Chapitre 35. Roxanne

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— Qu'as-tu fait de ton mari et de ton rejeton ? Demande Barbara à ma sœur qui surprise par sa question lui fait les yeux ronds.
Ne me dis pas que tu t'es débarrassée d'eux à coups de pelle et que tu les as enterrés dans le jardin pour avoir la liberté de sortir ce soir ?

Mary s'offusque et sort les griffes en un quart de tour. S'il y a bien une chose qu'il faut savoir sur ma sœur, c'est que celle-ci est une redoutable louve quand on s'en prend à sa famille et Barbara risque de goûter à sa colère foudroyante dans moins de trois, deux, un...

— Pour ta gouverne Barbie, ma famille ne m'empêche pas d'avoir une vie sociale. Certes, contrairement à toi je ne peux me libérer comme bon me semble, j'ai des obligations en tant que mère et épouse. Et, finalement, cela me convient amplement, je préfère de loin passer du temps avec mon mari et mon fils plutôt que de jouer à la salope tous les soirs en écumant les bars à poivrots pour dénicher celui qui finira entre mes cuisses.

Houlà, la soirée commence mal, il est grand temps que je m'interpose entre ces deux-là pour calmer le jeu, sinon je crains que notre réunion Sextoys ne vire au cauchemar et que les filles finissent par se taper dessus.

— Ça suffit toutes les deux ! Les avertis-je en haussant le ton. Mary, tu ne vois pas qu'elle te provoque pour t'ennuyer. Tu connais Barbara depuis des années, je ne vais pas t'apprendre qu'elle a un humour à deux balles ! Et toi, arrête de dire des absurdités, tu sais que ma sœur est un peu...

— Coincée ? Ce n'est pas nouveau Rox, tout le monde sait que Mary est comme ça. Tu ne peux pas rire avec elle sans qu'elle ne prenne la mouche.

— Tu es bien instable sentimentalement, et pourtant est-ce que moi je te juge à tout bout de champ ? Non ! Puisque je me fous de ta vie. Alors à l'avenir cesse de critiquer la mienne, tu es mal placée pour le faire.

— Mesdames, pouvons-nous débuter la réunion s'il vous plaît ? Interroge la représentante qui attend patiemment que Barbara et Mary arrêtent leurs chamailleries, afin qu'elle puisse nous présenter les nombreux accessoires qui séjournent au beau milieu de ma table de salon.

Bizarrement, les deux nuisibles cessent immédiatement de se hurler dessus. Ce qui réjouit mes oreilles et celles de Carla que nous n'entendons pas puisqu'elle se fait discrète à l'autre bout de la pièce. Les filles se renfrognent sur leur chaise en se fusillant du regard, j'ai déjà une solution en tête, pour qu'elles laissent leur rancœur de côté et qu'elles se réconcilient afin que nous puissions passer une excellente soirée.
L'intervenante que j'ai invitée à la maison se nomme Suzanne. Elle travaille pour l'entreprise Lady coquine depuis un bail et il faut lui reconnaître qu'elle excelle dans son domaine. C'est Heather, ma styliste qui me l'a recommandé, et je me suis dit pourquoi ne pas faire appel à ses services plutôt que de me rendre dans un sex-shop. Avec Suzanne, nous sommes libres de choisir nos articles en les regardant, les manipulant, les achetant sans être jugées par les autres clients.

— Tout d'abord, je voudrais remercier Roxanne pour son accueil, et vous aussi mesdames pour avoir répondu présentes à l'invitation. Cet univers comme vous vous en doutez, est encore tabou dans notre société. Beaucoup de nos congénères n'osent franchir les portes d'une boutique coquine par honte ou par peur... ce qui est fort regrettable puisque ces petits gadgets pimentent la sexualité de beaucoup personnes. Bien, je vous présenterai chaque article avec le plus grand nombre d'informations possibles. N'hésitez surtout pas à toucher, à poser des questions... je suis là pour ça.

J'inspecte minutieusement plusieurs objets qui me sont totalement inconnus au bataillon, contrairement à Barbara et à Carla qui ont l'air d'en connaître un rayon.  Que mon amie utilise certains de ces gadgets ne m'étonne guère, cependant que ma belle-sœur en possède est tout simplement choquant. C'est impossible qu'elle et mon frère s'amusent avec ces trucs-là. Enfin, je préfère m'en persuader plutôt que de les imaginer avec un...

Beurk ! Ôtez-moi ces images de la tête, c'est affreusement dégoûtant.
Heureusement que Suzanne reprend la parole pour nous présenter le premier produit, cela m'évite de laisser mon esprit divaguer sur la sexualité de mon frangin.

— Commençons en douceur si vous le voulez bien. Voici notre gamme de préservatifs, aussi différents les uns que les autres. Selon la longueur et l'épaisseur du pénis, nous avons plusieurs tailles à disposition ainsi qu'un large choix de saveurs pour celles et ceux qui apprécient que ces petites choses soient aromatisées. Ils sont également pourvus de différentes textures procurant bon nombre de sensation, dixit notre panel de testeurs. Ils sont aussi conçus dans des matières autres que le latex vue le nombre important d'allergie chez beaucoup de personnes.

— Et celui-ci. Ajoute Barbara qui tient entre ses doigts une chose bien étrange que je n'avais jamais vue jusqu'à maintenant.

— C'est un préservatif féminin, et je suis navrée de constater qu'il y a encore très peu de communication sur ce produit, qui présente pourtant beaucoup d'avantages. C'est toujours pratique d'en avoir un dans son sac. Premièrement parce que nous ne savons pas la taille du sexe de notre partenaire. Et deuxièmement parce qu'il est plus prudent de sortir couvert.

— Comment l'installe-t-on ?

— C'est assez simple, il suffit d'insérer cette partie au fond du vagin à l'aide des doigts et de la pousser aussi loin que possible en veillant à ce que l'anneau externe reste bien en dehors du sexe.
Suzanne nous explique que le préservatif féminin s'adapte non pas au sexe masculin en érection, mais bel et bien aux parois vaginales. Et que pour le retirer, il n'y a rien de compliqué, il suffit de tourner l'anneau externe de sorte que celui-ci empêche la fuite du liquide séminal lors du retrait.

— Cela n'a pas l'air sorcier à utiliser. J'en prendrais une boîte pour essayer avec le mec que je dois rejoindre demain soir. Déclare Barbara, alors que je continue d'inspecter cette chose visqueuse du bout des doigts.

— Tu n'avais pas un mec aux dernières nouvelles ? Lui demande Carla qui jusqu'à maintenant s'était terrée dans son mutisme.

— Ce n'était pas mon petit ami, juste un plan cul.

Vilaine menteuse !
Barbara était dingue de West et je suis certaine qu'elle l'est encore. Je mettrais ma main à couper qu'elle saute à nouveau sur tout ce qui bouge pour l'oublier.

— Je l'ignorais, je pensais que c'était un peu plus que cela avec le beau métisse. Lui confesse ma belle-sœur.

— Non, du tout !  Vous pouvez reprendre Suzanne s'il vous plaît.

Notre démonstratrice nous présente une gamme de gel, qui selon elle, sont tous hypoallergéniques. Certains sont pour les massages, d'autres pour diverses pratiques sexuelles comme la sodomie.

— Et celui-là ? S'intéresse ma sœur. C'est quoi son effet ?

— Ah ! C'est notre produit-phare. Et pour l'avoir utilisé, je peux vous affirmer qu'il décuple les sens.

— J'aime beaucoup sa texture et son odeur. Je pense vous en commander un.

Je jette un regard stupéfait à Mary, et me fais la remarque que j'ignorais que les jouets pour adultes pouvaient l'intéresser.

— Un problème Roxanne ? Tu penses que je suis prude et que je ne m'amuse pas au lit avec mon mari. Désolée de te décevoir petite sœur, mais j'ai une sexualité bien plus débridée que tu ne le crois.

— Je ne t'ai pas demandé de détails, alors garde les pour toi.

Nous poursuivons avec les menottes que Suzanne essaye de nous vendre. Bien vite, je repère une paire assez chouette qui je pense va venir s'ajouter à ma collection de joujoux qui se limite à pas grand-chose en fait. Juste un petit Rabbit de rien du tout, et qui pourtant, m'a bien souvent dépanné. Mais à présent je n'en ai plus l'utilité puisqu'un Dieu du sexe me fait bien plus d'effets que ce truc en plastique. Suzanne s'extasie sur la lingerie qu'elle nous dévoile. Des guêpières pourvues de dentelle, de soie, de cuir, des strings minimalistes, des soutiens gorges pigeonnants. Tout me donne envie et j'ai la certitude que le chèque que je signerai en fin de soirée contiendra un tas de zéros.

— Mesdames, pour finir voici la collection de godemichets et de plugs anaux que commercialise Lady coquine.

Je saisis un bijou anal et suis impressionnée par la circonférence de l'objet conique. Comment ce jouet peut-il entrer dans l'anus sans provoquer une déchirure ? Tel est ma question.

— Il est énorme ce truc ! Qui peut bien acheter et utiliser ça ?

— Des personnes qui pratiquent la sodomie. Répond Mary comme si de rien n'était. Tu n'en as jamais utilisé ?

— Non !  Ce n'est pas mon délire d'avoir un truc entre les fesses.

— Rhooo !!! Arrête ton bluff Roxy. Me contredit Carla qui vient se mêler à la conversation que j'ai avec ma sœur. Tu ne me feras pas croire que tu refuses cette pratique à Léo.

— Non, je t'assure. Je n'ai jamais voulu essayer. C'est si étonnant que cela.

— Tu loupes quelque chose dans ce cas.

— En même temps, il faut la comprendre. Me défend Barbara. Léo à un bazar de vingt-deux centimètres sous la ceinture. L'engin doit être impressionnant et flippant pour notre chère Roxy.

— Tais-toi ! Pesté-je contre mon amie.

— Tu veux dire que ton mec a une queue encore plus longue que ce gode géant qui mesure vingt centimètres !? S'étonne Carla.

— Stop ! Est-ce que je te demande combien mesure la bistouquette de ton mari.

— Dix-huit. Il est dans les normes, vous ne trouvez pas ?

— Carla ! Crions-nous ma sœur et moi.

— Tu as demandé Roxanne, alors je te réponds.

— Mais non mais...

— Tu bafouilles Roxy. Tu veux une anecdote hyper drôle. Avant de connaître Mick, je suis sortie avec un gars qui bossait à la ferme avec mon père. Tu ne devineras jamais quelle était la longueur de son pénis. Dis un chiffre.

— Je n'en sais rien.

— Je ne sais pas non plus, puisqu'elle était impossible à mesurer.

— Pourquoi ? Tu n'avais pas de règle assez grande ?

— Pire que ça en fait, il avait une micro-bite. Imagine la surprise que j'ai eue quand il a baissé son pantalon pour que je lui fasse une pipe.

— Tu aurais préféré un spécimen comme ça ? Lui montre Barbara, qui brandit sous les yeux de ma belle-sœur un Rabbit à deux têtes qui gesticule dans tous les sens.

— Jamais de la vie. Quoique... C'est préférable d'avoir une double queue qu'une seule microscopique à se foutre sous la dent.

Nous riions à gorge déployée, la soirée dérape complètement et nous finissons par un déballage sans filtre de nos pires et de nos meilleures expériences. J'en apprends des vertes et des pas mures sur chacune d'entre elles. C'est une franche partie de rigolade qui a lieu sous mon toit et cela pour mon plus grand plaisir puisque la soirée avait pourtant mal débuté. Il aura fallu que le champagne coule à flots pour calmer tout ce petit monde. Suzanne est repartie avec des bons de commande bien remplis. J'ai acheté un tas de choses que j'expérimenterai avec Léo, même un plug, c'est pour dire que moi aussi je fais un énorme pas en avant dans notre relation en décidant de lui offrir ma première expérience anale. Mary et Carla ne s'éternisent pas après le départ de la représentante, c'est dommage, mais l'une et l'autre doivent se lever aux aurores demain matin. Barbara reste avec moi et m'aide à nettoyer le salon, j'en profite pour savoir où elle en est avec West.

— Je n'ai plus de nouvelles depuis que l'on s'est fâché, et c'est peut-être mieux comme ça. De toute façon, cela ne pouvait pas fonctionner. Savoir qu'il préfère baiser des pétasses pour rembourser son emprunt, me fout en rogne. J'étais quoi pour lui ? Une pauvre fille qui lui servait de vide couille quand cela l'arrangeait.

—  Je ne pense pas. J'ai le sentiment que tu étais bien plus et qu'il a préféré t'épargner, que de te faire vivre sa vie de débauche.

— Je n'en suis pas certaine. Tu sais, j'ai voulu emprunter du fric à mes parents pour éponger sa dette.

— Tu ne m'en avais rien dit. Et, j'en conclus qu'il a refusé comme il l'a fait avec Léo. Il est beaucoup trop fier et préfère régler ses soucis tout seul, ce qui peut se comprendre, mais ce n'est pas toujours la meilleure des choses à faire.
— Je l'aime Roxy. Ça me crève le cœur de savoir qu'il couche avec d'autres femmes alors qu'il pourrait m'avoir moi s'il était moins têtu.

Une idée du tonnerre germe en un temps record dans mon cerveau. Barbara me dira merci quand je lui apporterai la solution sur un plateau d'argent.

— Achète ses services pour qu'il te soit exclusif.

— Ça ne marchera pas. Il ne voudra jamais un dollar de ma part.

— Je n'ai pas fini de t'exposer mon idée. Il lui reste environ trente mille dollars à rembourser selon les dire de Léo.  Donc, tu réserves dix séances de baise avec lui, je crois savoir qu'il facture trois mille dollars la prestation. Tu ne lui dévoiles pas ton identité, et pour ce faire, tu lui demandes de se bander les yeux ou tu portes un loup sur ton visage.

— Tu es un petit génie ma Roxy.

— Je sais. Et si tu as besoin d'argent, n'hésite pas à me demander. Ne mêle pas tes parents à ça.

— Je saurai m'en souvenir. Que ferai-je sans toi.

— Pas grand-chose il faut croire.

Mon téléphone m'alerte qu'un message vient de m'être expédié. Je le récupère dans ma poche et déverrouille l'écran, heureuse de réceptionner et de constater une petite déclaration de mon cher et tendre.

De Léo : « Je pense à toi. Passe une bonne nuit »

Je me fends d'un énorme sourire et tapote une réponse instantanément.

De Roxanne : « Tes bras me manquent. Il me tarde de les retrouver demain soir. Je t'aime »

Je me rends compte que les derniers mots que j'ai écrits sont peut-être de trop et décide de les effacer et de les remplacer par un simple bisou. Voilà qui est mieux, je ne veux pas lui faire peur en lui avouant que je suis amoureuse de lui et encore moins par message interposé. Quand le moment propice se présentera, je lui annoncerai de vive voix, mon regard ancré au sien ces trois petits mots qui changeront tout.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant