Tu es mon double

Idées creuses

La troisième tâche était prévue pour le lendemain.

C'était la seule chose à laquelle pouvait penser Harry. Le tournoi des trois sorciers avait été la seule chose dans son esprit ces derniers jours, d'ailleurs. Même si Severus lui avait juré qu'il n'y aurait pas d'otages pour la dernière tâche, et que Charles ne risquait rien, même si Drago pour le rassurer ne quittait pas son jumeau d'une semelle, Harry ne pouvait pas s'empêcher de s'inquiéter. Il était dans un brouillard à la limite de la panique, plus nerveux qu'il ne l'avait jamais été.

Pour se calmer, il était sorti dans les couloirs, et errait seul, un peu perdu. Comme toujours, les cachots étaient déserts. C'était le moment parfait pour mettre ses pensées en ordre, pour prendre d'éventuelles décisions. Cependant, Harry n'arrivait pas à canaliser tout ce qui tourbillonnait dans sa tête, et sa balade ressemblait plus à une fuite en avant qu'à ce qu'il avait eu en tête au premier abord. Au final, lui qui avait voulu se vider la tête, il se retrouvait avec l'esprit rempli d'idées creuses.

Il soupira bruyamment, sursautant nerveusement quand le son se répercuta dans les couloirs déserts. Il se sentait ridicule, mais il ne parvenait pas à calmer ses nerfs.

Lorsqu'une main lui saisit le poignet, il glapit presque, plaquant sa main libre sur sa bouche pour étouffer le son ridicule qu'il avait lâché.
Il se retourna d'un bond, baguette en main, ses yeux émeraude assombris par la colère, avant de relâcher ses muscles en tombant nez à nez avec Drago.
Le blondinet souriait d'un air moqueur, visiblement amusé de le voir perdre ses moyens de cette façon.

Harry eut un bref sourire, mais il se tendit presque immédiatement.
- Où est Charles ?
Drago le tira à sa suite, se tournant vers lui brièvement pour lui adresser un petit clin d'œil.
- Détends-toi. Il est à l'abri dans la salle commune, avec Blaise, Théo et Pansy. Et tous les trois ont comme ordre de ne pas le quitter des yeux. Le reste des Serpentard veille également, personne dans notre maison n'a apprécié le petit tour de passe-passe que Dumbledore nous a offert la dernière fois.
Le brun grogna, mais il se laissa entraîner. Il avait pleine confiance en Drago et il savait pouvoir se fier à lui.

L'air fier de lui, Drago le poussa dans une salle de classe vide et ferma la porte derrière eux avant de l'obliger à s'asseoir sur une table.
- Bien Harry. Si tu me disais ce qui ne va pas ?
L'adolescent grogna et se tortilla, mal à l'aise.
- Juste ce fichu tournoi. J'ai hâte que ce soit terminé.
- Vraiment ?
- Tu sais que je déteste ça, être la cible des regards de tout le monde ! Je ne voulais pas participer, et je n'ai pas changé d'avis.
- C'est presque terminé. Juste une épreuve et tu seras libéré de tout ça.

Harry ferma un instant les yeux.
- Je ne suis pas stupide. Je sais que le but de Dumbledore c'est de m'attirer près de lui. Il s'en est pris à Charlie déjà, et qui sait ce qu'il prépare pour demain ?
Drago eut un petit sourire.
- Tu n'as pas le bon raisonnement, cher ami. Dumbledore ne sait toujours pas où tu vis avec Charles. Il ne sait pas que Severus est de ton côté. Il ne sait rien de toi Harry. Il imagine probablement que tu es encore cet enfant perdu que tu étais quand tu es arrivé au Manoir, mais tu es fort !

Harry essaya de protester mais Drago l'attira contre lui dans ses bras.
- Il ne pourra pas s'en prendre à toi si facilement, Harry. Ni à toi, ni à Charles. Tous les deux, vous n'êtes plus seuls, et je te jure que je le surveillerai de près. Tu peux être tranquille, ton frère sera en sécurité.

Le brun laissa échapper un long soupir fatigué et ferma les yeux en s'accrochant à Drago.
- Tu dois me trouver stupide.
- Jamais Harry.

Harry ricana à la réponse rapide de Drago, mais il ne chercha pas à sortir de son étreinte. Les bras de Drago étaient tout ce qui lui avait manqué, et il reprenait le contrôle de sa nervosité. Ses pensées s'apaisaient et d'un coup, l'épreuve du lendemain lui semblait bien moins effrayante.
Sous la panique, il avait perdu de vue qu'il n'était pas seul. Le temps où Charles et lui étaient vulnérables était terminé.

Bien qu'il soit apaisé, il ne bougeait pas, profitant du câlin de Drago. Le visage dans le cou de son ami, les yeux fermés, il se jura de tout faire pour le protéger lui aussi. Il ne supporterait pas que quoi que ce soit puisse lui arriver. Autant que Charles, Drago lui était précieux.
Drago avait été son premier ami en dehors de Charles, et maintenant, il était bien plus. Il était essentiel.

En sentant Harry se détendre tout contre lui, Drago sourit doucement, et commença à lui caresser le dos en cercles apaisants. Il n'était pas adepte de câlins habituellement, mais avec Harry tout était différent.
Harry était pétri de contradictions. Il était fort, bien plus fort qu'il ne le serait jamais, tout en ayant ses faiblesses. Il pouvait se montrer sûr de lui et l'instant d'après douter de tout. Il offrait sa confiance en toute innocence avant de se refermer sur lui-même pour garder ses secrets.

Depuis qu'il avait découvert à quel point Harry et Charles avaient eu une enfance misérable, Drago avait juré de les protéger au mieux. Et il s'y était employé. Il était toujours près des deux frères. Mais il avait une relation spéciale avec Harry, comme s'ils étaient lié, d'une façon qu'il ne comprenait pas encore.

En le tenant contre lui, en cet instant, Drago commençait à apercevoir à quel point il était attaché au Sauveur du monde magique. C'était exaltant et effrayant.

L'avenir ne pouvait pas être prédit, mais Drago avait une certitude : il ne pourrait pas se séparer de Harry si facilement. Il ne pouvait pas concevoir un monde où il n'y aurait pas Harry et sa bonne humeur, et son sourire enfantin, et ses yeux verts. Harry et ses plaisanteries stupides, et sa façon de toujours voir le meilleur.
Lui qui avait voulu être un protecteur pour Harry se rendait compte soudain que Harry était un pilier pour lui, son repère. C'était probablement ça la plus grande force de Harry : savoir se faire aimer, inconditionnellement, sans le vouloir.

Prompt de demain : Pensées coupables