Tu es mon double

Amour perdu

Le temps passait, inexorablement.
Les enfants grandissaient, et le moment d'entrer à Poudlard - ou non - approchait.

Au Manoir Malefoy, tandis que trois garçons vivaient joyeusement, les adultes discutaient très sérieusement de l'avenir. Avec le temps, les anciennes rivalités avaient fini par disparaître. Ils avaient choisi d'oublier le passé et leurs querelles - les moqueries et plaisanteries cruelles, l'amour perdu de Severus, les trahisons des amis - pour se concentrer sur le futur et plus exactement sur le futur des enfants.

Certains jours ils étaient tous d'accord : les enfants ne devraient pas approcher Dumbledore. Dès qu'il saurait qui ils étaient, le vieux fou chercherait à les manipuler et à les ramener dans son giron. Surtout s'il se rendait un jour compte qu'ils avaient été sauvés par les Malefoy...
Ces jours-là, ils pensaient sérieusement que Durmstrang était une alternative sérieuse, même si la présence de Karkaroff et de son allégeance douteuse rendait les choses délicates.

Bien vite cependant, ils se rendaient compte qu'envoyer Harry et Charles Potter directement dans les bras d'un ancien Mangemort n'était pas forcément une idée brillante.
Bien sûr, Severus et Lucius pouvaient intimider l'homme jusqu'à ce qu'il comprenne que les enfants étaient intouchables, mais c'était parier gros.

Sirius ne manquait jamais de rappeler que Harry était inscrit à Poudlard depuis sa naissance, et que ça avait été une volonté de ses parents que de l'envoyer dans l'école où ils avaient étudié. Narcissa semblait comprendre l'argument et elle ne se privait pas de rappeler qu'elle aussi souhaitait que son fils connaisse Poudlard.

Les jours défilaient et le onzième anniversaire de Drago approchait. Puis ce serait au tour de Harry et Charles. Bientôt, ils recevraient leur lettre de Poudlard et ils auraient un choix à faire...

Un jour, Sirius était arrivé dans le bureau de Lucius où ce dernier, son épouse et Severus étaient installés. Il s'était planté devant le bureau de l'aristocrate et avait abattu ses mains à plat dessus, brusquement.
- Ils iront à Poudlard.

Severus allait protester - pour le principe de voir Sirius Black tenter d'imposer ses volontés - mais Sirius reprit, inflexible.
- Nous avons tous été à Poudlard, les parents de Harry aussi. Nous avons tous de bons souvenirs, et il serait... criminel de les priver de ça. De les priver d'une chance de connaître l'école qui a vu grandir leurs parents.

Il reprit sa respiration en les fixant tous les uns après les autres, puis il reprit.
- Dumbledore est un danger. J'en ai pris conscience, croyez-moi. Et s'il me vient à l'idée de l'oublier un jour, mes cauchemars de ma captivité à Azkaban seront une piqûre de rappel suffisante. Cependant, Lucius, tu es au conseil d'administration. Je pense pouvoir dire sans trop m'avancer que tu es capable de faire plier le reste du conseil à ta guise. Ainsi... nous contrôlons un minimum les actions du vieux fou.

Narcissa gloussa, amusée de voir comment Sirius avait pu changer d'avis au sujet d'Albus Dumbledore. Il était loin son cousin insupportable qui vénérait aveuglément le leader de la lumière !
Lucius hocha sèchement la tête aux paroles de l'animagus. Bien entendu qu'il pouvait influencer le conseil comme il le souhaitait. Il pouvait empêcher Dumbledore de faire venir un professeur, il pouvait surveiller ce qu'il organisait au sein de l'école. Il pouvait même demander la démission d'un professeur.

Cependant, aussi ferme soit la mainmise de l'aristocrate, il n'avait aucun moyen de s'immiscer plus dans les affaires de l'école. Il ne pouvait pas surveiller Dumbledore, il ne pouvait pas l'empêcher de manipuler les élèves.
- Je ne serais pas à chaque instant dans l'école Sirius.

L'animagus haussa les épaules.
- Severus est professeur non ? Il sera proche d'eux.

L'homme en noir grogna un vague assentiment.
- L'idéal serait qu'ils soient à Serpentard, je serais alors leur directeur de maison. Autant je n'ai pas vraiment de doutes au sujet de Drago ou même de Charles mais Harry a bien trop les traits d'un fichu Gryffondor !

Narcissa haussa les épaules.
- Peu importe, avec Severus sur place, ils seront bien plus en sécurité qu'à Durmstrang. Je n'ai jamais aimé Karkaroff. Cet homme pourrait vendre sa propre famille s'il peut en tirer avantage.

Severus soupira.
- Je suppose que la décision est prise. Je vais voir avec Minerva pour qu'elle ne parle pas à Dumbledore de l'adresse qui sera inscrite sur les lettres... Heureusement que c'est elle qui se charge de ça, elle semble plutôt furieuse contre le vieux fou ces temps-ci.

Sirius pinça les lèvres, puis se pencha en avant.
- Dis lui la vérité. Dis lui pourquoi les garçons sont avec nous au Manoir. Elle a peut-être suivi Dumbledore depuis qu'elle est à Poudlard, mais elle n'acceptera jamais qu'il les ait sciemment laissé être maltraités...

Le maître des potions marqua une hésitation puis acquiesça.
- Lorsqu'ils étaient bébés, Minerva avait suivi Dumbledore chez ces horribles moldus. Elle m'a prévenu à quel point ils étaient mauvais envers les enfants, mais... Je suppose qu'elle a confronté le vieux fou puisque lorsque je l'ai revu elle avait subi un oubliette et ne se souvenait plus des derniers évènements. Heureusement, avant de foncer hurler sur Dumbledore elle avait pris soin de m'envoyer un message. Elle voulait que nous allions les chercher ensemble.

Lucius se frotta les yeux d'un air absent.
- Préviens cette satanée chatte que si elle tente quoi que ce soit contre nous, elle en paiera le prix. Je veux bien lui laisser le bénéfice du doute sur cette histoire, mais je ne la laissera pas nous prendre nos garçons.

Severus observa en silence son vieil ami, surpris de le voir se montrer si possessif envers les enfants qui vivaient sous son toit. Lucius était plutôt du genre à masquer ses sentiments et à ne jamais laisser transparaître son attachement. Pourtant, il venait clairement de dire qu'il se battrait sans hésiter...
Le Maître des potions réprima un sourire en pensant aux miracles que les jumeaux Potter avaient déjà accompli. Ils avaient réuni d'anciens ennemis, ils avaient amené la joie et les rires au Manoir Malefoy. Ils avaient gagné le cœur de tous.

Dès la rentrée prochaine, ils partiraient à Poudlard, et l'année scolaire à venir risquait d'être particulièrement intéressante. Surtout si Dumbledore essayait de séparer les jumeaux ou de les manipuler. Ils n'étaient que des enfants, mais ils étaient malins. Par dessus tout, c'était des survivants. Et ils avaient appris à ne plus se laisser faire, à se battre.

Prompt de demain : Immortalité