Oiseaux

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En sortant du bureau de Dumbledore, Harry s'éloigna rapidement, sans regarder autour de lui. Il était furieux - au delà de furieux même - et il lui fallait toute son énergie pour ne pas exploser, et se mettre à hurler. Ou pour laisser sa magie ravager les alentours.

A cet instant, n'importe qui aurait pu l'intercepter, il n'aurait rien vu venir... Mais il rejoignit la volière sans dommages, et il se laissa tomber assis au milieu des oiseaux, s'obligeant à respirer lentement.


Il ne pouvait pas dire qu'il était surpris de la proposition de Dumbledore. C'était quelque chose qu'il avait prévu, d'être poussé à rejoindre les rangs comme un bon petit Sauveur. Ils en avaient parlé avec Charles, et Harry avait craint que Sirius ne soit mis dans la balance. Que son parrain n'ait rejoint l'Ordre, et qu'il soit un moyen de pression.

Harry avait vaguement entendu parler de la prophétie bien évidemment. Severus l'avait vaguement évoquée sans entrer dans les détails. Il avait avoué aux garçons qu'il avait révélé une prophétie qu'il pensait sans danger et qu'en retour Voldemort avait attaqué sa famille conduisant au meurtre des Potter.
Ni lui ni Charles n'avaient eu de ressentiment envers le Maître des Potions. Même si son erreur avait bouleversé leurs vies, il n'avait pas imaginé ce que son indiscrétion entraînerait. Et puis, il les avait cherché longtemps avant de les sauver.

Jusqu'à cet instant, Harry n'avait jamais voulu savoir ce qu'était cette prophétie. Il avait eu à subir les cours de Trewlanney et il ne croyait pas vraiment en la divination. Penser qu'un mage noir aussi puissant que Lord Voldemort ait pu bouleverser ses habitudes par crainte d'une prophétie prononcée par cette femme le laissait perplexe.


L'adolescent se passa une main tremblante sur le visage avant de reprendre ses esprits, plus ou moins. Son cœur battait toujours la chamade, mais il se sentait plus lucide. Il sortit un morceau de parchemin de son sac ainsi que sa plume, avant d'hésiter.
En se mordillant les lèvres, il s'appuya sur le sol pour écrire une lettre à destination de Lucius.

L'aristocrate ne manquerait pas de lui faire remarquer son écriture brouillonne et les tâches d'encre causées par le support rugueux, mais il pourrait supporter quelques moqueries s'il avait la réponse qu'il demandait.
Il relata brièvement le traquenard organisé par Dumbledore, puis le fait qu'il l'ait entraîné dans son bureau. Harry relata la conversation aussi fidèlement que possible, essayant de retranscrire au mieux les paroles du Directeur. Encore une chose apprise au contact de Severus et de l'aristocrate.

Enfin, après avoir hésité un peu, il demanda à Lucius des explications sur cette prophétie. Il insista sur le fait que Dumbledore avait dit clairement que Harry était le seul à pouvoir tuer Voldemort, espérant que Lucius en sache plus. Ou au moins qu'il ait un moyen de découvrir ce qu'était cette fichue prophétie.

En pliant soigneusement la lettre, Harry se dit qu'il aurait aussi bien fait d'aller directement voir Severus, mais un vague pressentiment l'avait poussé à se tourner vers Lucius. Il avait la vague impression que le sujet blesserait Severus ou ramènerait de mauvais souvenirs à la surface, et s'il pouvait l'éviter... Harry était toujours très protecteur avec ceux qu'il aimait.
Plutôt que d'utiliser son hibou - offert par Narcissa - il prit celui de Drago, un grand-duc au plumage sombre et lui murmura le destinataire en attachant la lettre à sa patte.

Harry resta dans la volière jusqu'à ce qu'Hermès ne soit plus qu'un petit point sombre à l'horizon, presque indiscernable. Puis, il quitta les lieux à pas lents pour rejoindre la salle commune des Serpentard.


*

Il n'arriva jamais jusqu'à l'entrée de la maison Serpentard.
Bien avant le tableau qui en masquait l'entrée, Severus l'intercepta, sourcils froncés.
- Potter. Mon bureau. Immédiatement.

Harry ne protesta pas au ton sec, signe de l'inquiétude du professeur, se contentant de le suivre. Charles avait probablement prévenu l'homme qu'il avait disparu, et son absence avait été remarquée visiblement...
Une fois la porte fermée derrière eux, et un sortilège lancé négligemment par Severus pour s'assurer que personne ne puisse entendre leur conversation, Severus attaqua.
- Où étais-tu ? Charles a dit que tu étais parti sans lui.

Harry grogna.
- Je n'ai pas vraiment eu le choix ! Dumbledore attendait le moment visiblement puisqu'il m'a coincé seul dans le couloir et m'a demandé de le suivre dans son bureau. Comme s'il attendait qu'Hagrid occupe Charlie !
Severus jura entre ses dents, et l'air inquiet de l'homme réchauffa le cœur de Harry. Le Maître des potions se souciait de lui, et même après toutes ces années à ses côtés, Harry s'en étonnait toujours.

L'adolescent aux yeux verts se laissa tomber dans un fauteuil face à son professeur et haussa les épaules.
- Il m'a demandé de rejoindre son ordre du Phénix.
- Évidemment.
- J'ai refusé.
Severus plissa les yeux, méfiant.
- Et il n'a pas protesté ? Dumbledore n'est pas homme à accepter les refus. Surtout lorsqu'il s'agit de ses petits plans pour sa vision du plus grand bien...

Une lueur de colère passa rapidement dans les yeux verts, mais Severus - attentif - l'avait parfaitement détectée. Harry ricana, et se passa rapidement la main dans les cheveux.
- Je lui ai rappelé que je n'étais qu'un enfant et que je n'avais aucune chance face à un mage noir qui avait mis en échec nombre de sorciers adultes plus expérimentés.

Severus plissa les yeux, méfiant.
- Vraiment ? Et ça a suffi ?
Harry ricana de nouveau.
- Le vieux fou a l'air persuadé que je suis le seul à pouvoir sauver le monde magique. Personne d'autre ne pourrait ramener la paix visiblement. Bien entendu, j'ai conscience qu'il s'agit d'un grossier piège mais...
Voyant l'air sombre de Severus, Harry s'interrompit. Le silence s'épaissit et Harry se tortilla sur sa chaise, mal à l'aise. Finalement, il craqua le premier, et conclut ce qu'il avait commencé à dire.
- Mais je lui ai dit que le monde magique semblait en paix et que tant que c'était le cas il était... prématuré de prévoir le pire.

Severus grogna.
- Stupide gamin...
Harry croisa les bras sur son torse, l'air boudeur. Severus n'avait pas vraiment l'air fâché, juste inquiet. Le professeur secoua la tête, et grogna de nouveau.
- S'il se montre aussi insistant, nous allons devoir trouver une façon de le tenir à l'écart.
L'adolescent soupira.
- Severus... Je ne compte pas fuir toute ma vie.

Prompt de demain : Miroir

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant