Tu es mon double

Dictateur

Installé dans son bureau, renversé dans son fauteuil, Albus Dumbledore suçotait pensivement un bonbon au citron, les yeux fixés sur le plafond, réfléchissant soigneusement à la situation.
Harry Potter, le jeune Sauveur prodige attendu par le monde magique était à sa portée. Cependant, il était accompagné d'un parasite en la présence du mystérieux jumeau apparu de nulle part. Merlin seul savait où Lily et James avaient récupéré ce gosse... Et cerise sur le gâteau, les deux Potter étaient à Serpentard.

La rentrée était passée depuis quelques temps déjà, et il n'avait pas encore réussi à interroger le jeune Harry sur sa disparition de chez son oncle et sa tante. Il n'avait pas réussi à le manipuler pour qu'il soit sous son contrôle exclusif.
Il avait besoin de l'amener à de bons sentiments envers lui pour pouvoir le modeler à sa guise et l'amener à être celui qui ferait face au Mage Noir quand ce dernier referait surface. Il était certain que Voldemort reviendrait sur le devant de la scène. Il l'avait étudié avec soin, et il se doutait que l'homme avait puisé dans la Magie Noire pour s'assurer une certaine forme d'immortalité.

Il se souvenait de Tom enfant, et le garçon avait toujours été fasciné par la possibilité qu'offrait la Magie. Le petit garçon d'alors avait immédiatement demandé si la Magie pouvait éviter la mort. Un gamin obsédé par sa propre mortalité avait forcément prévu quelque chose pour survivre quoi qu'il puisse se produire.

L'arrivée des deux Potter à Poudlard avait fait grand bruit dans la presse. Autant à cause des élèves qui avaient inondé leurs parents de hiboux pour leur décrire l'arrivée du Sauveur, autant à cause de lui. Albus avait informé discrètement Rita Skeeter pour qu'un maximum d'article soit publié. Le but était d'attirer l'attention des Mangemorts et surtout de leur Maître.
Si Voldemort devait décider de revenir dans le monde magique, alors ce serait pour éliminer le gosse qui l'avait vaincu quelques années auparavant. C'était bien le genre de Tom que de se venger.

Dumbledore soupira et se décida. Il rédigea un court message sur un parchemin, qu'il plia soigneusement sous forme d'oiseau. L'origami s'envola dès qu'il eut prononcé un sort, et partit à la recherche de son destinataire.
Il était temps que Severus Rogue s'éloigne de Poudlard quelques heures. Le Directeur de la maison Serpentard couvait bien trop ses petits serpents. Il était bien le seul à se préoccuper des enfants de Mangemorts, et il faisait le plus souvent barrage pour les protéger... Que l'un d'entre eux soit un Potter ne semblait pas le déranger plus que ça, malgré la ressemblance évidente avec son vieil ennemi d'école. Albus avait compté sur la haine qu'il vouait à James Potter pour récupérer le Sauveur, mais à son grand désappointement, Severus ne lâchait pas prise.

Avec un sourire satisfait, il se leva, lissa sa robe et se dirigea d'un pas dansant vers la Grande Salle. Ce soir, Severus ne serait pas au dîner. Il aurait le champ libre, pour la première fois depuis la rentrée.

**

Lorsqu'il s'installa à la table professorale, Minerva se pencha immédiatement vers lui.
- Severus est absent ?
Albus sourit, et eut un geste de la main vague.
- Oh... Je lui ai demandé un petit service. Une course. Il sera là pour l'heure de sa ronde, ne vous en faites pas, Minerva.
L'Écossaise pinça les lèvres et hocha sèchement la tête, se redressant sur sa chaise pour surveiller les élèves qui arrivaient pour le dîner les uns après les autres.

A la fin du repas, Dumbledore se leva, et se dirigea d'un bon pas vers la table des serpentard. Il s'arrêta près des deux Potter et les fixa de son regard pétillant.
- Harry. Charles. Je vous attends dans mon bureau dès que vous aurez terminé de manger.
Les deux garçons hésitèrent visiblement, mais acquiescèrent, conscients qu'ils ne pouvaient pas refuser une convocation du Directeur de l'école en personne.

**

En voyant le manège de Dumbledore, Minerva comprit immédiatement. Il avait éloigné Severus pour approcher les Potter.
Elle repoussa son assiette et se leva, les sourcils froncés, avant de quitter la salle.

Dumbledore avait annoncé que Severus était absent pour une course qu'il lui avait demandé. Elle espérait que le Maître des potions serait rapide. Elle ne savait pas comment le contacter mais... Mais elle savait qui pourrait le contacter.
A peine arrivée dans ses appartements, elle jeta une poignée de poudre de cheminette dans l'âtre et se pencha.
- Manoir Malefoy.

Lucius était visiblement près de la cheminée puisqu'il répondit immédiatement.
- Professeur McGonagall ?
La surprise de l'aristocrate était manifeste et si l'heure n'avait pas été aussi grave, l'écossaise aurait sourit, ravie d'avoir déstabilisé le puissant Lord Malefoy.
- Pouvez-vous joindre Severus de toute urgence et lui demander de rentrer à Poudlard ?

Lucius se raidit immédiatement, et fronça les sourcils, se penchant avant de demander d'un ton pressant.
- Il y a un problème ?
Minerva soupira.
- Dumbledore joue les Dictateurs. Il a convoqué les petits Potter dans son bureau en profitant de l'absence de Severus. Il ne leur fera pas de mal, mais... ces gosses n'ont pas besoin d'un interrogatoire en règle, surtout si leur Directeur de maison est absent et ne peut pas les soutenir...

Lucius grogna de rage, et se leva.
- Je m'en occupe ! Ce vieux fou n'aura pas loisir à manipuler son monde cette fois !

***

A peine la conversation coupée avec Minerva, Lucius avait envoyé un patronus à son vieil ami, puis il avait prévenu Sirius de la situation. Ils n'avaient pas beaucoup de marge de manœuvre...
Moins de cinq minutes plus tard, la biche patronus de Severus arrivait en bondissant. La voix du professeur de potions s'éleva, hachée, comme s'il avait été en train de courir.
- Gagne du temps.

Lucius jura et attrapa la Gazette qui traînait sur son bureau. Harry faisait la Une, encore une fois. Skeeter avait même réussi à avoir une photo un peu floue du gamin, souriant. L'écusson Serpentard sur son uniforme avait été soigneusement masqué, et sa maison n'était citée nulle part...
Il était temps qu'il ne joue son rôle de président du Conseil d'Administration, alors il s'engouffra dans la cheminée.
- Bureau d'Albus Dumbledore, Poudlard.

L'instant d'après, il débarquait en plein milieu de la petite réunion improvisée de Dumbledore. Il nota le regard soulagé de Harry et il se redressa, tapant sa canne brusquement contre le sol.
- Dumbledore. Je suis venu parler sécurité. Il paraîtrait que vous ayez... une célébrité dans cette école.

L'aristocrate prit soin d'afficher une moue méprisante en regardant les deux garçons qu'il aimait pourtant beaucoup. Dumbledore eut l'air furieux un instant, mais il fut obligé de plier, et il renvoya ses élèves d'un geste.
Après tout, personne ne pouvait ignorer Lucius Malefoy, même le tout puissant Directeur de Poudlard.

Prompt de demain : Amoureux parfait