainsi. Léo et moi sommes des âmes qui se complètent. Ensemble nous ne formons qu'une seule et même entité et ce pour l'éternité quoi qu'il puisse advenir dans le futur.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant