A Poudlard, tous les professeurs étaient rassemblés dans la Grande Salle. Le début d'une nouvelle année entraînait toujours beaucoup d'impatience.
Les professeurs avaient hâte de rencontrer les nouveaux élèves, de découvrir qui seraient les futurs sorciers de demain.
Il y avait aussi le spectacle de la répartition. Le Choixpeau leur offrait une nouvelle chanson chaque année, décrivant les qualités de chaque maison. Puis les élèves, plus ou moins impressionnés, s'avançaient lentement pour prendre place sur le tabouret prévu et entendre le verdict de l'artefact magique.Cette année pourtant, la tension était à son comble.
Les professeurs étaient tous impatients puisqu'ils avaient entendu dire qu'il y aurait le fameux Harry Potter. Le Sauveur du monde magique, le Survivant, le bébé miracle qui avait amené la paix dans le monde magique.Depuis que Minerva avait confirmé innocemment que Harry Potter serait bel et bien élève sous le regard furieux de Dumbledore, le corps professoral se répandait en suppositions sur le garçon qui allait arriver.
Certains imaginaient un nouveau Merlin, puissant et bienveillant, alors que d'autres pensaient que sa célébrité avait été usurpée.Severus n'avait pas dit un mot sur le sujet. La seule personne qui se souvenait encore de son amour désespéré pour Lily Evans en dehors de Albus et de Minerva. Et la Gryffondor resta silencieuse sur le sujet, écoutant attentivement les suppositions de ses collègues, un petit sourire mystérieux aux lèvres. Elle avait été privilégiée et avait pu brièvement rencontrer les enfants lorsqu'elle avait montré la rage de Dumbledore aux Malefoy et à Sirius Black, et elle s'était immédiatement attachée à eux. Elle avait adoré Lily lorsqu'elle était son élève, et cette brève visite avait renforcé sa décision de les aider et les protéger.
Pour sa part, Severus se tendait de plus en plus alors qu'il prenait conscience que Harry allait être le centre de l'attention. Ce gosse en avait suffisamment bavé d'après lui pour mériter un peu de tranquillité. Il savait le petit garçon légèrement timide, et détestant être au centre de l'attention.
Il allait devoir faire face à des professeurs curieux, qui testeraient ses limites pour définir sa puissance, à des professeurs admiratifs. Il allait faire face aux élèves qui avaient grandi en entendant son histoire, le rendant célèbre alors qu'il ne le savait même pas.Il y avait plusieurs livres sur lui, publiés alors qu'il n'avait même pas encore atteint l'âge de Poudlard, un ramassis de suppositions et d'idioties sur son enfance. Pour certain il était gâté outrageusement et vénéré comme le Sauveur, pour d'autre, il grandissait à l'écart du monde, dans une perpétuelle retraite spirituelle... Star ou icône, les journalistes ne se doutaient pas qu'ils étaient bien loin de la vérité.
Voyant son air renfrogné, Minerva lui donna un léger coup de coude et l'invita à regarder en direction du Directeur.
Severus dût presque se mordre les lèvres pour ne pas ricaner, face à l'air sombre d'Albus Dumbledore. Le vieux manipulateur semblait sur le point d'exploser.Il était au centre des professeurs, et il entendait les conversations tourner auprès de Harry Potter. Et il fulminait.
Severus ne pouvait que deviner la raison : après tout le directeur avait souhaité avoir le contrôle du petit prodige de la Magie, et il n'avait vu lui glisser entre les mains. Il n'avait pas pu jouer les sauveurs bienveillants, et il n'avait pas pu lui donner sa version de l'histoire.Le Maître des potions était certain que Dumbledore ne savait pas qui était Charles réellement, sinon l'enfant n'aurait pas survécu au début. Le vieux fou avait commis l'erreur de sous-estimer le second enfant, ainsi que l'attachement des deux garçons l'un pour l'autre.
Minerva l'attira légèrement à l'écart, et murmura.
- Qu'est-ce qui le met dans cet état ?
Severus hésita. Minerva avait décidé de l'aider à protéger les Potter, mais elle était une ancienne amie de Dumbledore après tout.
Le voyant hésiter, l'écossaise grogna.
- Oh par Merlin ! Entre Albus et la vérité... Je choisis la vérité sans hésitation.
- Si vous voulez mon avis Minerva, Albus est furieux puisqu'il n'a pas récupéré le contrôle sur les jeunes Potter. Plus particulièrement sur le Sauveur. Et il n'a pas réussi à le faire passer pour un délinquant comme il le voulait.L'écossaise jeta un regard noir en direction du Directeur.
- J'espère qu'il ne compte pas tenter de manipuler ces enfants. J'ignore quelle sera leur maison, mais au moins en souvenir de leurs parents, je serais présente pour leur venir en aide... Je pense qu'ils ont suffisamment donné au monde magique pour avoir droit à un peu de paix.***
Dumbledore était furieux. Partout autour de lui, tout le monde ne parlait que de Harry Potter.
Il devait se pincer pour ne pas leur hurler que le petit Potter qu'ils comparaient à Merlin n'était qu'un pauvre gosse maigrichon incapable de se défendre face à son oncle moldu. Un gosse qui avait grandi dans un placard, sans instruction.
Il serait évidemment un élève médiocre. Après sa fugue, il avait dû se terrer dans un égout de Londres et grandir avec les gosses des rues.Les deux Potter étaient probablement des délinquants en puissance ; après tout, ils avaient agressé leur oncle, avant de fuir. Ils n'avaient pas été aussi gâtés qu'il l'avait prétendu mais ce n'était qu'un détail sans importance.
Le Directeur de Poudlard était d'autant plus furieux qu'il n'avait pas réussi à retrouver les gamins. Il savait qu'ils avaient réussi à accéder à leur coffre et avaient donc accès à l'argent de leurs parents. Ils avaient probablement dilapidé une partie de leur héritage à l'heure qu'il était. Il avait essayé de se servir, mais les gobelins avaient été intraitables... Il enrageait à l'idée des monceaux d'or qui lui passaient sous le nez.
Il essayait de se rassurer en pensant qu'ils ne se présenteraient pas à Poudlard, même s'ils avaient reçu leurs lettres. Ils étaient trop ignorants et sans personne pour les guider, ils seraient incapables de trouver leur chemin.
Le vieil homme inspira profondément pour se calmer un peu et il nota l'air crispé de Severus Rogue. Il ricana intérieurement en pensant que son Maître des potions était inquiet à l'idée de se trouver face au sosie de James Potter. Avec un peu de chances, le professeur taciturne ferait vivre à ces gosses un enfer s'ils osaient se présenter à Poudlard. Et il se ferait un plaisir d'appuyer son ressentiment.
Il reprit un visage paisible, et s'approcha de Severus avec un demi-sourire.
- Alors Severus ? Comment allez-vous mon ami ?
Le Maître des potions grogna en réponse. Albus se pencha vers lui, mielleux.
- Ne vous en faites pas. Je suis certain que même si le petit Potter ressemble à James, il ne sera pas aussi... désagréable envers vous que son père ne l'était. Même s'il a vécu une vie dorée, il vous devra le respect, comme à tous les professeurs ici.Satisfait, Dumbledore nota la lueur de colère qui traversa le regard sombre de son espion. Enfin une chose qui fonctionnait parfaitement selon ses plans. Severus ne pourrait pas oublier sa haine des Maraudeurs et il ferait de la scolarité de Harry Potter un enfer.
Il aurait été bien moins satisfait s'il avait pu lire les pensées de Severus. La colère que le Maître des potions ressentait n'était pas dirigée contre Harry Potter - ou même contre son défunt père - mais bel et bien contre le manipulateur face à lui qui tentait de reprendre le contrôle... S'il n'avait pas retrouvé les gamins, il se serait laissé abuser, et probablement que sa haine des Maraudeurs l'aurait conduit à se montrer... intraitable avec Harry.
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Tu es mon double
FanficHalloween 1981. Le monde magique est en guerre. Après avoir entendu une prophétie le concernant, Voldemort décide d'éliminer ses opposants principaux. Aidé de leur gardien du secret, il fait irruption chez eux, pour tuer l'enfant destiné à le vaincr...