Makoo et Léone remontaient la cage d'escalier du Terrier en désactivant au fur et mesure, leurs pièges de défense. Sur les murs, des lézardes creusaient leur chemin. La rambarde en ferraille d'escalier se décelait par endroit et de gros chiffres, plus hauts que le P'tit Brice, numérotaient les paliers des étages comme dans un parking. Les deux Renards oubliaient ces détails coutumiers trop encrés dans leur quotidien. Ils étaient à l'instant trop absorbés par leur dialogue muet. Makoo et Léone gloussaient. Des regards complices sautaient d'un visage à l'autre. Ces deux-là n'étant pas de grands bavards, lorsqu'ils traînaient ensemble, leurs yeux et fossettes communiquaient autant que leurs langues.
Encore en train de se moquer des hommes qu'ils venaient de dépouiller, ils ricanaient de bon cœur. Cette expédition était pourtant et sans conteste, la plus risquée qu'ils aient menée jusque-là. Léone en particulier, avait frôlé la mort de près. Heureusement, grâce l'aide indéfectible de son partenaire, ils s'en étaient merveilleusement tirés, avec un joli butin qui plus est.
Ces derniers temps, le métis et Léone avaient une fâcheuse tendance à se lancer dans des aventures de plus en plus périlleuses. Cette escalade du risque recelait un arrière-goût de défi savoureux. Makoo, sage à son habitude, devait admettre qu'il raffolait partager le frisson du danger avec la jolie brune, tout en étant conscient que cela les conduisait au-delà du raisonnable. Ces entorses exceptionnelles aux règles de prudence leur rapportaient gros : ça n'en était que plus grisant !
Bien évidemment, ni lui ni Léone ne désirait montrer le mauvais exemple aux plus jeunes. De plus, dans leur for intérieur, ils devinaient qu'Ania elle-même désapprouverait leur audace. Sous cape d'une complicité silencieuse, Léone et Makoo dissimulaient donc le goût du danger qu'ils partageaient. Seuls les rictus emprunts de malice volant dans cette cage d'escalier, auraient pu les trahir.
Ceci restait leur petit secret, bien que Léone soupçonnât parfois Céleste de les percer à jour.
Arrivés au palier de l'appartement, Makoo et Léone abandonnèrent soudain leur légèreté... La porte de l'appartement n'aurait jamais dû être entrouverte. C'était un code parmi d'autres. Chaque Renard refermait systématiquement le battant et ses sécurités derrière lui. Dans le cas contraire, cela signifiait qu'ils avaient eu de la visite... Immédiatement, le duo de choc se colla contre le mur. Makoo inspecta prudemment la porte. Elle ne lui parut pas piégée. Puis il tendit l'oreille par l'entrebâille.
- J'entends rien, chuchota-t-il à l'attention de Léone.
D'un signe de la tête, il invita sa coéquipière à approcher son oreille, dont il savait le tympan extraordinairement doué.
- Ça respire. Y a quelqu'un. P't-être plusieurs personnes même, notifia-t-elle dans un murmure.
En réponse, la lame du couteau de Makoo effleura son étui. Les veines gonflèrent le dos bronzé de sa main - il en tenait fermement le manche. De sa main gauche, ses longs doigts bronzés comptèrent le top départ. Léone se tint prête. Un... Deux... Trois... Et les deux acolytes poussèrent d'un coup la porte du Terrier !
Tout y était sens dessus dessous. Une bataille avait dû éclater ici, mais les intrus se trouvaient manifestement ailleurs. Le duo pénétra dans la salle commune à pas de velours, chacun dans un sens opposé, pour agrafer en tenaille un éventuel ennemi. Léone tendit à nouveau l'oreille et son ouïe lui indiqua que les respirations provenaient d'une chambre. Celle de Lisa la Fouine.
Un signe du menton et le garçon reçut le message. Ils approchèrent de la petite pièce à la porte close. Là encore, le garçon compta silencieusement à l'aide de ses longs doigts. Un... Deux... Trois... Et ils y entrèrent en trombe, prêts à défendre leur territoire jusqu'à la mort !
VOUS LISEZ
Destination interdite (Tome 1 - La Tour)
Gizem / GerilimAu coin des ruelles sombres et nauséabondes du Bas-Monde, calfeutré dans le noir, on le chuchote tout bas... « Les Tours sont maudites. » Mais personne n'en sait plus. Sur la Terre, les rumeurs, mythes et légendes se répandent dorénavant comme une t...