Tu es mon double

Hier

De façon surprenante, Severus n'avait pas émis d'objections lorsque Charles était venu le voir au petit matin pour lui demander de l'aide afin de localiser la pierre de résurrection visiblement enchâssée sur la bague des Gaunt. Il avait dévisagé l'adolescent un long moment, avant de lui dire de se tenir prêt pour le soir même.

Charles avait juste dit à Harry qu'il devait vérifier quelque chose avec Severus, et son frère avait hoché la tête, confiant. Le jeune homme aux yeux verts lui avait juste demandé d'être prudent. Une vague de tendresse pour son double l'avait envahi, alors qu'il se rendait compte à quel point Harry avait confiance en lui. Et il l'avait brièvement serré dans ses bras, incapable de parler.

Trouver la maison des Gaunt fut ridiculement simple. C'était une cabane miteuse, plus un assemblement de planches qu'une véritable maison. La famille avait visiblement été très pauvre malgré la renommée du nom dans le passé, et c'était un véritable miracle que tout soit laissé en l'état.
Severus s'engagea en premier, ordonnant au jeune homme de rester en retrait. Voldemort avait été un mage noir puissant et paranoïaque : s'il avait réellement dissimulé quelque chose à cet endroit, alors il devait y avoir des sorts de magie noire particulièrement vicieux pour les petits curieux.

Enfin, ils entrèrent dans la masure. Charles regarda autour de lui, perplexe. Il s'était imaginé qu'il aurait des souvenirs du passé peut être. Ou qu'il se souviendrait d'un coup qui il avait été. Mais l'endroit ne provoqua pas le moindre frémissement en lui. Pas même de sensation de déjà-vu.
Il leur fallut à peine une demi-heure pour localiser la bague, dissimulée sous une latte disjointe du parquet. Severus avait marché au bon endroit accidentellement et l'objet était apparu à leurs yeux.

Cependant, le maître des potions empêcha l'adolescent d'y toucher. Il lui fallu quelques secondes pour sentir un puissant sort de magie noire, et pour se rendre compte que l'objet était dangereux. Il ne savait pas ce que Voldemort avait fait, et il ne voulait certainement pas exposer Charles.
Frustré, le jeune homme sortit de la cabane d'un pas rageur, pestant contre la prudence excessive de son mentor.

Severus fut inflexible : il ne lui remettrait la bague que lorsqu'il se serait assuré qu'il n'y avait pas le moindre risque. En attendant, il lui conseilla de parler à Harry.

Une fois de retour à Poudlard dans la salle commune Serpentard, Charles s'isola, un livre à la main. Cependant, il n'était pas concentré sur l'ouvrage. Il réfléchissait, levant de temps à autres les yeux pour jeter un coup d'œil soucieux vers celui qu'il considérait comme son frère.
Leurs yeux se croisaient très souvent, et visiblement, Harry était inquiet.

Avec un soupir, Charles salua tous ses camarades d'un bref geste de la main avant de rejoindre le dortoir. Il s'engouffra dans la salle de bain pour prendre une douche brûlante, espérant que ce serait suffisant pour le détendre.
Lorsqu'il rejoignit le dortoir, la peau encore rouge de sa longue douche, il constata sans surprise que Harry était installé sur son lit, bras croisés sous la tête. Il s'installa à côté de lui, silencieux, attendant que son frère ne parle le premier.

Le brun aux yeux émeraude posa la tête sur l'épaule de Charles et soupira.
- Qu'est ce qui te soucie, Charlie ?
- Je...
- Ne me dis pas que c'est le tournoi ou je ne sais quoi. Dis moi juste pourquoi tu sembles triste et torturé. Tu dors mal, tu manges à peine...
- Severus sait qui je suis.

Harry gloussa doucement.
- Ne prends pas ce ton tragique. Ce n'est pas une surprise, n'est-ce-pas ?
- Harry...
- Tu lui as demandé ?
- Oui. Hier.
- Et il t'a répondu ?
Charles hésita. Puis soupira.
- J'ai deviné.

Le silence retomba entre eux, Harry restant collé contre son frère.
- Charlie. Ce n'est pas si terrible. Tu te souviens ? Quoi qu'il arrive, tu restes mon frère. Je ne vais pas changer d'un coup d'avis !
- Même si ça te met en danger ?
Harry se redressa, et se décala de façon à pouvoir fixer son jumeau dans les yeux.
- Hey. Je te confierai ma vie Charlie. Je te fais totalement confiance, tu sais.

Charles ferma les yeux, se sentant à l'agonie. Il avait l'impression de ne pas être digne de cette confiance, de trahir son frère en se révélant être son pire ennemi. Et plus il se sentait mal, plus Harry s'inquiétait.

Le jeune homme aux yeux sombres détourna le regard, incapable de fixer son frère pour lui avouer ce qu'il avait appris. Fixant avec obstination le mur de la chambre, il finit par révéler ce qui lui rongeait l'âme depuis la veille.
- Je suis Voldemort.

Seul le silence lui répondit. Charles se raidit, attendant que Harry ne se mette à hurler, ou qu'il ne parte en courant. Mais, à la place, son frère le prit dans ses bras et l'obligea à se serrer contre lui.
La main de Harry lui caressa le dos lentement, comme pour le réconforter, et Charles sentit les larmes couler sur ses joues.
- Tu es Charles, mon frère. Rien de plus.
- Mais...
- Nous avons grandi ensemble tu te souviens ? Quoi qu'il se soit passé, tu n'es plus la même personne. Je suis prêt à parier que Severus t'a dit la même chose.

Effaré, Charles se dégagea de l'étreinte et repoussa Harry.
- Tu savais ! Tu as été voir Severus !
Ses yeux verts pétillants de malice, Harry nia, avec un petit sourire.
- Non. Je n'ai pas parlé à Severus. Ce que j'ai déjà pensé par contre, c'est qu'il y avait quatre personnes dans la maison avant la mort de nos parents, et quatre après. Je me suis parfois posé la question si tu avais un lien avec... lui.

Charles se frotta le visage, incertain.
- Mais... Je ne comprends rien. Tu n'as rien dit.
- Dire quoi Charlie ? Tu n'es pas réellement lui, tu es mon jumeau. La personne la plus proche de moi. Celui en qui j'ai toute confiance. Tu m'as toujours protégé, alors, peu importe ce qui s'est passé avant. Tu ne peux pas t'en vouloir pour quelque chose dont tu ne te souviens même pas !
- J'ai tué tes parents.

Harry eut un petit sourire triste, et haussa les épaules.
- Je ne me suis jamais souvenu d'eux. Tu es mon premier souvenir, Charlie. Et je sais que tu n'es pas mauvais. Je ne vais pas te repousser, parce que tu resteras toujours mon frère.
Les larmes coulant librement sur ses jours, Charles se jeta sur Harry pour le serrer contre lui, sanglotant de soulagement.

Prompt de demain : au-delà du chemin