Chapitre 63. Léo

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— Concentres-toi sur ma voix mon amour. Tu m'entends Roxanne, tu n'as pas le droit d'abandonner ! Bats-toi pour nous ! Hurlé-je alors que ses forces l'abandonnent.

Son corps amorphe est étendu sur le sol, elle est livide. Le sang qui s'écoule de sa poitrine dénudée continue d'affluer malgré les soins que lui prodigue l'équipe médicale. J'assiste spectateur à une scène tout droit sortie d'un thriller, il y a de l'hémoglobine à n'en plus finir. J'ai peur, je suis pétrifié, complètement apeuré devant ce constat. Je la sens partir. Elle baisse les armes. Alors je crie à quelques centimètres de son oreille, que je luis interdis de mourir.

— Tu dois continuer ma puce, ne lâche pas prise... j'ai besoin de toi et notre fils aussi a besoin de sa maman ! Sans vous, ma vie n'aura plus aucun sens. S'il te plaît mon amour, montre-nous de quoi tu es capable et restes parmi nous.

Les secours sont en action et malgré cela, l'attente est très longue, elle me rend dingue. J'ai la vague impression qu'ils ne vont pas assez vite, qu'ils prennent tout leur temps et ça me met hors de moi. Je tourne en rond comme un lion en cage. Je n'ai qu'une envie, c'est de leur gueuler dessus pour qu'ils s'activent et qu'ils passent à la vitesse supérieure.
Ils doivent la transporter à l'hôpital immédiatement. Là-bas elle sera prise en charge par des médecins compétents et non pas par des secouristes qui viennent tout juste de décrocher leurs diplômes.

— La police est là. M'avertit Paul, le compagnon de Mary. Elle aimerait s'entretenir avec toi avant que Taylor ne soit emmené au poste pour être interrogée.

— Ça attendra. Ma place est auprès de ma femme. Elle doit savoir que je suis là.

— Léo. Tente-t-il en posant sa main sur mon épaule. Roxy est entre de bonnes mains, ne t'inquiètes pas. Et puis l'inspecteur veut seulement te poser deux ou trois questions.

— D'accord. Finis-je par dire à contrecœur. Je lui accorde une minute et pas une de plus.

M'éloigner d'elle est un déchirement. J'ai le sentiment de l'abandonner, alors qu'à ce moment précis, elle doit avoir besoin de mon soutien.
Je déambule comme un automate au milieu de la foule qui assiste à mon grand désarroi à un horrible cauchemar. Le pire qu'il m'a été donné de vivre jusqu'à aujourd'hui. Le mensonge de mes parents, et la trahison de Garreth ne sont rien, comparer au drame qui se joue et qui bousillera ma vie à jamais si elle ne s'en sort pas indemne. Je me sens démuni, totalement perdu. Je n'ai personne sur qui m'appuyer pour me soutenir. Je voudrais tant être dans les bras de ma mère, sentir ses mains qui glissent dans mon dos pour me réconforter comme elle le faisait lorsque j'avais un petit bobo. Hélas, elle n'est pas là et ma blessure est plus profonde qu'une banale éraflure pour que ses caresses m'apaisent et me guérissent.
Mon cerveau semble s'être mis en veille. Je n'écoute pas les invités qui se posent mille et une questions. Je fais abstraction de leur interrogation et me concentre sur une vision que jamais je n'aurais pensé voir au cours des trois dernières années. Rosa pleure sa fille sur l'épaule de son époux, cela semble irréel. C'est la toute première fois que le dragon montre un signe de faiblesse depuis que je la connais. Un drame lui aura été nécessaire pour qu'elle tombe le masque de la femme dure, froide et sans pitié. Les larmes qu'elles versent sont d'une extrême violence, les plaintes qu'elle étouffe contre le torse de son mari sont des cris venant du cœur. Les hurlements qui s'échappent de sa bouche sont ceux d'une maman qui est terrorisée à l'idée de perdre son enfant et je la comprends. Moi-même je suis paniqué à l'idée que mon fils ne survive pas. J'en mourrai s'il lui arrivait malheur. Les jambes de Rosa la soutiennent à peine, si bien que Richard la maintient debout par la seule force de ses bras.  Le père de Roxanne est plus robuste qu'il n'y paraît malgré la soixantaine passée. Il encaisse, reste stoïque alors que l'inquiétude se lit sur son visage. Cet homme est un pilier, un roc pour sa compagne qui sombre peu à peu dans un état léthargique. Mary quant à elle, est assise sur une chaise. Elle tremble et semble déconnectée du monde alors qu'un policier tente de l'interroger, mais en vain. Paul la couvre de sa veste, il frotte lentement ses bras pour la réchauffer et tente de la rassurer sur l'état de sa sœur.
Un autre inspecteur s'approche de moi, m'interpelle et me demande de le suivre pour nous mettre à l'écart puisqu'il voudrait s'entretenir avec moi avant que je ne parte pour l'hôpital. Comme un bon petit soldat, je le suis mais une voix nasillarde m'arrête dans mon élan. Je détourne la tête quelques secondes et croise le regard joyeux de Taylor... ma pire ennemie, qui ne cesse d'aboyer mon nom. Je m'avance vers elle d'un pas lourd en ayant qu'une seule idée en tête, lui faire regretter son geste par n'importe quel moyen.

— Léo, mon amour. Je savais que tu me reviendrais.

— Je vais te tuer ! Beuglé-je en arrivant à sa hauteur. Tu entends sale garce, s'il leur arrive quoi que ce soit, je te ferai la peau !

— Monsieur s'il vous plaît, veuillez-vous écarter du suspect. M'ordonne un agent qui la maintient menottes aux poignets pour l'extraire hors de la galerie.

— Pourquoi Taylor ? Enragé-je en pointant mon doigt sur elle.  Pourquoi tu lui as fait ça ?

— Pourquoi ? Mais voyons Léo, tu m'appartiens depuis toujours, et ce depuis le début ! Roxanne était le dernier obstacle à franchir pour te récupérer. Je t'aime Léo, tu es à moi et à personne d'autre !

— Tu divagues complètement espèce de cinglée ! Je ne t'aime pas... rentre toi ça dans la tête ! Par contre, sache que je te déteste au-delà du possible. J'espère que tu iras brûler en enfer.

— Tu ne le pense pas, je sais que tu m'aimes. On est fait l'un pour l'autre Léo. Dis-le que tu m'aimes.
— Plutôt mourir. Pesté-je avant de m'éloigner lorsque je remarque que le brancard où Roxanne repose s'avance vers la sortie.

— Léo ! Léo ! Reviens mon amour. S'époumone la détraquée qui j'espère croupira en taule pour les nombreuses années à venir.

Je m'approche du corps de ma femme, son état est préoccupant. La balle qui s'est logée dans sa poitrine met ses organes vitaux et ceux du bébé en grand danger.

— Monsieur Ortega s'il vous plaît. M'interpelle l'inspecteur que je suivais quelques minutes plus tôt. J'aurai quelques questions à vous poser.

— Est-ce que ça peut attendre, ma femme est blessée. Peiné-je à dire. L'ambulance est sur le point de partir et je dois être présent.

— Bien entendu. Cependant, n'oubliez pas de passer au commissariat demain pour faire votre déposition.

Je hoche la tête pour lui signifier que j'ai bien compris et pars en courant pour accompagner Roxanne.
***
Les sirènes hurlantes résonnent dans les rues de Manhattan. Les gyrophares percent l'obscurité de la nuit tombante alors que la ville semble être déjà endormie. Le trajet s'éternise. Je compte les minutes qui nous rapprochent de l'hôpital.
Roxanne est sous assistance respiratoire, sa blessure ouverte l'empêche de respirer normalement. Les médecins n'ont pas hésité à l'intuber. Son corps était en alerte, puisqu'un son de succion s'échappait de sa poitrine, et qu'elle toussait du sang. Il fallait agir et vite.
— Plaie par balle... logée dans la poitrine... gestation... trente-cinq semaines...  Pronostic vital engagé... arrivée prévue dans deux minutes... tenez-vous prêt pour le bloc et faites venir l'obstétricien pour une éventuelle césarienne.

J'assimile difficilement tout ce que vient de dire le médecin urgentiste dans son émetteur radio.
Roxanne... intubation... bloc... césarienne.
Ma tête se fait lourde. Mes oreilles bourdonnent. Mes membres tremblent. J'ai du mal à trouver ma respiration. Tout ce que j'arrive à retenir c'est que ma femme et mon fils sont en danger de mort.
Nous pénétrons dans l'enceinte de l'hôpital, le personnel soignant afflux dans tous les sens. Ma femme est transportée d'urgence en salle d'opération. On me laisse seul, sans un mot, sans un geste de réconfort dans cet immense couloir... je suis totalement perdu et anéanti. Je ne sais pas quoi faire à par attendre.

— Monsieur. Quelqu'un s'occupe de vous ? Me demande une infirmière qui passe à quelques centimètres de moi.

— Ma femme. Bredouillé-je difficilement. Elle est au bloc. On lui a tiré dessus.

— Suivez-moi, nous allons trouver de quoi vous changer.

Je regarde mon costume et découvre avec stupeur que je suis couvert de sang. Certaines tâches sont asséchées, mais n'en laissent pas moins une vision d'horreur. L'odeur de l'hémoglobine me révulse l'estomac, la bile remonte dans ma bouche, mais je la ravale. Je n'ai pas le droit d'être faible, pas maintenant. Ma femme et mon fils comptent sur moi, je le sais... je le sens au fond de mon être. L'infirmière rondouillarde d'une quarantaine d'années me conduit dans une petite pièce. Une salle de bain de fortune à ce que j'en perçois et me tend une blouse et un pantalon que je m'empresse d'enfiler. Je sors propre comme un sou neuf, enfin presque et retrouve cette gentille femme qui si je me fie à son badge s'appelle Annabelle.

— Vous devez vous rendre à l'accueil pour remplir certains documents concernant votre épouse. Me dit-elle avec bienveillance.

La secrétaire médicale me tend un formulaire. J'y note son nom, son prénom, sa date de naissance, notre adresse, le numéro de sécurité sociale. Et puis vient une question à laquelle je ne sais répondre.
Le patient souhaite-t-il être réanimé ?
Je n'en ai aucune idée.
Roxanne et moi n'avons jamais évoqué le sujet, et à ce moment précis je ne sais pas quoi cocher.
Dois-je m'obstiner à la maintenir en vie pour qu'elle ressemble à un légume ?
Non, il n'en est pas question !
Roxanne ne voudrait pas être un fardeau, j'en suis convaincu. Je suis paumé.
Comment puis-je me résoudre à faire un tel choix, qui plus est ne m'appartient pas ?

— Monsieur Ortega. Vous êtes un proche du docteur Garreth Ortega ? Me demande l'hôtesse d'accueil qui enregistre le document que je viens de lui remettre.

— Oui. C'est mon petit frère.

— Voulez-vous que je le fasse venir ?

— Non merci. Ça ira. Bon sang, j'ai besoin d'un café.
Je parcours l'hôpital à la recherche de cette foutue machine qui sera mon seul allié jusqu'à avoir des nouvelles de ma femme et de notre bébé. Le petit va naître aujourd'hui, c'est beaucoup trop tôt. Il devrait encore être à l'abri dans le ventre de sa maman et pas dans une couveuse à se battre pour vivre.
Je trouve le distributeur et m'aperçois que je n'ai pas une seule pièce sur moi puisque je ne porte plus mes vêtements.

— Putain ! Hurlé-je en tapant dans le mur.

— Tu vas te briser la main à vouloir te défouler contre ce bloc de béton.

Cette voix rauque m'interpelle. Je me tourne en sa direction et découvre un visage connu qui me scrute avec interrogation.

— Tu vas bien Léo ?

Non, rien ne va. J'attends depuis des heures qu'on me donne des nouvelles de ma femme et de mon fils.

— Garreth. Comme tu peux le constater, ça ne va pas... mais pas du tout.

— Je peux t'aider ? Un café peut-être ? Tu veux en parler.

— C'est Roxanne. Elle est au bloc opératoire. J'attends depuis un moment.
Je ne sais même pas si mon petit garçon va bien. Dis-je au bord des larmes.

— Ton fils ? Tu es papa. Et depuis quand ?

— Je ne le suis pas encore, enfin peut-être que si. Je n'en sais foutrement rien et ça me rend fou !

— Ne t'inquiète pas, les césariennes sont monnaies courantes. Ça se passe généralement très bien.

— Tu es con ou quoi !? Ma femme est en train d'être opéré parce que Taylor lui a tiré dessus alors qu'elle était enceinte de huit mois.

Mon frère reste droit comme un i, la nouvelle l'a visiblement abattu. Il ne s'attendait pas à récolter ce genre d'informations lorsqu'il m'a abordé, j'en suis certain.

— J'ai toujours su qu'elle était cinglée. Heureusement, que j'ai obtenu la garde de Mia il y a six mois sans quoi je ne sais pas ce qu'elle aurait pu lui faire à elle aussi.

— Il est quelle heure ?

— Vingt-trois heures trente.

— C'est long. Ça fait des heures que je poireaute.

— Ne bouge pas je reviens.

— Garreth...
— Je vais aller me renseigner Léo. Reste ici !

J'avale le jus de chaussette que mon frère m'a gentiment offert. Le goût est certes écœurant, mais j'ai besoin de ce café pour tenir. Les minutes passent et il n'a toujours pas refait surface. Cela ne présage rien de bon.
Je sors dehors prendre l'air, il faut que je respire autre chose que cet oxygène aseptisé.

— Cigarette, me propose un homme d'une trentaine d'années.

— Ce ne serait pas de refus. Merci.

J'allume la clope, aspire une grosse bouffée qui me procure une sensation de bien-être et me fait tousser par la même occasion puisque j'ai arrêté le tabac il y a deux mois.

— Dure soirée ? Me demande l'homme qui me jauge discrètement.

— Ouais. Ne puis-je que répondre.

Je n'ai pas envie d'entrer dans les détails, alors je me contente de m'asphyxier les poumons en l'écoutant me raconter ses péripéties.

— Ma fille s'est foulée la cheville. Ça fait des heures que ma compagne attend qu'un médecin l'ausculte. C'est toujours la même chose dans les hôpitaux, ça manque cruellement de personnel.

— Ah Léo, tu es là ! Marmonne mon frère que je n'ai pas vu arriver.
— Alors ? Tu as des nouvelles ?

— On devrait aller ailleurs pour discuter.

— Garreth, dis-moi tout de suite ce que tu sais.

— Ton fils est né prématurément, néanmoins il va bien. Il est en néonatalogie pour le moment puisqu'il est encore sonné de cet accouchement précoce. Tu pourras monter le voir après, je t'accompagnerai si tu veux.

— Et Roxanne ?

— C'est un peu plus complexe. La balle s'est logée près du cœur, elle a fait un arrêt durant l'intervention. Le chirurgien qui l'a opéré est en train de refermer la plaie. Elle ira en réanimation lorsqu'il aura terminé. Cependant, tu dois savoir que ta femme est plongée dans un coma artificiel.

— Ça veut dire quoi tout ça ? Je ne comprends rien à ton jargon de médecin !

— Roxanne a subi un très gros traumatisme comme tu peux t'en douter. Son corps est dans un sale état, et dans une grande souffrance actuellement. Les médecins lui ont administré un lourd sédatif pour que ses membres se reposent et pour soulager ses douleurs.

— Pourquoi ?

— Elle est dans l'incapacité de se protéger elle-même. C'est la meilleure des solutions Léo.
— Ce n'est pas vrai... Elle se réveillera quand ?

— Les médecins le jugeront lorsque son état sera stable. Son réveil va être difficile, elle ne pourra s'alimenter seule, une sonde le fera pour elle. Ses muscles vont perdre en tonicité quelque temps. Il lui faudra être patient pour qu'elle se remette complètement d'un tel choc, mais elle va s'en sortir.

J'encaisse la nouvelle avec sérénité. Ma femme est sauve et mon fils se porte bien. Soudain mes membres me lâchent et me clouent au sol. Je pleure... pleure à chaudes larmes. J'ai eu si peur de les perdre. Que serais-je devenu sans eux.

— Tu veux aller voir ton fils ?

— Non. Je ne peux pas. Je suis incapable de le faire sans Roxanne.

— Il a besoin de toi ce petit, ne le dénigre pas.

Je sais que Garreth a raison. Je dois être là pour lui, mais je ne peux me résoudre à le faire seul. Sans ma femme à mes côtés, je suis totalement perdu.

— Reprends-toi Léo ! Tu n'as pas le droit de l'abandonner aux premières heures de sa vie. N'oublie pas que ta mère biologique l'a fait avec toi. Ne reproduis pas le même schéma avec ton enfant.

J'écoute attentivement les dures paroles de mon frère. Il n'a pas tort sur un point. Je ne peux pas faire à mon fils ce que ma propre génitrice a fait en se débarrassant de moi. Je sèche mes larmes, puis me relève avec force et détermination. Je ne suis pas un lâche, je vais m'occuper de mon fils et je saurai être un bon père pour lui.
Garreth m'accompagne jusqu'au service de néonatalogie. Il me tend des vêtements jetables, des sur chaussures et une coiffe pour des raisons d'hygiène. Je me nettoie les mains et entre sous le regard fier de mon frère dans cette petite pièce où une couveuse trône en son centre. Je m'y approche et découvre mon petit garçon. Il est branché à une machine. L'infirmière qui le surveille me rassure en me disant que c'est juste un peu d'oxygène pour l'aider à mieux respirer.

— Il a été secoué ce petit, mais c'est un battant. Vous voulez le prendre contre vous en peau à peau ?

— Il n'y a pas de danger, il est si... minuscule et semble tellement fragile.

— Non, il n'y a aucun risque. Et puis c'est très important pour lui d'être dans les bras de son papa. Il en a besoin pour reprendre des forces.

Je m'installe sur un fauteuil, ouvre ma blouse et accueille le paquet bleu que me tend la soignante. Le contact de nos deux corps s'établit instantanément. Nous sommes en fusion et unis pour la vie. Le moment est magique, indescriptible. Les mots me manquent. Les larmes embuent une fois de plus mes yeux. J'ai pleuré pour toute une année en l'espace d'une soirée. Mon regard croise celui de mon frère qui est resté derrière les vitres à contempler la scène. Son sourire franc me prend aux tripes et je lui renvoie le mien avec bonheur, sans aucune amertume. Le passé est derrière moi. Je suis serein à présent et j'accueille ce nouveau futur avec paix.

— Alors comment il s'appelle le petit champion ? Me demande l'infirmière d'un air attendrissant.

— Aidan. Il s'appelle Aidan-Mike-Garreth Ortega.

The soul of desireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant