Le Ministre de la Magie Cornélius Fudge était enfermé dans son bureau et refusait de recevoir qui que ce soit. Sa secrétaire faisait barrage avec efficacité, pressentant que l'humeur sombre de son patron annonçait des bouleversements au sein du Ministère.
La sorcière potelée aux cheveux gris nommée Maggie avait noté l'agitation lorsqu'elle avait pris son poste. Comme à son habitude, elle avait préparé un thé pour le Ministre - parfaitement infusé comme il l'aimait - puis avait commencé à trier le courrier.
Lorsque Fudge était arrivé, il l'avait salué sèchement et lui avait ordonné de ne laisser entrer personne. Un peu surprise, Maggie avait acquiescé, et elle avait obéi. Bien qu'elle soit à quelques pas de l'homme le plus puissant politiquement parlant du monde magique, Maggie n'avait pas eu la moindre information.
Quand Albus Dumbledore arriva l'air sombre et exigea de voir le Ministre, Maggie se crispa. Tout le monde admirait peut être le sorcier, mais elle ne l'aimait guère. Il avait une façon de lui parler qui lui déplaisait profondément, lui parlant comme à un elfe de maison, exigeant toujours de voir le Ministre dans la seconde - et ce même s'il était en rendez-vous.
La sorcière n'hésita pas à le renvoyer sèchement, prétextant que le Ministre n'était pas présent.
Maggie eut un instant peur de recevoir un sort de la part du sorcier, mais finalement, ce dernier grogna et repartit à grands pas.
La secrétaire du Ministre soupira et secoua la tête, un peu perdue. Elle ne savait pas ce qui se passait, mais c'était assurément quelque chose qui allait faire du bruit...
**
Lorsqu'il avait reçu le hibou d'Amélia Bones, Fudge avait lu à plusieurs reprises le message, incrédule. Puis, il avait juré et maudit Dumbledore.
Il avait laissé son vieil ami faire ce qu'il voulait pour qu'il le débarrasse de Voldemort. La Mage Noir était une sacrée épine dans son pied, et le sorcier de la rue commençait à critiquer sa politique.
Fudge tenait énormément à son poste de Ministre. Il aimait le pouvoir, et la sensation d'être à l'échelon le plus haut du monde magique. Même les aristocrates comme Lucius Malefoy devaient composer avec lui. Pour rien au monde il n'accepterait de laisser la place...
Pour gérer le problème Voldemort, il avait fait confiance à Dumbledore. Après tout, ce vieux fou avait réussi à défaire Grindelwald quelques années plus tôt... Bien évidemment, il s'attribuerait tout le mérite, et en contrepartie, Dumbledore garderait tous les pouvoirs sur Poudlard.
Sauf que cette fois, Dumbledore avait fait une énorme erreur. Il avait cherché à se débarrasser de Sirius Black et il s'était montré terriblement imprudent : il l'avait coincé à Azkaban en pensant que personne ne s'inquiéterait de lui. Visiblement pourtant, quelqu'un avait remué la boue et avait découvert le pot-aux-roses...
Fudge s'était donc barricadé dans son bureau, déterminé à ne voir personne et surtout pas Dumbledore. Il allait attendre de voir ce qui allait se produire et jurer qu'il n'était au courant de rien. Et prier tous les dieux connus de ne pas subir de retombées.
***
En arrivant au Ministère et en constatant l'agitation qui y régnait, Lucius dut faire appel à toute sa maîtrise pour ne pas afficher un large sourire ravi.
D'un pas tranquille, il se rendit dans le bureau d'Amélia Bones et la salua poliment.
La femme sévère soupira en le voyant.
- Vous aviez raison, Lucius. Il y avait bien un problème avec l'arrestation de Sirius Black. Il est semble-t-il détenu sans raison valable.
- Peut être ne serais-je plus le seul à voir que Dumbledore n'est pas si blanc qu'il le prétend. Il est plutôt le leader de la lumière ténébreuse, en s'arrangeant avec les lois, n'est-ce-pas ?
Amélia renifla, agacée et secoua la tête.
- Sirius Black va être libéré dès que j'aurais fait visionner ses souvenirs au Magenmagot ce matin. En espérant qu'il soit... en bonne santé mentale après toutes ces années dans l'enfer qu'est Azkaban.
Lucius hocha la tête.
- Mon épouse compte le recueillir pour l'aider à se remettre. Nous craignons une tentative d'intervention de Dumbledore bien évidemment.
Cette fois, la femme au monocle laissa échapper un juron sonore.
- Qu'il essaie. Je compte bien déposer une motion pour qu'il soit destitué de son siège de Président du Magenmagot. Mettre à jour ses petites manigances, pour lui donner moins de pouvoir. Il peut toujours jurer qu'il a fait ça pour son "plus grand bien", rien n'excuse de placer un innocent - de son propre camp qui plus est - à Azkaban et de l'y oublier !
Lucius acquiesça, satisfait de voir que Dumbledore serait trop occupé pour se préoccuper de ce qui se passait au Manoir Malefoy. Il allait repartir quand Amélia le rappela.
- Savez-vous pourquoi Dumbledore a voulu museler Sirius Black de cette façon ?
L'aristocrate hésita un bref instant. Il ne voulait certainement pas révéler qu'il avait les enfants Potter près de lui, mais il pouvait toujours tenter de mettre Amélia Bones sur la piste. Après tout, elle était d'une honnêteté sans failles, respectant la loi à la lettre.
Finalement, il haussa les épaules et la fixa.
- Et bien, je suppose que Black possédait quelque chose que Dumbledore convoitait...
Il salua la femme stupéfaite et quitta les lieux, satisfait de voir que tout se passait comme il l'avait prévu.**
Dumbledore ne comprenait pas comment les choses avaient pu déraper à ce point. Il ne s'attendait certainement pas à ce que quelqu'un d'un coup se préoccupe de Sirius Black. Il avait même espéré que l'homme soit mort au fond de son cachot, pour être certain qu'il ne puisse jamais lui mettre de bâtons dans les roues.
Et voilà qu'après des années, quelqu'un se penchait sur cette vieille histoire et déterrait ses petits secrets. A savoir que Sirius n'avait pas eu de procès et qu'il n'était certainement pas le traître qui avait livré les Potter.
Il tentait de stopper les choses, pour que Sirius ne soit pas libéré. Il était évident que ce fichu Black allait réclamer son filleul et l'autre gamin à l'instant même où il mettrait un pied en dehors d'Azkaban.
Sauf que "pour le plus grand bien", Albus Dumbledore avait besoin de gosses faibles et ignorants, qui pourraient être aisément manipulés. Et lui serait leur mentor, l'homme qui les mènerait vers le combat contre Voldemort lorsqu'il reviendrait à la vie...Prompt de demain : Sept jours
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Tu es mon double
FanficHalloween 1981. Le monde magique est en guerre. Après avoir entendu une prophétie le concernant, Voldemort décide d'éliminer ses opposants principaux. Aidé de leur gardien du secret, il fait irruption chez eux, pour tuer l'enfant destiné à le vaincr...