Tu es mon double

Balai

Satisfait du résultat de sa petite prise de risque, Lucius était de très bonne humeur. Harry et Charles Potter avaient gagné des protecteurs, de puissants protecteurs affiliés aux ténèbres.
C'était d'une ironie délicieuse que la lumière ait mis en danger les Sauveurs du monde magique, alors que les fidèles de l'ancien Mage Noir se soient entendus pour les mettre à l'abri...

La veuve Zabini était restée un peu plus longuement que les autres, et avait observé les enfants jouer à l'extérieur, sans même demander à s'approcher d'eux. Cependant Lucius se doutait que le jeune Zabini - Blaise - viendrait rapidement rendre visite à son grand ami Drago...
Elle avait plissé les yeux, en regardant les deux petits bruns, puis elle avait fait claquer sa langue contre son palais.
- Dumbledore ne doit pas remettre les mains sur eux.

Face à l'air surpris de Lucius, elle avait ricané.
- J'ai peut être enterré neuf maris, mon cher, mais mon fils est ce que j'ai de plus précieux. Le bien-être des enfants devrait être quelque chose de primordial dans le monde magique, quelles que soient les convictions de leurs parents.
Lucius hocha la tête, retrouvant les paroles de Narcissa, lorsque Severus avait demandé son aide au tout début. Il soupira.
- Ce sont de gentils gosses, qui ont vécu bien trop de malheurs.
- Avec votre aide, ils s'en sortiront. Les enfants ont cette capacité à... oublier le mauvais pour garder le bon.

Ils étaient restés silencieux un instant, puis la femme sculpturale aux yeux clairs - les yeux incroyables du jeune Blaise venaient de sa mère alors qu'il avait pris le teint métissé de son père - le salua.
- Je pense que nous nous reverrons vite, Lucius. Tenez moi au courant...
Elle jeta une poignée de poudre de cheminette dans l'âtre, mais avant de donner sa destination, elle le fixa un instant.
- Sachez que Severus et vous avez gagné ma famille comme alliée par votre volonté d'aider ces gosses. Ma famille est neutre, mais je ne supporte pas que les enfants soient blessés par la stupidité des adultes.

Puis elle était partie après avoir dit à voix intelligible "Manoir Zabini".

Lucius avait souri, satisfait. Puis il avait rejoint les enfants à grands pas.
En le voyant, les deux Potter s'immobilisèrent, un peu hésitants. Lucius ne fit pas la moindre remarque, et s'adressa à Drago tout en surveillant les jumeaux du coin de l'œil.
- Les enfants. Que diriez-vous d'apprendre à utiliser un balai ?

Il nota la crispation des deux bruns, et il fronça les sourcils, ne comprenant pas ce qu'il avait pu dire pour provoquer cette réaction. Drago sautilla en tapant des mains, visiblement ravi.
- Vraiment ? Tu vas nous montrer ?
- A la condition de ne pas faire d'imprudences bien évidemment.

D'un geste de baguette, Lucius fit venir trois balais d'un Accio. Drago se précipita et enfourcha l'objet, trépignant d'impatience, attendant les instructions. Harry et Charles échangèrent un regard surpris et avec beaucoup d'hésitations, ils imitèrent Drago.

Avec patience, Lucius vérifia leurs positions respectives et leur expliqua comment donner un coup de talon au sol pour décoller.
Drago et Charles s'y reprirent à deux fois avant de réussir à s'envoler. Cependant, Harry s'éleva immédiatement, et se dirigea instinctivement, comme s'il avait volé toute sa vie.

Lucius l'observa, impressionné même s'il ne voulait pas le montrer. Il se doutait bien évidemment que les gosses devaient être puissants, puisqu'ils avaient vaincu le Seigneur des Ténèbres. Mais ils étaient si jeunes et étaient encore fragilisés de leur enfance malheureuse.
Un bref instant, l'aristocrate maudit de toutes ses forces Dumbledore, jurant qu'il lui ferait payer ce qu'il avait fait à ces gosses. Si le sorcier qui se disait le chef de la lumière avait voulu créer de toutes pièces un nouveau mage noir, il ne s'y serait pas pris autrement.

Il admira Harry qui virevoltait avec aisance, ses yeux verts écarquillés et un large sourire plaqué sur le visage. Drago et Charles s'étaient arrêtés et le regardaient, admiratifs.
C'était la première fois qu'il voyait les deux bruns aussi souriants, aussi heureux.

Harry se pencha en avant pour se coucher sur le manche et accéléra légèrement. Le balai répondit parfaitement à ses sollicitations et il éclata d'un rire joyeux et libérateur.
Le rire de Charles, un peu hésitant au départ, répondit à celui de son frère.

Les trois garçons mirent pieds au sol, les yeux brillants et les joues rouges d'excitation. Drago sauta au cou de Harry en gloussant.
- C'était génial !
Charles attrapa la main de son frère et ils échangèrent un long regard. Cependant cette fois, il n'y avait aucune ombre dans leurs yeux, juste de la joie.

Pendant que Drago parlait des nouveaux modèles de balais et lui jurait qu'ils iraient à la boutique de Quidditch pour les voir, Charles s'approcha de Lucius. Il se planta devant lui et le dévisagea de ses yeux sombres.
Lucius eut un instant de malaise, alors qu'il avait une terrible impression de déjà-vu, comme s'il reconnaissait ce regard, ces yeux. Mais la sensation passa alors que Charles lui offrait un sourire sincère.
- Merci Monsieur Malefoy.
- Tu peux m'appeler Lucius, Charles. Tu vas vivre ici après tout.

Charles eut un mouvement d'hésitation, et Lucius craignit que le garçon refuse, et ne revienne à son idée initiale de se débrouiller seul avec son frère. Cependant, il se tourna à demi pour jeter un long regard à Harry puis il soupira.
- Je n'avais jamais vu Harry aussi heureux.

Le cœur de Lucius se serra, même s'il ne montra pas son émotion. Voir tant de reconnaissance pour quelque chose de si... banal et normal lui donnait envie d'en finir avec les moldus ignobles qui avaient brisé ces gosses adorables.
- Et j'espère que ce n'est pas la dernière fois que je vous verrais aussi souriants.

Charles fronça les sourcils et pencha la tête, reprenant son air sérieux.
- Pourquoi vous montrer aussi gentil avec nous ? Qu'est ce que vous voulez ?
Lucius se pencha légèrement pour regarder le garçon dans les yeux, et lui montrer qu'il était sincère.
- Narcissa m'a convaincu d'aider Severus il y a des années, parce qu'elle ne supportait pas l'idée que des enfants puissent être maltraités. Elle avait raison bien évidemment. J'apprécie autant que mon épouse vous avoir à la maison...
Charles hocha la tête avant de lui répondre d'un mince sourire, devinant que venant de l'aristocrate c'était une déclaration particulièrement inhabituelle.

Prompt de demain : un chant d'espoir