Accusations non fondées

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En recevant le mot de Minerva, Severus jura entre ses dents. Il avait vraiment pensé avoir plus de temps avant que Dumbledore ne s'empare des garçons. Il laissa en plan ses chaudrons qui bouillonnaient doucement pour se rendre à l'infirmerie. Il parcourut les couloirs à grands pas, les pans de sa cape volant derrière lui, comme à son habitude. Lorsqu'il poussa les portes du domaine de Pomfresh, il jura de nouveau en trouvant l'infirmerie déserte.


Lorsqu'elle l'entendit, Poppy Pomfresh sortit de son bureau, l'air sombre. Elle se dérida légèrement en voyant qu'il s'agissait du Maître des Potions.
- Severus. Que puis-je pour vous ?
- Où sont les petits Potter ?
Poppy ne se formalisa pas de son ton cavalier, puisqu'elle en avait l'habitude. Son visage se referma, et elle secoua la tête, visiblement furieuse.
- Partis ! Dumbledore est arrivé à l'aube et les a réveillé sans pitié ! J'ai eu beau protester, il n'a rien voulu entendre.
Poppy continua à maugréer, mais le maître des potions ne faisait plus vraiment attention à ses récriminations.

Severus se passa une main tremblante sur le visage et interrompit le monologue de Poppy.
- Où les a-t-il emmenés ?
- Parce que vous pensez que je suis dans la confidence ? Vous allez devoir trouver ça tout seul, mon ami !


Minerva les interrompit en entrant dans l'infirmerie.
- Poppy, très chère, voudriez-vous me donner une potion pour le mal de tête ? Je souffre d'une migraine terrible.
L'infirmière soupira et hocha la tête avant de se rendre dans la pièce attenante où elle stockait ses remèdes. Severus profita de l'absence momentanée de l'infirmière pour se pencher vers sa collègue.
- Minerva, j'ai bien reçu votre mot. Pourriez-vous me donner l'adresse dont vous m'avez parlé ?


L'écossaise fronça les sourcils.
- De quoi parlez vous ? Je ne vous ai rien envoyé Severus.
- A propos des enfants Potter, vous m'avez dit...
- Des enfants... ? Mais je ne comprends pas de quoi vous voulez parler. Albus sera plus à même de vous renseigner, voyons ! C'est lui qui s'occupe de ce genre de choses, vous le savez bien.


Severus fit volte-face pour quitter l'infirmerie, fou de rage. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre ce qui c'était passé. Minerva ne se souvenait pas d'avoir envoyé une lettre, et elle souffrait d'un mal de tête suffisant pour avoir besoin d'une potion pour la soulager. C'était généralement le contrecoup d'un sort d'oubli puissant.
Albus avait osé effacer la mémoire de la Directrice Adjointe, probablement parce qu'elle avait exigé des explications sur son comportement avec les deux enfants qu'il avait ramené à Poudlard.


L'espion était suffisamment lucide pour savoir que s'il agissait comme Minerva, il subirait le même sort. Si sa mémoire était effacée, il ne pourrait rien pour les gosses, où qu'ils puissent être.
Prudent à l'extrême, il repassa dans son bureau pour y noter tout ce qui venait de se passer. Il y ajouta le mot de Minerva et dissimula le tout dans un épais livre de potions que personne n'aurait l'idée d'ouvrir... sauf lui.


Enfin, il souffla, et s'apprêta à se confronter à Albus Dumbledore, qui s'auto-proclamait leader de la lumière...


*


Severus se rendit dans le bureau de Dumbledore, et entra brusquement sans prendre la peine de frapper. Les yeux lançant des éclairs, il se planta face au bureau du vieil homme qui semblait légèrement surpris.
- Où sont les enfants de Lily ?
Il vit passer une lueur d'agacement dans le regard bleu, qu'il ignora. Il marchait sur une corde raide, et il savait qu'il devait se montrer excellent acteur.
Finalement, Dumbledore se laissa aller en arrière dans son fauteuil, et se lissa lentement la barbe. Puis, il soupira.
- En sécurité Severus. C'est bien ce que vous vouliez, je présume ?
- Pourquoi les avoir emmené si tôt ? Qu'êtes vous en train de préparer, vieux fou ?


Dumbledore laissa échapper un ricanement moqueur.
- Oubliez ces accusations non fondées et ne cherchez donc pas à en savoir plus, Severus, ceci ne vous concerne plus.
- Vous ne pouvez pas...
- Je peux mon garçon ! Je peux. J'ai fait ce qu'il fallait pour mettre ces enfants à l'abri. Dans l'avenir ils auront un rôle clé à jouer et il est essentiel qu'ils soient protégés.
- Et qui les protégera de vos manipulations ?


Un instant, Severus crut avoir été trop loin. Cependant, Dumbledore soupira profondément et secoua la tête, comme s'il était désolé.
- Pourquoi Severus ? Vous vouliez vous occuper d'eux ? Vous ?
Le maître des potions se figea un bref instant, puis plissa les yeux.
- S'il le faut, je le ferais sans hésiter !


Dumbledore gloussa et secoua la tête, visiblement amusé.
- Vraiment ? Vous ? Si solitaire, si... renfrogné ?
Severus s'obligea à ne pas répondre. A ne pas lui hurler que s'il avait fait ce qu'il fallait avec les Maraudeurs, il n'aurait jamais emprunté des chemins sombres. Le Directeur aurait eu quelques mots à dire pour faire cesser le harcèlement dont il était victime, mais il avait fermé les yeux. Et Severus avait oublié ce qu'être heureux voulait dire.
Le vieil homme se pencha un peu par dessus son bureau.
- Croyez-vous vraiment que j'allais confier deux enfants à un Mangemort ?
- J'ai été innocenté !
- JE vous ai fait libérer ! Et si vous ne gardez pas profil bas, Severus, le Ministère pourrait bien revoir ses positions. Oubliez ces gosses, de toutes façons, vous n'auriez jamais supporté élever un enfant venant de James Potter, n'est-ce-pas ? Alors deux... Faites votre travail et cessez de vouloir fourrer votre nez partout.


Severus fit un pas en arrière. C'était la première fois que Dumbledore dévoilait son jeu aussi clairement et le professeur de potion craignit avoir trop poussé le vieil homme. Cependant Dumbledore ne fit pas le moindre mouvement, se contentant de le dévisager avec un léger sourire moqueur.
Crispé, il fit demi-tour et sortit de la pièce en prenant soin de bien claquer la porte pour afficher sa désapprobation.


Il ne se détendit que lorsqu'il arriva dans son bureau et il ferma les yeux un instant. Il allait devoir trouver où vivait Pétunia Evans, l'ignoble sœur de Lily. Elle était mariée visiblement. C'était tout ce qu'il savait d'elle... hormis qu'elle était toujours aussi peste que dans le passé.
En désespoir de cause, Severus comprit qu'il ne pourrait pas parvenir à ses fins sans aide. Aussi, il prit une poignée de poudre de cheminette et se plaça dans l'âtre de sa cheminée.
Il prononça distinctement "Manoir Malefoy" et il espéra ne pas se tromper en plaçant sa confiance en Lucius...


Prompt de demain : le cœur criant

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant