Tu es mon double

Hôpital

Severus avait conduit Charles Potter directement à son bureau, lèvres pincées, mécontent. Tout élève qui les aurait croisé aurait immédiatement compris que le jeune Serpentard de première année allait avoir des problèmes. De très gros problèmes, compte tenu de la fureur du pire professeur de Poudlard.

Charles suivait silencieusement, n'essayant même pas de parlementer. Le jeune garçon était effrayé d'avoir déçu l'homme qu'il admirait, au risque de perdre la relation d'amitié qu'ils avaient. L'angoisse lui tordait l'estomac, et une pointe de culpabilité l'envahissait, sans qu'il ne puisse définir ce qu'était cette émotion inconnue.

Severus, pour sa part, oubliait qui était réellement le garçon qu'il traînait à sa suite. Il prenait son rôle de professeur à cœur, autant que celui de protecteur des garçons Potter. Charles avait été stupide d'en venir aux mains avec cet idiot de Weasley, dont la famille léchait les bottes de Dumbledore... Et il comptait bien le lui faire comprendre, de force si nécessaire.
Lorsqu'il se tourna pour faire face à l'adolescent, il s'attendait à trouver un regard noir plein de défi, voire légèrement moqueur. Un regard rebelle, prêt à contester son autorité.

Aussi le sévère professeur fut légèrement déstabilisé de se trouver face à un Charles Potter misérable, se sentant visiblement coupable. Celui-qui-avait-été-Voldemort avait visiblement beaucoup changé dans cette nouvelle vie, et Severus se contenta de soupirer avec lassitude.

D'un geste sec de la main, le professeur désigna une chaise.
- Assis.
Charles obéit immédiatement, sans un mot, les mains crispées sur ses genoux. Severus devina qu'il en faudrait peu pour que le gamin ne fonde en larmes et il s'adoucit légèrement. Il ne voulait pas l'humilier, juste lui faire comprendre qu'il avait commis une erreur.
- Sais-tu qui est Ronald Weasley ?

Une lueur de colère passa dans le regard sombre.
- Un stupide Gryffondor qui passe son temps à nous insulter et...
- Stop.
Severus se pinça la base du nez et grogna légèrement. Il pouvait faire confiance à un Weasley pour amener le chaos... Il leva les yeux sur le garçon face à lui et le fixa un long moment, jusqu'à ce que Charles ne se tortille, légèrement mal à l'aise.
- Des abrutis, tu en rencontreras beaucoup dans ta vie.

Dans d'autres circonstances, Charles aurait gloussé et lui aurait demandé s'il parlait d'expérience. Mais il n'osa visiblement pas, comprenant que Severus était sérieux, et qu'il n'aurait pas de passe-droit malgré leur relation privilégiée.
- Cependant... La famille Weasley est très proche de Albus Dumbledore. A ton avis, qui sera gagnant si le Directeur est amené à vous départager ? Veux-tu tant que ça être séparé de ton frère ?

Vaincu, Charles baissa la tête.
- Je suis désolé.
- Tu peux. Tu vas avoir droit à une retenue. Cependant... si jamais je te reprends à te laisser déborder face à n'importe qui d'autre, sois certain que je te le ferais regretter. Est-ce clair ?
- Limpide.
- Parfait. Rejoins ton dortoir.

Le jeune garçon se leva, sans oser lever la tête vers Severus. Arrivé à la porte du bureau, il s'immobilisa pourtant, la main sur la poignée.
- Severus ? Je suis réellement désolé. Pardon.
Severus ferma un instant les yeux, soulagé de voir que Charles était loin d'être insensible.
- Tout le monde peut commettre des erreurs Charles. Le tout est de ne pas recommencer.
C'était un pardon implicite et cela suffit au jeune Serpentard pour se détendre. Il quitta le bureau le pas légèrement plus léger sous le regard attentif de Severus.

**

Lorsqu'il entra dans son dortoir, Harry était déjà présent, allant et venant, les poings serrés. Charles soupira, et s'accouda au chambranle de la porte, observant son jumeau.
- A quel point tu m'en veux ?

Harry se tourna brusquement, ses yeux verts lançant des éclairs.
- Je t'avais dit de te calmer, de l'ignorer !
Charles grimaça, et esquissa un pas en direction de Harry. Cependant, son frère le stoppa dans son élan.
- Je te préviens, Charlie, je vais aller faire la paix avec ce fichu rouquin. Je me fiche de ce que tu en diras, mais je refuse que l'un d'entre nous ne termine à l'hôpital à cause de vos bagarres stupides !

- Mais il n'arrête pas de nous insulter !
La voix de Charles sonna plaintivement, et Harry soupira et secoua la tête.
- Je ne le laisserai pas faire. On peut toujours lui laisser une chance de montrer qu'il n'est pas aussi stupide que tu le penses. Ses frères vont lui parler.
- Les jumeaux ?
- Eux-même.
- Ils sont sympa eux. Pourquoi on peut pas juste sympathiser avec eux et oublier l'autre ?
- Charles...

Harry jeta un regard sévère en direction de son frère, mais un léger sourire jouait sur ses lèvres. Charles se jeta dans les bras ouverts de son jumeau, et capitula rapidement.
- D'accord. On fera comme tu voudras. Mais s'il t'insulte, toi ou même Drago, je te jure que je...
- Tu ne feras rien. Tu me laisseras m'en occuper.

Avec un léger gloussement Charles ébouriffas les cheveux de Harry.
- Hors de question. Tu es bien trop gentil. Il va abuser de ta compréhension et tout ça et te mener par le bout du nez ! Je vais le surveiller de près et si...
- Charlie ? Je peux me défendre tu sais.

Après leur câlin, ils s'installèrent en tailleur sur le lit de Harry.
- Où est Drago ?
Harry grimaça légèrement.
- Parti envoyer une lettre à Lucius pour lui expliquer ce qui s'est passé.

Charles ricana.
- Vous vous êtes disputés.
Ce n'était pas une question, il pouvait le deviner face à l'air maussade de son frère lorsque le blondinet avait été évoqué. Harry ne chercha même pas à nier.
- Si tu pouvais lui expliquer pourquoi il ne faut pas se faire remarquer en se battant avec Ron Weasley... Il pense que je préfère être ami avec le Gryffondor plutôt qu'avec lui.

Charles hésita un bref instant.
- Je suis désolé Harry. Je... C'est juste que je ne l'aime pas du tout. Il a des idées tellement arrêtées et il nous regarde comme si on était... rien. Mais tu as raison, j'aurais dû l'ignorer. Comme on le faisait avec Big D.
Harry sourit et lui déposa un léger baiser sur la joue.

- C'est tout ce que je te demande. Ignore-le si tu veux, mais plus de bagarre.

Prompt de demain : Dictateur