Tu es mon double

Défier la mort

Au matin de Noël, Severus profitait de l'ambiance festive du Manoir Malefoy. Il avait assisté au réveil des enfants, et voir la joie dans leurs yeux avait suffi à lui réchauffer le cœur.

Dans son enfance, son adolescence et dans sa vie d'adulte, il n'avait jamais été aussi heureux qu'en ces moments. Pour la toute première fois de son existence, il se sentait à sa place, avec le fils de celui qui avait été son pire ennemi, et la réincarnation de celui qu'il avait appelé autrefois Maître en un enfant innocent.

Les enfants avaient tous reçu un balai en présent, le dernier sorti sur le marché, l'éclair de feu. Aussitôt, des hurlements de joie avaient retenti, et ils s'étaient tous les trois précipité dans le parc du Manoir, chaudement vêtu pour s'élancer vers les cieux.

Sirius leur avait emboîté le pas, pour les surveiller, riant et les interpellant comme le grand enfant qu'il était resté malgré les épreuves qu'il avait traversé.
Severus et Lucius les observaient en sirotant une tasse de café, installés confortablement au chaud.

Pensivement, Severus prit la parole, plus détendu qu'il ne l'avait jamais été.
- Je suis heureux que le monde magique soit en paix.
- Il est vrai que la vie est plutôt... agréable sans craindre de terminer à Azkaban.
- Je suis las de jouer les espions et de défier la mort encore et encore.
Lucius laissa échapper un léger gloussement.
- Il est vrai que tu n'as pas choisi la voie la plus simple, mon vieil ami...
Severus se perdit un moment dans ses souvenirs, repensant aux raisons pour lesquels il avait prit la marque, puis les raisons pour lesquelles il avait tourné le dos à Voldemort, rejoignant Dumbledore.

Il haussa doucement les épaules.
- Tu as été un de mes rares amis du temps de Poudlard, Lucius, et pourtant tu étais plus vieux que moi. J'ignore pourquoi tu m'as... remarqué mais...
- Oh par Merlin Severus. Tu étais un gosse solitaire, pauvre et malheureux, mais tout le monde savait que tu étais un génie en potions. Avant de t'apprécier en tant qu'ami, j'ai bien évidemment vu en toi un grand potentiel.
- La même raison pour laquelle IL m'a remarqué.

Lucius but un peu de café, pensivement.
- Pourquoi es-tu devenu Mangemort ? Je me souviens bien sûr de tes... différents avec les stupides Gryffondors qui jouaient les rois du monde, dont Black ici présent faisait partie, mais... Tu étais proche de Evans.
- Nous nous sommes brouillés avec Lily  et... par désespoir j'ai pris cette voie. Je pensais que c'était la seule solution qui me restait. Entre la mort de ma mère et les... Les sévices de mon père je ne voyais aucune autre porte de sortie pour survivre.
- Tu n'as jamais cru au discours du Maître. Contrairement à moi. Pourquoi avoir quand même pris cette décision ? C'était risqué...
- Serpentard, Sang-mêlé et pauvre. J'ai vendu mon âme pour obtenir la vengeance. Mais une fois mon père mort, et après avoir donné cette maudite prophétie au Seigneur des Ténèbres, je me suis rendu compte de mes erreurs.
- Et tu as rejoint Dumbledore.

Severus ricana tristement.
- Une erreur supplémentaire. Je voulais sauver Lily mais je n'ai fait que précipiter sa fin.
Lucius ne commenta pas, jetant juste un regard triste envers son ami. Il pourrait lui dire qu'il lui serait venu en aide, mais ils savaient tous les deux qu'à l'époque ils n'étaient pas libres de leurs mouvements. À l'époque, Lucius n'avait pas été aussi lucide sur la voie qu'il avait choisi.
L'aristocrate était déjà Mangemort et aurait été tenu de livrer Severus, ce jeune Maître des potions prometteur. Quand à Severus, afficher l'amitié avec Lucius aurait été afficher son appartenance aux ténèbres aussi clairement que la marque des Ténèbres qu'il avait porté.

Avec une légère hésitation, Lucius posa la question qui le taraudait.
- Tu as l'air certain que le Maître ne reviendra pas. Pourtant le vieux fou est persuadé du contraire.
Severus étira ses lèvres en un mince sourire, à l'idée de Dumbledore qui attendait avec impatience le moindre signe du retour de Voldemort. Cependant, il n'était pas inquiet, pas le moins du monde.
- Effectivement, je suis prêt à parier ma propre vie que nous ne risquons rien.

Intrigué, Lucius se pencha vers lui, posant sa tasse de café, ses yeux gris essayant de percer les mystères de son ami.
- Et pourrais-je avoir plus de détails ?

Severus soupira lourdement.
- J'ai bien peur qu'il soit encore trop tôt pour te révéler ce que je sais. Mais je peux t'assurer que j'ai la preuve irréfutable qu'il n'est pas prêt de revenir. Ce qui s'est passé chez les Potter cette nuit là restera un mystère, mais leur sacrifice n'a pas été vain.

Lucius le détailla en silence, puis hocha lentement la tête.
- Bien que je n'aime pas être... dans le flou, je te fais confiance. Si tu es sûr de toi, mon ami...
- Je le suis. Et tu seras le premier au courant.

Lucius termina sa tasse et la posa en claquant des lèvres.
- Bien. Si nous allions voir où en sont les enfants ? Je suis certain que Harry et Charles meurent d'envie de te montrer leurs prouesses...

Severus hocha doucement la tête, reconnaissant à son ami pour avoir changé de sujet.
Ses erreurs passées n'étaient pas une conversation agréable pour le matin de Noël, pas plus que parler de Voldemort.

Cependant, Severus avait la certitude que Dumbledore serait très vite déçu. Le retour des Ténèbres qu'il attendait avec tant d'impatience ne se produirait assurément pas.
Il se leva souplement et suivit Lucius, ignorant le froid mordant de décembre.

Les trois garçons avaient les joues rouges et riaient, heureux. Ils semblaient ne pas se lasser de profiter de leurs balais, s'interpellant joyeusement. Sirius tournoyait avec eux, riant aux éclats, poursuivant les enfants les uns après les autres.

Severus ne put s'empêcher de sourire en réponse à Charles. L'instant d'après, le garçon se posait pour se jeter dans ses bras, parlant à toute vitesse, bien loin de sa retenue habituelle.
Le maître des potions n'hésita pas un seul instant à le serrer fort contre lui, même en sachant qui il était réellement. Surtout en sachant qui il était, comme si le sauver de lui même était l'ultime hommage qu'il pourrait rendre à Lily.

Rapidement, Harry se posa pour venir également contre lui, aux côtés de Charles, lui demandant s'il l'avait vu voler.
A cet instant précis, pour Severus, ils étaient ses garçons. Ses fils. Et il ferait tout pour les protéger.

Prompt de demain : mort vengeresse