Ruines de la vérité

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A Poudlard, dans le bureau du Directeur, un vieux sorcier fulminait, bien loin de l'image de vénérable grand-père bienveillant qu'il avait l'habitude de donner.


Albus Dumbledore avait commencé très tôt à manœuvrer dans l'ombre pour le plus grand bien. Gellert et lui avaient longuement débattu de ce plus grand bien - la formule leur avait plu et ils se l'étaient appropriée - , et avaient eu quelques disputes sur la façon de façonner le monde magique.


Ils étaient jeunes, mais ils s'étaient violemment battus après la mort d'Ariana, la jeune sœur d'Albus. Ils s'étaient séparés définitivement brouillés et étaient partis chacun de leur côté. Sans Albus pour le modérer, Gellert avait été pris d'une frénésie meurtrière pour conquérir le monde magique. Et ils avaient fini par s'affronter tous les deux.
Pour le plus grand bien, Albus l'avait arrêté, et l'avait envoyé pourrir sans un regret à Nurmengard - la prison créée par Grindelwald lui-même. Et il était devenu un héros aux yeux du peuple magique, celui qui s'était dressé seul face au mal, celui qui avait arrêté la menace.


Il avait souri d'un air modeste quand il avait été décrit comme le plus grand mage blanc depuis Merlin. Mais il n'avait certainement pas protesté. Albus Dumbledore avait enfin l'impression d'être à la place qu'il méritait.
Président du Magenmagot et Directeur de Poudlard, il était probablement celui qui avait le plus de pouvoir. Plus que ce idiot de Fudge, qu'il manipulait à sa convenance.

Lorsqu'il avait entendu la prophétie qui concernait les Potter - ou les Longdubas, mais il pariait sur la famille Potter - il s'était immiscé dans leur vie pour soit-disant les protéger. Il se moquait bien de ce qui se passerait, il voulait juste être présent pour profiter de la situation pour éradiquer un second mage noir.
S'il parvenait à arrêter Voldemort - autrefois Tom Jedusor - alors il tiendrait le monde magique au creux de sa paume. Il pourrait enfin créer le monde idéal dont il avait toujours rêvé.

Il avait encouragé James Potter à choisir Peter Pettigrew - plus faible que Sirius Black. Le soir de l'attaque, il était prêt.
Severus était devenu son espion personnel, puisque Albus avait habilement joué sur son amour impossible pour Lily et sur sa culpabilité de l'avoir mise en danger en répétant les mots qu'il avait entendu dans la taverne d'Alberforth. Il avait su que l'attaque était imminente, mais il n'avait pas prévenu les Potter. Il s'était organisé, et avait attendu.


A l'instant même où tous les Mangemorts s'effondraient à cause d'une douleur insupportable à l'endroit de leur marque, Dumbledore avait ordonné à Hagrid d'aller chercher le fils Potter - le Sauveur devait avoir survécu, bien entendu - et avait autorisé Severus à s'occuper du corps de son amour perdu. Il était certain que voir le cadavre de Lily le lierait plus encore à lui, et le rendrait plus fidèle que jamais.
Minerva l'avait accompagné dans le quartier où vivait la sœur moldue de Lily, et il avait attendu que tout se mette en place.


Il avait eu la désagréable surprise de se retrouver avec deux enfants sur les bras - dont un inconnu - et Severus avait pris les choses en main, l'obligeant à retourner à Poudlard. Il s'était incliné, mais dès l'aube le lendemain, il avait expédié les gosses chez les moldus, persuadé qu'ils lui serviraient un jour.
Minerva avait bien tenté de le contrer mais un sort d'oubliette avait réglé les choses.


Pour être certain de ne pas avoir d'autres mauvaises surprises, Albus avait expédié Sirius Black au fin fond d'Azkaban, lui refusant un procès, et masquant les preuves de son innocence.

Et voilà qu'un léger détail entraînait la chute de tous ses efforts.
Albus se tenait sur les ruines de la vérité, de sa vérité. Quelqu'un - il n'avait pas encore trouvé qui - avait soufflé des doutes dans l'oreille d'Amélia Bones et cette stupide sorcière éprise de vérité avait creusé l'affaire Sirius Black. Bien évidemment, elle avait rapidement trouvé les irrégularités du dossier. Pas de procès, pas de preuves directes. Sirius n'avait même pas été interrogé. Il avait juste été jeté au cachot et oublié.
Lorsqu'elle avait demandé à ce qu'il soit amené pour interrogatoire, Albus avait espéré que Sirius soit mort ou fou à lier, mais il n'avait pas eu cette chance.


Ainsi, il avait perdu le siège de président du Magenmagot, et un ordre de libération avait été signé au nom de Sirius Black. Albus avait immédiatement envoyé un hibou à Remus, espérant que le loup-garou - qui lui était aveuglément fidèle - puisse maîtriser son chien fou d'ami.


Mais ils étaient arrivés trop tard. Sirius était déjà parti, et était totalement introuvable.
Depuis, Minerva le regardait d'un air soupçonneux, et Severus passait de plus en plus de temps avec ses anciens amis Mangemorts.

Tout partait en lambeaux autour de lui, mais il était un sorcier puissant. Le plus grand sorcier depuis Merlin.
Avec un grognement agacé, il se servit une tasse de thé. Puis, il commença à réfléchir.


Minerva finirait par se calmer. Il avait juste à l'ignorer, à la laisser tourner en rond, brûlante de curiosité. Si vraiment elle devenait trop collante, un autre oubliette réglerait le problème comme autrefois.


Severus... Severus ne lui servait à rien pour l'instant. Autant le laisser garder des liens avec les familles sombres, peut être qu'un jour ça lui serait utile. Il raccourcirait la laisse de son espion quand il aurait besoin de lui, en attendant autant lui laisser un peu de liberté - illusoire bien sûr. Et puis... son traitement de faveur monterait les autres professeurs contre lui et l'isolerait efficacement. Finalement, les petites affaires de Severus n'étaient pas un problème.


Sirius avait disparu. C'était gênant, mais l'opinion des sorciers n'avait pas vraiment changé. Sirius Black restait un repris de justice, malgré les articles l'innocentant, malgré sa libération. Personne n'irait suivre cet homme, surtout que Azkaban devait avoir bien entamé sa santé mentale. L'homme ne devait même pas se rappeler qu'il avait un filleul.
Décidément, tant que Sirius restait caché et silencieux, il n'y avait pas de problèmes.


Albus retrouva le sourire, en se rendant compte qu'il pourrait continuer ses petites manigances. Son erreur avec le procès Black pourrait être attribuée à la panique qui avait gagné le monde sorcier à l'époque, et il plaiderait une simple faute de sa part. Il n'était pas infaillible après tout.


Avec un grognement, le sorcier se leva et se pencha devant sa cheminée. Il lança une poignée de poudre de cheminette dans l'âtre et attendit que quelqu'un ne réponde à son appel.
- Miss Figg ?
La vieille femme poussa un chat devant elle et lui sourit.
- Albus !
Il coupa court aux formules de politesse qu'elle s'apprêtait à dérouler pour en arriver au vif du sujet.
- Comment vont les garçons Potter ?


Arabella Figg soupira et haussa les épaules.
- Ils se sont enfui il y a quelques semaines, Albus. Il y a eu un incident, ils ont blessé leur oncle et l'ont envoyé à l'hôpital et ils sont parti en courant. Personne ne les a revu et la police moldue ne les a pas retrouvé.

Prompt de demain : évasion

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant