Chapitre 53. Roxanne

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Des vacances... voilà ce qu'il me faut !

J'ai incontestablement besoin de faire un break, de lever le pied quelque temps pour me reposer et fuir les problèmes que je rencontre depuis plusieurs semaines et qui me tuent à petit feu. Je suis à cran, exécrable et malheureusement mon entourage subit mes innombrables sautes d'humeur. Léo pense que l'approche du mariage me stresse, il se méprend totalement. Je n'angoisse nullement de l'épouser, au contraire je suis impatiente de devenir sa femme. La cause véritable de ce changement de comportement ne doit en aucun cas parvenir à ses oreilles, sans quoi celui ou celle qui me joue des mauvais tours risque de passer un sale quart d'heure. Des excuses bidon lui sont servies sur un plateau d'argent, plus grotesque les unes que les autres pour cacher le lourd secret qui fait de ma vie un enfer. Mon travail est officiellement le fond du problème alors qu'officieusement il s'agit de tout autre chose. Seulement depuis peu je n'arrive plus à faire bonne figure, à cacher mes émotions, les lettres anonymes que je reçois me filent la chair de poule. Mettre ne serait-ce qu'un pied dehors pour acheter du pain ou me rendre au bureau me tétanise. Je suis perpétuellement sur mes gardes, toujours à me retourner afin de voir si quelqu'un me suit.
J'ai d'ailleurs cru apercevoir Taylor la semaine dernière en sortant de chez le bijoutier. Ce jour-là, nous venions Léo et moi de choisir nos alliances, et il m'a semblé voir cette vipère nous épier à l'angle de la rue. Je n'ai rien dit à mon fiancé puisque je n'étais pas certaine qu'il s'agissait d'ELLE. Un sentiment d'insécurité s'est immiscé en moi, même en présence de mon homme je me sentais en danger, alors j'ai prétexté une migraine pour rentrer à la maison au plus vite. Notre nid douillet est le seul endroit où je me sente en sécurité et encore pas à cent pour cent, puisque dès que j'entends un petit bruit ou même la sonnerie du téléphone, je me mets à sursauter et à trembler. Je frôle la crise de folie au quotidien.
Je peine à vérifier le courrier par peur de tomber sur une de ces enveloppes bleues de taille standard qui ne porte ni adresse, ni expéditeur et qui me donnent seulement froid dans le dos lorsqu'elles se trouvent sous mes yeux. Les feuilles qu'elles dissimulent ne m'apportent aucun indice sur l'individu qui me voue tant de haine. Tout est parfait... trop parfait pour ne pas éveiller mes soupçons sur tel ou tel personne. Pas de papier parfumé, aucune trace d'encre qui aurait pu baver, il n'y a rien mis à part des lettres majuscules proprement découpées dans des journaux et collées avec minutie sur des pages blanches. Fébrilement je sors ces enveloppes de mon tiroir et relis une fois de plus ce qu'elles contiennent pour tenter de trouver une signification à toute cette mascarade.

« Qui menace, vengeance chasse »

« On n'est jamais assez en garde contre les dangers qui nous menacent à chaque instant »

« Les coups de tonnerre les plus menaçants ne sont pas toujours accompagnés de pluie »

J'ai beau fouiller dans ma mémoire, je ne vois pas qui pourrait m'en vouloir à ce point. J'ai bien quelques idées sur l'auteur des faits lorsque j'y réfléchis plus longuement. Taylor, Marjorie ou une ex-cliente de Léo pourrait être derrière tout ça, j'en suis pour ainsi dire certaine. Toutes ces véhémences me rendent dingue, la paranoïa m'envahit un peu plus chaque jour.
Vais-je finir par devenir complètement folle ? Va-t-on me faire interner ?
Sur le bureau, mon portable se met à vibrer, je sursaute et laisse échapper ma tasse de café sur ces fichues lettres qu'un maître chanteur s'amuse à m'envoyer. Je consulte mon téléphone et découvre avec stupeur un message provenant de Léo qui s'impatiente de mon retard.

De Léo : « Je suis chez le traiteur, je t'attends depuis trente minutes, qu'est-ce que tu fous Rox »

— Fait chier ! Crié-je en rassemblant les lettres maculées de café avant de les fourrer dans le tiroir que je referme bien évidemment à clé.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant