Évasion

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Une année passa, pendant laquelle trois enfants grandissaient à l'abri, heureux. Les jumeaux Potter avaient de plus en plus confiance en les adultes autour d'eux. Ils guérissaient doucement, se sentaient mieux.
Ils avaient encore quelques cicatrices qu'ils garderaient, mais Severus avait soigné les plaies avec soin, brassant inlassablement des potions cicatrisantes.
Les cauchemars s'espaçaient, et après avoir dormi des mois dans le même lit, les garçons acceptèrent d'avoir un lit chacun dans la même chambre.


Parfois, Narcissa les retrouvait encore dans les bras l'un de l'autre, profondément endormis, mais c'était de plus en plus rare. Pour autant, ils n'étaient pas moins fusionnels, bien au contraire. Parfois, la sorcière avait l'impression qu'ils communiquaient par la pensée, juste en échangeant un regard.
Cependant, personne au Manoir n'aurait eu l'idée de leur reprocher quoi que ce soit. Il était évident qu'ils avaient besoin de cette complicité et de cette proximité pour se soutenir mutuellement et se sentir totalement en sécurité.


Ils riaient plus souvent également et plus spontanément. Harry était le plus souriant des deux, mais Charles était celui qui avait le plus besoin d'être câliné, qui avait le plus soif de tendresse.
Si les premiers mois, Narcissa avait hésité à les approcher pour ne pas les effrayer, elle n'hésitait plus à les enlacer et à les embrasser, comme elle le faisait avec son propre fils. Et aucun des deux garçons n'avait jamais envisagé de la repousser.


Drago était toujours près d'eux, leur présentant tous ses amis, et les intégrant à son petit cercle. Peu importait que leurs fréquentations ne soient que des sang-pur dont l'allégeance avait été à Voldemort : ils étaient accepté sans la moindre hésitation parce que Drago était celui qui les recommandait.
Drago traitait Charles comme un petit frère, protecteur et taquin. Cependant, Harry était spécial à ses yeux. Harry fascinait Drago, avec ses yeux verts et son caractère frondeur.
Harry était naïf malgré son passé sombre, il était à la fois confiant et méfiant. Harry était bourré de contradictions.

Alors qu'ils arrivaient à leurs neuf ans, les trois garçons se moquaient bien de la politique, de la guerre qui avait eu lieu lorsqu'ils étaient bébé ou de l'opinion de ceux qui les entouraient.
Pour Harry et Charles, qu'importait si Lucius et Severus avaient porté la marque des Ténèbres, s'ils étaient les ennemis de Sirius et du couple Potter. Ce que les enfants voyaient c'était les hommes qui s'étaient souciés d'eux, qui étaient venus les chercher et qui leur avaient offert un foyer.

***


Les enfants Potter n'étaient pas les seuls à avoir besoin de temps pour guérir.
Sirius avait également eu besoin d'un long moment pour cesser de sursauter à chaque bruit, pour ne plus cauchemarder qu'il était de retour à Azkaban.


Si son corps était guéri de la sous alimentation qu'il avait subi pendant son emprisonnement et des divers sévices, ce n'était pas le cas de son esprit. Il se torturait encore avec la culpabilité d'avoir laissé ses amis mourir, il se sentait toujours aussi mal d'avoir été trahi par ceux qu'il appelait autrefois ses amis.


C'était Charles qui sans le savoir l'avait mis sur la voie de la guérison. Un jour qu'ils discutaient, le garçon avait fixé l'animagus d'un air sérieux.
- Toi aussi tu avais le tatouage de celui qui a tué nos parents ?


Effaré, Sirius l'avait regardé, ne sachant pas quoi répondre. Il n'avait jamais imaginé que Severus et Lucius aient pu être si honnêtes avec les deux garçons, et que ces derniers prennent l'information avec autant d'indifférence.
Il soupira et secoua la tête en signe de négation. Charles hocha la tête et changea de sujet.


C'était à partir de ce moment qu'il avait décidé d'enterrer le passé. De ne plus rester focalisé sur ce qui avait eu lieu mais au contraire de regarder l'avenir et de se concentrer sur les vivants.

***


A Poudlard, Dumbledore était sur les dents. Il avait gardé pour lui la fuite des jumeaux Potter, et il écumait le monde moldu à leur recherche, pensant que deux gosses livrés à eux-mêmes, sans argent, sans soutien, ne pourraient pas rester indéfiniment invisibles.


L'évasion des Potter était un sérieux problème : il avait besoin de les retrouver rapidement pour les replacer chez leurs relatifs, pour s'assurer garder le contrôle sur eux.

Il avait rendu visite à la sœur de Lily Potter, et il avait utilisé la légilimentie. Il avait vu la façon dont avaient été traité les deux garçons, mais ça ne l'avait pas vraiment ému. Il n'avait pas besoin de gamins heureux, il avait besoin d'armes efficaces pour contrer Voldemort lorsqu'il reviendrait.
Albus avait été satisfait de voir l'explosion de magie que les gosses avaient dégagé, signe qu'ils étaient puissants et qu'ils seraient parfaitement aptes à se battre. Leur fuite posait plus problème, puisque même après un an à fouiller l'Angleterre moldue, il n'arrivait pas à les localiser.


Que ce soit les orphelinats ou les foyers d'accueils, personne n'avait entendu parler de jumeaux fugueurs. Il était certain que les gosses ne savaient rien du monde magique, et la cicatrice sur le front de Harry Potter était suffisamment célèbre pour qu'aucun sorcier ne les ait trouvés : la Gazette en aurait forcément parlé.


Après tant de temps sans avoir le moindre signe de vie, Albus hésitait à contacter les membres de l'Ordre du Phénix pour l'aider dans cette recherche. Cependant, il doutait de cette décision : il ne voulait pas que les conditions de vie des gosses soient connues, et que ceux qui le suivaient commencent à se poser des questions sur ses méthodes.

Finalement, Dumbledore choisit un compromis : il avertirait l'ordre si les garçons n'étaient pas retrouvés à la veille de rentrer à Poudlard. En attendant, il allait continuer à chercher attentivement. Et mieux encore : il allait se servir des moldus pour l'aider.
C'est ainsi qu'un vieillard excentrique se présenta dans un poste de police, près de Little Whinging et il déclara la disparition de ses petits-enfants. Il joua le rôle d'un grand-père inquiet, un peu dépassé, et l'agent qui le reçut lui promit de lancer un avis de recherche.


Satisfait, Dumbledore répéta l'opération dans un poste de police de Londres, au cas où les gosses se cacheraient dans la capitale, puis rentra à Poudlard. Désormais, un avis de recherche circulait dans le monde moldu.
Le vieux sorcier était certain que rapidement il mettrait la main sur les deux petits fugueurs et pour la première fois depuis longtemps, il se montra souriant et de bonne humeur au repas du soir.


Prompt de demain : pour vivre à nouveau

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant