Cesser d'espérer

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Malgré ce que Severus avait espéré, Dumbledore n'avait pas changé d'avis. Il semblait même impatient de se débarrasser des enfants Potter.


Le Directeur avait cédé face à Pomfresh pour laisser les bambins dormir à Poudlard, au chaud. Minerva avait tenté de plaider pour que les enfants ne restent dans le monde magique.
Dumbledore cependant, avait immédiatement refusé. Voyant le froncement de sourcils soupçonneux de la directrice adjointe, il avait prétexté que c'était une façon de s'assurer de la sécurité des garçons.


Les arguments de Minerva affirmant haut et fort qu'il n'y avait pas lieu plus sécurisé que Poudlard avait étaient immédiatement écartés d'un geste de la main. Et Albus avait affirmé d'un ton docte que l'avantage de laisser les deux enfants grandir chez la famille de moldue de Lily Potter permettait de bénéficier de la magie du sang.


Selon lui, le sacrifice de la jeune mère avait été un acte de pur amour qui avait permis la survie des enfants à l'Avada. Et il était évident que cette magie coulait dans le sang de la famille Evans. Il était donc impératif que les enfants soient élevés là où cette protection serait la plus forte, au sein de la famille moldue la plus proche de Lily.

Severus avait informé Minerva des mauvaises relations entre les sœurs Evans, et il lui avait expliqué à quel point Pétunia haïssait la magie. La Directrice des Gryffondor avait semblé horrifiée par cette information et elle avait secoué la tête, les yeux écarquillés, son chapeau pointu menaçant de tomber de sa tête.
Ainsi, lors de sa conversation avec Albus, Minerva avait suggéré que confier les garçons à une moldue détestant la magie n'était peut être pas le meilleur moyen de les tenir en sécurité.


Albus renifla d'un air méprisant, et haussa les épaules.
- Et quelles vies auront ces garçons dans le monde magique ? Adulés pour un acte dont ils sont inconscients ? Félicités d'avoir provoqué la mort d'un homme, d'avoir causé la mort de leurs parents !
Minerva s'apprêtait à protester, horrifiée que Dumbledore puisse seulement suggérer que les Potter étaient morts à cause des deux enfants trouvés dans leur maison.

Le lendemain matin, après avoir passé une nuit blanche à réfléchir à la situation, Minerva était décidée à tenter de nouveau de faire changer d'avis Albus. Severus avait semblé suffisamment inquiet pour que la directrice adjointe ne prenne ses avertissements au sérieux.
Elle n'allait pas cesser d'espérer pouvoir changer les choses juste parce qu'Albus en avait décidé ainsi !
Cependant, en arrivant dans l'infirmerie, elle eut la surprise de la trouver vide de toute présence. Avec un grognement agacé, et un geste d'humeur, Poppy, mécontente, lui avait appris qu'Albus était arrivé à l'aube et qu'il avait emmené les enfants, malgré ses protestations.


Minerva était aussitôt partie à grands pas, folle de rage.

****


Albus était furieux que les choses ne se passent pas tout à fait comme il l'avait prévu. Déjà, Hagrid n'avait pas été capable de lui amener le gamin Potter. Il avait été choqué d'apprendre qu'il n'y avait pas un seul enfant, mais deux. Deux gosses aux cheveux noirs, portant une marque de Magie noire sur le corps. Deux gosses amenés à être puissants.
Severus avait mis son grand nez dans ses affaires. Il aurait dû détester le fils Potter, mais il semblait au contraire s'y être attaché, se souciant réellement de leur avenir.


Bien évidemment, il avait fallu que Minerva réagisse également. Il se doutait que l'écossaise ne laisserait pas les choses passer facilement, donc, il s'était levé à l'aube, bien décidé à soustraire les enfants à sa curiosité.


Il lui avait suffit de prendre un ton sans appel pour obliger Poppy à lui obéir. Sans soutien, l'infirmière avait cédé.


Devant la maison des Dursleys, il observa les lieux un instant. Il savait parfaitement que ces moldus détestaient la magie. Il avait suffisamment entendu Lily en parler lorsqu'elle faisait partie de l'Ordre du Phénix.
Un seul enfant aurait pu passer. Il aurait pu attendrir la femme qui vivait là pour la forcer à accueillir son neveu.


Mais avec deux enfants, dont un sorti de nulle part, les choses allaient être plus délicates. Il soupira et avança d'un pas décidé. Il posa les enfants sur le pas de la porte, installés dans un petit couffin. Puis il frappa sèchement à la porte.


La femme qui lui ouvrit n'avait rien en commun avec Lily Evans. Là où Lily était fraîche et jolie, Pétunia était revêche et ordinaire. En le voyant dans sa robe colorée, elle grimaça, et recula prête à fermer la porte. Mais vif pour son âge, Dumbledore leva sa baguette et lança un sort.
Immédiatement, les yeux de Pétunia Dursley devinrent vitreux.


Dumbledore sourit. C'était un sort dérivé de l'Imperium qui n'avait pas été classé comme impardonnable. C'était de la magie très sombre certes, mais personne n'en saurait rien... Il implanta à la moldue la suggestion qu'elle devait absolument prendre en charge les enfants de sa sœur. Il ne chercha pas à lui imposer de les choyer, juste de les accueillir : il la laissait seule juge de l'éducation qu'elle souhaitait leur donner.


Juste avant de transplaner, il libéra Pétunia de son emprise, la laissant découvrir les deux bébés sur le pas de sa porte, serrés l'un contre l'autre.


****


Minerva avait assisté à la scène de loin. Plutôt que d'intervenir comme elle avait failli le faire, elle resta à distance. Sourcils froncés, elle attendit que Dumbledore soit parti pour s'approcher sous sa forme animagus.
Elle sauta sur le rebord de la fenêtre pour jeter un œil à l'intérieur de la maison, comptant sur ses oreilles félines pour la renseigner sur ce que ces moldus se disaient.


Les deux garçons étaient abandonnés au sol, toujours dans le petit couffin. Ils ne pleuraient pas, mais se serraient craintivement l'un contre l'autre en position assise. Ce qui les effrayait était peut être les hurlements entre Pétunia et son mari. La femme se montrait inflexible sur le fait qu'ils allaient élever les garçons. Le mari ne voulait rien en rapport avec des "anormaux" comme il le disait, plein de haine.


Finalement, il ouvrit violemment la porte d'un placard sous l'escalier et jura qu'il ne donnerait rien d'autre aux monstres qui venaient polluer son espace.
La femme hocha la tête, visiblement d'accord et traîna les deux bambins en les attrapant par les bras pour les enfermer dans le placard sans le moindre geste de tendresse.

Prompt de demain : Ni aujourd'hui, ni demain

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant