Tu es mon double

Miroir

Malgré leur caractère aventureux, Harry et Charles Potter n'avaient jamais ignoré le couvre-feu. C'était en partie parce qu'ils ne voulaient pas se faire remarquer plus que nécessaire - se retrouver coincés dans le bureau de Dumbledore alors qu'ils faisaient tout pour l'éviter serait vraiment stupide - mais aussi parce que rien n'avait nécessité de sortir de leur lit à la nuit tombée.

Ce soir-là, Harry avait attiré Charles à sa suite après le dîner et l'avait emmené dans le parc de Poudlard. Ils avaient observé le soleil se coucher sur le lac Noir en silence, puis Harry avait commencé à parler, hésitant.
Il avait bien évidemment mis Charles au courant de ce que lui avait dit Dumbledore, mais il n'avait pas détaillé cette histoire de prophétie. Cependant, depuis qu'il avait entendu les mots de Dumbledore, cette histoire le travaillait.

La première réaction de Charles fut de rappeler à Harry que Trewlanney n'était pas vraiment douée en divination. Elle n'était pas connue pour son talent, et à sa connaissance elle n'avait jamais brillé au cours de sa longue carrière.
En notant l'air angoissé de son frère, Charles soupira.
- Harry... Une prophétie n'a rien de... D'obligatoire ! Rien n'empêche de changer les choses, ce n'est pas inéluctable. C'est une des possibilités, rien de plus.

L'adolescent aux yeux verts s'était légèrement décrispé, mais il était resté légèrement boudeur.
- Je n'aime pas qu'il existe une prophétie disant que je dois te tuer.
- Et tu ne peux pas te rendre malade à cause des mots de Dumbledore. Tant que tu n'as pas entendu la prophétie en question, c'est probablement juste l'interprétation d'un vieux fou qui l'utilise pour se justifier ! Si ça se trouve ça ne parle même pas de toi !

Harry ne put pas s'empêcher de glousser face au ton directif de Charles. Constatant que l'obscurité avait envahi le parc, ils échangèrent un regard rieur et avancèrent à grands pas vers le château. Ils allaient rentrer se faufiler dans le château et rejoindre leur dortoir en toute discrétion et personne ne saurait qu'ils avaient enfreint le règlement pour la toute première fois de leur scolarité.

*

Ils auraient dû se douter que les choses ne seraient pas aussi simples. Ils n'atteignirent pas l'entrée des cachots, puisqu'un bruit les fit se figer. Le miaulement caractéristique de Miss Teigne fit grogner légèrement Charles et il entraîna Harry à sa suite, grimpant les étages au pas de course. Les escaliers se mirent à bouger et ils se retrouvèrent dans un couloir désert.
Le cœur battant, ils échangèrent un regard complice. Entendant Rusard marmonner au loin, Harry ouvrit la première porte à leur portée et ils s'enfermèrent dans la pièce.

Passée l'excitation d'avoir échappé à une retenue - ou à une visite dans le bureau du Directeur - les deux frères regardèrent autour d'eux, observant la pièce avec attention.
Ils s'attendaient à être dans une salle de classe, mais la pièce était vide. Pas de tables, de chaises ou de bureau. Juste un énorme miroir au fond de la pièce. Il était énorme - montant jusqu'au plafond -encadré d'or, et posé sur deux pieds griffus.

Fasciné Harry s'approcha, tête levée, nota les lettres gravées. Plissant les yeux, il tenta de déchiffrer l'inscription, avant de constater qu'elle ne voulait rien dire. Il n'était même pas certain que « Riséd elrue ocnot edsi amega siv notsap ert nomen ej » puisse appartenir à une langue existante.
Charles le rejoignit et fronça les sourcils, face aux lettres mystérieuses. Puis, il haussa les épaules et il allait se détourner quand son regard tomba dans le miroir.

Il hoqueta stupéfait et agrippa la main de son frère pour attirer son attention.
- Harry... Regarde !
L'adolescent se tourna vers Charles, ne comprenant pas, et le vit les yeux écarquillés, figé sur son reflet. Aussi, Harry regarda dans le miroir à son tour et il sursauta à son tour.

Il se voyait, avec Charles. Ce n'était pas exceptionnel en soi, puisqu'ils étaient tous les deux face au miroir. Mais leur image était légèrement floue, comme s'il ne portait pas ses lunettes.
Plus exactement... c'était comme si leurs reflets étaient superposés à un autre reflet. Un reflet d'eux, mais plus âgés. Adultes.

Petit à petit d'autres silhouettes apparaissaient dans le miroir, derrière eux, au loin. Toutes les personnes importantes à ses yeux. Drago, Hermione. Les Malefoy. Severus juste derrière eux, une main sur chacune de leurs épaules. Et un peu en retrait Sirius.
Harry inspira brusquement.
- On a l'air...
Charles semblait émerveillé. Il hocha lentement la tête et souffla la fin de la phrase.
- ... heureux.

Ils restèrent longuement devant le miroir, la main dans la main. Ils n'avaient même pas besoin de demander ce que l'autre voyait, ils savaient au fond d'eux que l'image était la même pour l'autre.
Finalement, Harry secoua la tête.
- A ton avis... c'est quoi ce miroir ?
Charles haussa les épaules.
- Je ne sais pas. Mais j'espère que c'est ce qu'on aura à l'avenir. Tous... Tous nos proches autour de nous.

Harry eut un sourire doux en regardant le reflet de Drago et il corrigea doucement son frère.
- Tu veux dire tout ceux qu'on aime.
Charles rosit légèrement mais ne le détrompa pas.

*

Ils étaient resté un long moment dans cette pièce, leurs regard revenant vers le reflet comme s'ils avaient peur que l'image ne change. Puis finalement, ils étaient repartis vers leur dortoir, aussi discrètement que possible et ils s'étaient glissés dans leurs lits, tournés l'un vers l'autre.
Ils plongèrent rapidement dans un sommeil paisible, l'esprit apaisé.

*

Ni Charles ni Harry ne parlèrent de cette salle mystérieuse. Ils ne voulaient pas partager ce qu'ils avaient vu dans le miroir.
Charles cependant, passa énormément de temps à faire des recherches à la bibliothèque, laissant à Drago le soin de rester près de Harry. Jusqu'au moment, où il traîna son frère à sa suite avant de lui mettre un lourd volume relié de cuir dans les mains.

Sans surprise, Harry découvrit une gravure représentant le fameux miroir, et lut la description.
- Le Miroir du Riséd ?
Charles sourit et hocha la tête.
- C'était... juste ce qu'on désire le plus.

Harry referma le livre, et leva son regard émeraude vers son frère, avec une pointe de malice.
- Dans ce cas, Charlie, si nous avons vu la même chose, il est largement temps que tu aies une conversation sérieuse avec notre chère et adorable amie Hermione...

Prompt de demain : Bonhomme de neige