Chapitre 19. Roxanne

498 47 0
                                    

19 Décembre 2014

— Bouges-toi Rox ! Tu vas avoir le cul rempli d'escarres à rester vautrer sur ton canapé comme une grosse baleine ! Vocifère Barbara qui s'est mis en tête de me sortir ce soir pour me faire oublier mon soit disant coup de déprime.

Ma meilleure amie est à côté de la plaque, je ne dépéris pas, je suis simplement mal en point depuis le mariage de Mick et Carla. Un fichu rhume a eu raison de moi. C'était prévisible que je finisse dans cet état, j'ai séjourné un très long moment sous la pluie après le départ de Léo. Si mon frère n'était pas venu me trouver pour s'excuser du comportement qu'il avait eu avec moi un peu plus tôt, je serais sûrement morte d'hypothermie avec pour seule inscription sur ma pierre tombale :

Roxanne Harper
Fille de Richard et Rosa.
Sœur de Mary et Mick.
Femme et mère de PERSONNE.

Pathétique...

Le robinet qui me sert de nez ne cesse de couler. Les chutes du Niagara ne font pas le poids contre cette cascade de liquide qui s'échappe à grande vitesse de mes narines. Sous le regard dégouté de ma meilleure amie, je me mouche bruyamment puis me blottis de nouveau sous mon plaid rose bonbon en attendant qu'elle déguerpisse.

— Quoi encore ? Demandé-je lorsqu'elle s'agenouille devant moi avec son air de chien battu.
— Juste un verre Rox, ça te fera du bien.

— J'ai dit non Barbara, je suis patraque. C'est la dixième fois que je te le répète.

— Menteuse ! Hormis la truffe rouge, tu n'as rien ! Réplique-t-elle en me jetant un coussin au visage.

L'insistance de mon amie me fait perdre patience, que j'en deviens agressive à son égard.

— Je suis M.A.L.A.D.E ! Lui épelé-je en grognant. Va chercher le thermomètre dans l'armoire à pharmacie et mets-le-moi dans le derrière. Tu verras que je ne mens pas, j'ai au moins quarante de fièvre.

— C'est impossible Rox, je te connais trop bien. Quand tu es souffrante, tu es à l'article de la mort alors que là, tu as encore du répondant.

— Tu sais quoi Barbara. Tu m'emmerdes avec tes accusations, tu me gonfles. Va te saouler la tronche, trouve-toi un mec potable et fais-toi baiser au lieu de rester là à me faire chier.

Barbara se redresse, récupère sa veste et son sac sur la chaise avant de se diriger vers la porte d'entrée. Je me fais la réflexion qu'elle n'abdique jamais aussi facilement, cela ne présage rien de bon pour la suite.

— Reste à te morfondre sur ton canapé et ne viens plus me dire que tu en as marre d'être seule. Tu deviens aigrie Rox, tout le portrait de ta mère ! Vocifère-t-elle en claquant la porte d'entrée. 

Ouille ! Sa réplique me pique à vif. Être la copie de ma mère est inconcevable, il n'y a qu'un seul et unique dragon dans ma famille et il s'appelle Rosa Harper.

Je me débarrasse de mon plaid avant de traîner ma carcasse jusqu'à la cuisine comme un vieux zombie. Mon ventre gargouille, j'ai faim ! Je fouille dans le frigo, récupère le saladier de mousse au chocolat que m'a apporté ma sœur en fin d'après-midi puis m'empiffre de cacao pour soulager mes maux. Je reprends place sur mon nichoir, allume la télévision avant de me recroqueviller en position fœtale. Impossible de suivre le programme qui défile sous mes yeux, ma petite dispute avec Barbara ne cesse de tourner en boucle dans ma tête.
Et si elle avait raison ? Suis-je vraiment en train de devenir comme ma mère ?
J'ai cogité une bonne partie de la soirée sans me rendre compte que le sommeil l'emportait sur mon état mental. Tout ce dont je me rappelle, c'est que je n'avais pas eu le courage de ramper jusqu'à ma chambre pour retrouver le confort de mon lit. À la place d'un matelas douillet, je me suis contentée du canapé et ce matin je le regrette amèrement. Un mal de dos lancinant me paralyse dans mes gestes du quotidien. Je galère à me préparer convenablement afin d'aller bosser. L'heure tourne et je n'ai toujours pas avalé ma dose de caféine. Je presse le pas, me débarrasse du halo de chocolat de la veille qui entoure mes lèvres, efface les traces de mascara qui ont coulés, brosse ma tignasse emmêlée puis attache le tout avec un élastique. Un chignon ainsi qu'un tailleur noir sont de rigueur pour aujourd'hui, ma journée s'annonce morose alors autant rester dans le thème.

Huit heures trente, le téléphone sonne. Il s'agit d'Olivia qui me rappelle que j'ai un rendez-vous d'une extrême importance dans trente minutes et que mon père s'impatiente de mon léger retard. Il est vrai que j'arrive toujours en avance au travail, hélas pour aujourd'hui c'est raté, il devra sûrement commencer sans moi. Mes escarpins n'arrangent pas mon mal de dos, je les retire, chausse des ballerines puis sors de chez moi au pas de course.
Neuf heures treize, je franchis les portes de la Harper Compagny, pas le temps de saluer le personnel, je ne suis pas en avance. Je me rends directement en salle de réunion, mon père et d'autres collaborateurs sont déjà en plein travail. Je me fais toute petite face à son regard mécontent puis m'installe sans rien dire autour de la table. Je saisis la moitié de ce qu'il se dit, complètement à l'ouest. Je suis à des années-lumière quand mon paternel me demande un avis sur un sujet très important. Évidemment je n'ai rien écouté.

— Pardon, vous disiez père ?

— Que penses-tu de la nouvelle égérie choisi pour représenter la marque ?

J'ouvre le dossier face à moi, jette un œil rapide au portrait de ce mannequin puis acquiesce son choix sans vraiment la détailler de plus près.

— C'est parfait, c'est exactement ce qu'il nous faut pour la ligne Body Perfect. Lui répondis-je sans plus d'enthousiasme.

— Très bien. Dans ce cas messieurs, faites préparer les contrats pour mademoiselle Bell.

Tout le monde s'éparpille et alors que je m'apprête à fuir la salle de réunion à mon tour, mon père me demande de rester un instant.

— Ça va ma chérie ?

— Juste un peu de fatigue et un mal de dos.

— D'accord. Tu veux déjeuner avec moi ce midi ?

— Avec plaisir, mais un truc vite fait, j'ai beaucoup de travail.

— Chinois, ça te convient ?

Mon père sait que je raffole du riz cantonnais, alors que pour lui sa préférence se porte sur les nems et les rouleaux de printemps.

— Très bon choix. Je te retrouve dans une heure, j'ai quelques coups de téléphone à passer, l'avertis-je en quittant la pièce.

                                                                ***

Les portes du restaurant à peine franchies me transportent instantanément en Asie. Une décoration zen règne en ce lieu si magnifique. Des lampions, de la porcelaine, des vases, des statuettes, des bouddhas ornent cet endroit fabuleux. Les odeurs délicieusement parfumées provenant de la cuisine s'immiscent dans mes narines et me font saliver. Je repère mon père confortablement installé, un verre de saké à la main. Je salue Chang, le propriétaire avant d'aller m'assoir à table.

— Ah Roxanne, te voilà. Désolé de ne pas avoir attendu pour trinquer avec toi, mais tu connais Chang, dès qu'il me voit il ne peut s'empêcher de me coller un verre sous le nez.

— Ce n'est pas grave, on portera au toast au prochain. Alors dites-moi, vous avez déjà fait votre choix ? Pour ma part, je pense qu'aujourd'hui je vais opter pour le crabe farci et les beignets de crevettes, ça changera du riz cantonnais.

— Je n'ai pas encore commandé puisque je t'attendais, mais je pense jeter mon dévolu sur des nouilles sautées accompagné de porc au caramel.

— Pas de nems, ni de rouleaux de printemps ? Demandé-je étonnée.

— J'ai envie de goûter autre chose. La prochaine fois je prendrais du canard laqué et des ravioles pour changer.

—Tout est délicieux, le choix est compliqué à chaque fois que nous venons ici. Comment s'est passé votre matinée ? Pas trop de travail avec le dossier Nature&Co ?

— L'affaire est bouclée Roxanne, et ce depuis quelques jours. Tu n'en as pas eu vent au bureau ?

À vrai dire, je suis totalement déconnectée de ce qui se trame dans la société, j'ai trop de travail en retard pour me soucier des dernières transactions.

— Tu n'as pas lu le rapport que j'ai fait transmettre pour toi à ta secrétaire ?

— Non, j'avoue que je croule sous le travail. Le projet pour la ligne Body Perfect monopolise tout mon temps.

— Tu devrais peut-être déléguer un peu. Si tu as besoin d'une assistante en plus, je peux embaucher quelqu'un.

— J'y penserai père, mais pour le moment assez parlé boulot. Mère m'a informée que vous partiez quelques jours à Miami pour fêter votre anniversaire de mariage.

— Elle t'a bien renseigné. C'est son idée, pas la mienne. Tu me connais suffisamment pour savoir qu'un repas en compagnie de mes enfants aurait suffi.
— Justement, je trouve que pour une fois elle a raison. Quelques jours seuls en tête à tête vous feront le plus grand bien.

— Je suis d'accord, mais tu sais que je n'aime pas m'éloigner de ma société.

— Il y'a le téléphone si besoin. Je ne dis pas qu'il faut appeler toutes les heures mais un coup de fil par jour devrait suffire.
— Je pense que c'est faisable. Alors dis-moi pourquoi tu étais en retard ce matin ?

— Père, on oublie le boulot le temps du repas. Et pour répondre à votre question, hier soir j'étais patraque, je me suis endormie sur le canapé pour au final récolter un limbago au réveil.

— Je vois, tu devrais peut-être t'accorder quelques jours de repos. Tu t'investis beaucoup dans la société, cependant tu ne dois pas te négliger pour autant.

Il n'a pas tort, hélas je sais déjà que je m'ennuierai à la maison. Ma vie tourne autour de la Harper Compagny. Je n'ai pas ou très peu d'amis, pas de petit copain, pas d'enfant, pas d'animal de compagnie. En fait, je n'ai rien d'autre que mon travail pour remplir ma modeste vie.
Les mets succulents nous sont servis et déguste la chair du crabe, laissant fondre ce délice sur ma langue en me délectant de toutes ses saveurs. Deux verres de saké plus tard, ma tête tourbillonne légèrement, je laisse le troisième intact dans son récipient. À cette allure, je vais être éméchée au bureau et ne pourrais être productive. Mon père et moi sortons du restaurant une heure et demie plus tard. J'avais pourtant précisé qu'on devait déjeuner rapidement, malgré cela être en sa compagnie est tellement agréable que le temps s'est égrainé sans m'en rendre compte.

                                                                ***
La journée a été épuisante, cependant je quitte le boulot avec de bonnes résolutions en tête. La première, faire la paix avec Barbara. Je sais qu'elle fera l'impasse sur notre dispute d'hier quand je sonnerai à sa porte avec des macarons et du champagne. Elle ne pourra pas refuser de boire un verre avec sa meilleure amie. Nous avons souvent des mots plus hauts que d'autres, cependant nous nous aimons si fort qu'on se pardonne toujours tout.
Un souvenir de notre enfance me revient en tête et me donne le sourire. J'avais dix ans et Barbara huit à cette époque. Elle avait reçu une très belle poupée, je voulais exactement la même sauf que ma mère s'y refusait puisque mon anniversaire n'était que dans trois mois. J'étais en colère contre Barbara, elle ne me laissait pas approcher son jouet. Par méchanceté j'avais coupé les nattes de son nouveau poupon, ce qui m'avait valu une bonne punition. Barbara m'avait boudé une journée et le lendemain nous étions de nouveau amies. Trois mois plus tard, j'ai reçu la même poupée et je lui ai coupé les cheveux pour qu'elle soit identique à la sienne.

Pour ce qui est de la deuxième, j'irai trouver le bellâtre qui n'est autre que Léo. J'appréhende sa réaction puisque je ne le connais pas vraiment. C'est vrai que j'y suis allée un peu fort avec lui. Je m'en veux terriblement. J'espère qu'il n'est pas trop rancunier et qu'il me pardonnera de l'avoir jugé un peu trop vite. J'en aurais le cœur net en allant le trouver ce soir.

Pour l'instant, je dois m'occuper du cas numéro un.

Il est un peu plus de dix-neuf heures quand j'arrive devant le domicile de Barbara. Je récupère les victuailles dans le coffre de ma voiture puis me dépêche d'aller sonner à la porte puisque la pluie recommence à tomber. Les joies de l'automne à New-York. Heureusement pour moi, elle ne tarde pas à ouvrir. Barbara me scrute sans rien dire, elle attend que je fasse le premier pas et comme je suis l'investigatrice de notre querelle, je me confonds en excuses en lui montrant les macarons et le champagne.

— Salut... On fait la paix ?  Demandé-je puisqu'elle n'a aucune réaction face à mon regard suppliant.
— Comment veux-tu que je refuse !? Entre bécasse, tu vas choper la mort avec ce temps pourri.

La maison de Barbara est un véritable musée, on y trouve toutes sortes d'objets loufoques, tous plus surprenants les uns que les autres. Des coquillages, des bibelots, des photos, des timbres, des capsules de bières décorent une bonne partie de son salon où l'excentricité est à son apogée. Elle dit qu'elle collectionne les choses, alors que moi je pense qu'elle n'est pas fichue de jeter le moindre truc à la poubelle. Je la suis dans la cuisine, prends place sur un tabouret alors qu'elle fouille dans un placard en quête de flûtes à champagne.

— Barbara, je suis...

— On boit d'abord, on parle après, me coupe-t-elle en faisant sauter le bouchon de la bouteille.

Elle remplit nos verres, ouvre la boîte à gâteaux puis écarquille les yeux lorsqu'elle découvre une douzaine de macarons très appétissants.

— Tu sais me prendre par les sentiments. Tu me connais trop bien !

— J'ai des choses à me faire pardonner, admis-je en choisissant à mon tour une petite douceur. Je n'ai pas été sympa avec toi hier soir, je te prie de m'excuser.

— C'est déjà oublié ma chérie. Tiens ! Goûte celui-là, c'est une tuerie.

— Barbara j'aimerai qu'on discute, on ne peut pas faire comme si de rien n'était.

— Tu veux ajouter quoi ? Je suis aussi fautive que toi. Je n'aurais pas dû insister et encore moins te lancer des vacheries au visage. Pour moi l'affaire est close, on est quitte. Maintenant bois et tais-toi !

— Je t'adore !

— Je le sais Rox et moi aussi je m'adore, je suis une fille exceptionnelle.

— Ça va tes chevilles pétasse.

— Parfaitement madame. Regarde dit-elle en me les montrant par-dessus la table, mon ego surdimensionné n'a aucun effet sur mon corps !

Je pars dans un fou rire et recrache le champagne que j'ai en bouche sur la table de cuisine.

— Attention Rox ! Ce n'est pas du jus de pomme que tu bois, ne le gâche pas en me postillonnant dessus.

— Tu as raison, ces petites bulles m'ont coûtées une fortune. Dis-moi petite cachotière, qui est l'admirateur qui t'a envoyé ce beau bouquet ?

— Personne ! Tu veux une autre coupe ?

— Tu mens très mal Barbara. Avoue ! Qui est celui qui t'offre des roses et te fais rougir comme une tomate.

— Hein !? Qu'est-ce que tu racontes, je ne rougis pas, constate-t-elle en se regardant dans un miroir. Au fait, tu savais que Charly n'était plus célibataire ? J'ai croisé sa tante chez l'épicier, elle m'a annoncé qu'il s'était marié il y a cinq mois. Qui l'aurait-cru ?

Elle me prend vraiment pour une quiche. Elle me parle d'un mec qu'elle a fréquenté à peine deux jours, pour m'orienter sur une autre voie sauf que ça ne fonctionne pas.

— Barbara... la menacé-je en récupérant le dernier macaron dans la boîte. Si tu ne baves pas son nom, tu peux dire adieu à ce délicieux gâteau.

— Un homme, voilà tu es contente ! Donne-le maintenant, c'est mon préféré.

— Qui ? Allez crache le morceau !

— West.

— West ! Celui de Léo ? Tu es sérieuse.

— Exactement ! Maintenant file moi le macaron.

Je croque la moitié sous son regard effaré et lui fourre l'autre partie dans le bec. Si elle croit s'arrêter en si bon chemin, elle se met le doigt dans l'œil.

— Pourquoi des roses ? Rouge en plus, comme la passion. Barbara, avoues tout de suite !

— Tu es trop curieuse Roxanne Harper. Disons que nous avons passés un très bon moment ensemble la nuit dernière et comme ce gentleman est très bien élevé, il me remercie à sa façon.

— Attends un peu... ce n'est pas la première fois que tu le vois si je ne me trompe. Tu me caches des choses.

— Oh flûte, je ne peux même pas avoir de secret pour moi. On se voit régulièrement c'est tout. Tu es satisfaite !?

— Ah oui ? Et tu le paies ?
Il ne manquerait plus que cela ! Barbara serait tombée bien bas.

— Tu m'as prise pour qui ? J'ai tout gratis !

Un truc cloche, elle ne revoit jamais un homme après l'avoir utilisé une fois.

— Oh ce n'est pas possible, tu es amoureuse ! Ne mens pas Barbara, je t'ai démasquée, hélé-je haut et fort.

— N'importe quoi ! Il baise bien c'est tout.

— Ça alors ! Si on m'avait dit que ma meilleure amie tomberait amoureuse un jour, je n'y aurai pas cru.

— Je ne suis pas amoureuse Rox.  Et toi tu en es où avec le beau gosse ? West m'a avoué que Léo ne répondait plus au téléphone, son numéro n'est plus en service. Tu as de ses nouvelles par hasard ?

— Non, rien. Je voulais lui présenter mes excuses d'ailleurs, mais s'il ne répond pas, je ne pourrais pas le faire.

— Il a dû changer de numéro. Va chez lui dans ce cas.

— Le problème tu vois, c'est que je ne connais pas son adresse.

— Bouge pas, je reviens, me prévient-elle alors qu'elle part récupérer son portable dans son sac à main.
Elle prend son téléphone et compose un numéro. Je ne sais pas ce qu'elle mijote et ne saisis que la moitié de la conversation et cela m'inquiète.

— Salut mon chou, j'ai besoin que tu me donnes l'adresse de ton pote, c'est pour Roxanne, tu te souviens de qui elle est n'est-ce pas ?

Barbara récupère une facture qui traîne sur le comptoir, griffonne quelque chose dessus puis me tend le papier avant de reprendre sa communication.

Je la regarde, intriguée.

— Son adresse et ne me remercie pas.

Je connais le quartier qu'elle a noté sur la feuille, c'est à seulement vingt minutes d'ici.

— On se retrouve dans une heure, dit-elle avant de raccrocher. Tu as l'adresse Rox, qu'est-ce que tu attends pour y aller ?

— Je vais repasser chez moi pour me changer, je suis un peu mouillée.

— Ah non, petite maligne ! Je te connais, si tu vas chez toi, tu te défileras. On va te trouver des fringues dans mon armoire.

Elle blague là ? Barbara a la silhouette d'un top model... grande, mince, jolie, charismatique... tout le contraire de moi.

— Tu fais au moins une taille de moins que moi, je ne pourrais jamais enfiler tes fringues.

— Mais si ! Ça te moulera un peu plus c'est tout. Fais-moi confiance Rox, tu vas être à tomber.

Hors de question qu'elle me déguise en poufiasse, je veux et j'exige une tenue correcte.

— Je veux quelque chose de simple Barbara. Pas de paillettes, on évite les couleurs pétantes, et on bannit la dentelle.

— Ouais, ouais. Cause toujours Rox, tu ne vas pas au couvent non plus. J'ai ce qu'il te faut me prévient-elle en me donnant une jupe en cuir noir et un chemisier blanc.

Je me dévêtis sous le regard de mon amie qui se moque ouvertement de ma lingerie.

— C'est un tue l'amour ton truc ! Putain Rox même ma grand-mère ne porte plus de coton.

— Et alors ? Je suis à l'aise c'est ce qui compte, pas vrai ?

—Je ne pense pas ma chérie, pour choper un mec dans tes filets, ose de la lingerie plus fine.

— J'en ai plein, c'est juste que ça ne me sert à rien. Je n'ai personne qui m'attend le soir pour déballer son cadeau.

— Justement ça va changer ma Roxy. Déjà retire moi ce chignon trop BCBG et laisse tes magnifiques cheveux flotter sur son dos.

Je m'exécute comme un parfait petit soldat. J'enfile la jupe qui me donne une allure de femme fatale puis boutonne le chemisier qui menace d'une explosion imminente tellement mes seins sont compressés.

— Tu es superbe, il ne te reste plus qu'une chose à faire. Va retrouver le beau gosse, excuse-toi. Et cette fois Roxanne, n'oublies pas de t'éclater !

— D'accord.

— Bouge maintenant, j'ai rencard avec West dans une heure.

Plus déterminée que jamais à affronter Léo, je quitte le foyer de mon amie sans attendre. J'espère ne pas commettre d'erreurs cette fois-ci.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant