Tu es mon double

Le jour du changement

Puisqu'ils avaient une piste solide, Severus et Lucius étaient partis le cœur gonflé d'espoir. Il était évident pour eux que le jour du changement était arrivé : aujourd'hui, ils allaient tirer deux enfants innocents des griffes manipulatrices du Directeur de Poudlard.

Severus en marchant aux côtés de Lucius se prenait à espérer que les gamins ne soient pas des copies de James Potter. Il ne pourrait pas supporter d'arrogants petits délinquants, sûrs de leur supériorité... Pétunia avait été du genre à se penser au dessus des autres en permanence quand ils étaient enfants, et c'était elle qui avait eu la charge des gosses.

Les indications que Lucius avait ramené du Ministère étaient très vagues - probablement un effet d'un quelconque sort de Dumbledore pour éviter que quelqu'un ne mette son nez dans ses affaires - mais les deux hommes étaient certains de pouvoir localiser les enfants. La Magie laissait toujours des traces encore plus quand il s'agissait d'un phénomène aussi puissant que celui qu'ils avaient senti le matin même...

Ils avaient arpenté les rues avec patience, cherchant encore et encore, maudissant Dumbledore pour ses petits tours. Il devait avoir prévu des sorts pour cacher les enfants Potter aux yeux du monde magique, pour que personne ne puisse tomber sur eux par accident.
Ils s'en étaient douté, mais ils n'avaient jamais été aussi près de toucher au but. Après sept longues années d'errances, ils étaient si proches...

Ils sortaient de Privet Drive où vivait une cracmolle proche de Dumbledore quand Lucius soupira.
- La nuit tombe, Severus. Nous devrions rentrer et revenir demain.
L'air sombre, le maître des potions grogna, visiblement furieux. Voir la vieille Arabella Figg avait provoqué un déclic en lui, et il avait annoncé avec certitude qu'ils étaient dans la bonne rue. Une ambulance garée devant une des maisons avait renforcé sa certitude : quelqu'un avait pu être blessé dans l'explosion de magie du matin même.

Mais ils n'avaient pas vu l'ombre d'un enfant, hormis un gosse énorme - un porcelet plutôt - qui semblait particulièrement insupportable. Lucius secoua la tête.
- Si Dumbledore a placé la vieille Figg à proximité, il est peut être venu récupérer les gosses dès qu'il y a eu cette décharge de magie. Si nous l'avons senti...
- Nous l'avons senti grâce à la marque des Ténèbres. Dumbledore n'est pas marqué, pas plus que ses larbins habituels. Et aucun Mangemort n'ira pleurer dans ses robes après avoir eu un rappel de la fonction de ce fichu truc...
Lucius gloussa.
- Bien que l'idée de ma chère belle sœur cinglée pleurant dans les robes de Dumbledore soit délicieusement amusante, je dois avouer que je te rejoins sur un point : Dumbledore ne peut pas savoir que nous avons senti la marque s'éveiller un bref instant. Mais Figg a peut-être senti la vague magique. Elle aura prévenu immédiatement le vieux fou...

Severus haussa les épaules, sourcils froncés, l'air sombre. Il avançait à grands pas et quitta sans hésiter la rue où vivait Arabella Figg et les jumeaux Potter - du moins il en était persuadé.
La nuit était tombée rapidement et les rues étaient désertes. Lucius allait transplaner quand Severus l'arrêta en saisissant son bras.

D'un geste de la tête, il lui montra au loin deux petites silhouettes qui avançaient rapidement, collées l'une à l'autre.
Deux enfants.
Mieux. Deux garçons.
Seuls. De nuit. Sans adulte responsable près d'eux.

Le blond renifla.
- C'est presque trop facile !
Severus ignora la remarque de son ami, et se dirigea vers les deux garçons qui ne les avaient pas encore remarqués. Il accélérait peu à peu en distinguant les détails : des cheveux noirs, des vêtements misérables. Deux gosses trop maigres visiblement, pas très grands.

Il les rattrapa assez rapidement et posa une main prudente sur l'épaule de celui qui avait les cheveux ébouriffés en tous sens. Le gamin glapit et se retourna d'un bond.
En le voyant, le cœur de Severus se serra.

C'était le portrait de James Potter. Des cheveux noirs raides et en bataille, des lunettes rondes masquant des yeux verts remarquables. Mais il avait sur le visage un air d'animal traqué qui lui fit oublier toute la haine qu'il aurait pu reporter sur le gosse.
Lucius arriva juste derrière lui au moment où le second garçon se tournait.

Ils ne se ressemblaient pas physiquement. L'autre avait les cheveux légèrement ondulés, un peu trop long. Des yeux noirs profonds. Il avait le teint plus pâle que son frère même s'il était évident qu'ils passaient beaucoup de temps à l'extérieur. Il avait aussi un air effrayé, mais il y avait en lui une vague menace, comme s'il pouvait se montrer dangereux.

Voyant que Severus était perdu dans ses pensées, Lucius eut un sourire rassurant.
- Bonjour les garçons. Vous êtes les Potter n'est-ce-pas ? Nous vous cherchons depuis des années !
Les jumeaux échangèrent un bref coup d'œil, visiblement déstabilisés. Pressentant qu'ils étaient sur le point de détaler pour disparaître, Lucius ajouta quelques mots.
- Nous connaissions vos parents. Vos vrais parents.

Le gosse aux yeux verts eut une exclamation de surprise tandis que l'autre s'agrippait à la main du premier. Lucius paria en lui-même que c'était le gosse aux yeux sombres - celui qui lui rappelait vaguement quelqu'un - qui était le dominant. Il était presque sûr que ce serait lui qui prendrait la décision finale. Que c'était lui qu'il fallait convaincre.
Cependant, il fut surpris lorsque ce fut l'autre garçon qui prit la parole le premier.
- Qu'est-ce que vous voulez de nous ?

Severus sortit de son mutisme.
- Vous mettre à l'abri uniquement. Depuis sept ans nous parcourons l'Angleterre en espérant vous retrouver.
Les deux hommes s'attendaient à du soulagement ou de la joie, mais à la place, les deux gosses se serrèrent l'un contre l'autre, visiblement effrayés. Une larme unique roula sur la joue de Harry tandis que Charles avait les yeux écarquillés et le souffle irrégulier.
Harry secoua la tête, et recula d'un pas, en entraînant son jumeau.
- On veut pas être séparés.

Lucius eut l'air perplexe tandis que Severus comprenait immédiatement. Ils se soutenaient l'un l'autre depuis qu'ils étaient dans cette horrible famille. Évidemment qu'ils avaient peur d'être arrachés l'un à l'autre !
- Vous resterez ensemble. Peut être qu'on pourrait vous emmener manger quelque part pour tout vous expliquer ?

Les garçons restèrent un long moment silencieux, et Lucius eut la désagréable impression qu'ils débattaient de la proposition par télépathie. Puis finalement, celui aux yeux sombres hocha la tête.
- Ok.

Prompt de demain : Disparu au combat