Après avoir mangé - probablement plus que dans toute leur vie jusqu'à maintenant - Harry et Charles avaient été conduits par Narcissa à l'étage du Manoir. Elle leur avait désigné deux portes côte à côte, mais ils avaient refusé de se séparer pour cette première nuit.
Narcissa n'avait pas protesté, et les avait laissé se glisser dans le même lit. Elle avait veillé à ce qu'ils soient correctement installés et couverts d'une couette bien chaude avant de leur souhaiter une bonne nuit et de sortir de la pièce.
Lorsque la porte s'était fermée, ils avaient échangé un long regard, ne pouvant pas croire que la veille encore ils étaient affamés et dans un placard misérable, dormant sur un matelas si mince qu'ils sentaient le sol en dessous, et avec l'impossibilité de se laver...
Comme à leur habitude, ils se blottirent l'un contre l'autre, écoutant un bref instant les murmures dans le vent. A Privet Drive, ils n'avaient jamais entendu le son du vent dans les arbres du fond de leur placard, pas plus qu'ils n'avaient entendu parler de Magie.
Tout un nouveau monde s'ouvrait à eux, aussi prometteur qu'effrayant. En baillant, Harry chuchota.
- On ne se séparera jamais, n'est-ce-pas ?
- Jamais. C'est promis. Toujours ensemble.
Rassuré, le petit brun aux yeux verts se laissa glisser dans le sommeil. Charles lutta quelques instants de plus, les yeux papillonnants pour regarder son frère dormir, se jurant une fois de plus de le protéger. Puis, il ferma les yeux à son tour, épuisé par toutes ces émotions.
Peut être à cause du confort inhabituel ou parce qu'ils avaient mangé à leur faim, ni l'un ni l'autre ne s'éveilla lorsque Charles commença à s'agiter, pris dans un cauchemar. Il gémissait et sa tête se tournait de gauche à droite alors qu'il combattait ses démons.
Il lutta un bon moment, s'agitant et geignant. A ses côtés, Harry s'agitait également nerveusement comme s'il sentait ce qui se passait à ses côtés, sans pour autant ouvrir les yeux et apaiser son frère comme il le faisait habituellement.
Finalement, Charles se dressa dans le lit en hurlant. Il plaqua rapidement ses mains sur sa bouche en sanglotant pour ne plus faire de bruit, mais il était trop tard.
Au cri de son frère, Harry s'était réveillé et l'avait pris dans ses bras, lui frottant le dos, paniqué. Il espérait que personne dans l'immense Manoir ne les avait entendus...
Cependant, une poignée de secondes plus tard, Narcissa arrivait en courant, suivie de son époux, baguette à la main. Elle lança un sort qui alluma les bougies de la pièce.
Face aux regards des adultes, les jumeaux se recroquevillèrent, paniqués. La peur visible dans leurs yeux déstabilisa Lucius, qui se demandait ce qui se passait pour provoquer un tel sentiment chez ces enfants...Narcissa s'approcha et posa une main sur l'épaule de Charles comme pour le consoler, mais Harry s'interposa, effrayé mais décidé à protéger son frère. Elle ne se formalisa pas de la réaction des enfants, et commença à murmurer des mots de réconfort à mi-voix, sans chercher à les toucher de nouveau, restant parfaitement calme, comme si tout était normal.
Lucius observait la scène, perplexe, jusqu'à ce qu'il comprenne soudain.
Il brida la rage qu'il ressentait pour s'obliger à parler d'une voix calme, coupant Narcissa dans son babillage apaisant.
- Personne ne vous fera jamais de mal pour un cauchemar, ici. Ce n'est rien.
En voyant la tension se relâcher dans les épaules des garçons, il serra les poings. Il comprenait la fureur de son épouse, un peu plus tôt dans la soirée. Elle lui avait parlé des marques de coups sur leurs corps, de leur maigreur affolante et de leur taille bien trop faible pour leur âge.
Elle avait évoqué leur silence et leur calme - inhabituels pour des garçons si jeunes - et leurs mouvements de recul pour chaque geste un peu trop vif.
Et voilà qu'un élément de plus s'ajoutait à la longue liste des méfaits des moldus qui avaient accueilli les enfants Potter...
Avec un soupir, Lucius appela un elfe et lui demanda d'apporter une tasse de lait chaud aux deux enfants. Il leur tendit le breuvage, en leur expliquant que sa mère ne jurait que par ce remède pour chasser les mauvais rêves lorsqu'il était enfant.
Les deux garçons échangèrent un regard, perdus, avant de boire la tasse qui leur avait été tendue. Ils se recouchèrent et Narcissa remonta la couverture sur eux, n'osant pas leur ébouriffer les cheveux pour ne pas les affoler. Lorsque les époux Malefoy passèrent la porte, leurs yeux papillonnaient déjà alors qu'ils se rendormaient.De retour dans leur chambre, Narcissa appela un elfe pour demander une infusion. Elle n'allait pas se rendormir immédiatement après tout. Lucius allait et venait dans la pièce, prêt à laisser éclater sa colère.
- Je pensais... Je pensais que les actes que nous avons commis en tant que Mangemorts étaient innommables, surtout après ce qui est arrivé aux Potter et aux Longdubas. Après tout, ils étaient des familles Sang-Pur... Mais ces moldus... Ces moldus sont pire que tout... Merlin ! Ils mériteraient une visite des pires d'entre nous pour un peu de torture !
- Comment Dumbledore a-t-il pu permettre ça ?
Lucius grogna.
- Tu peux être certaine que je vais lui mettre des bâtons dans les roues au conseil d'administration de Poudlard. Pour chaque chose qu'il essaiera de changer, je serais là pour lui rappeler qu'il est sous étroite surveillance... Et il ne reposera pas la main sur ces gosses. Jamais. Même si je dois les emmener moi-même à Durmstrang pour les tirer de ses mains griffues.
Narcissa soupira en finissant sa tasse, puis elle fronça les sourcils.
- Lucius... Te souviens-tu de mon cousin ?
- Celui qui léchait les bottes de Dumbledore ?
L'aristocrate secoua ses cheveux blonds et laissa échapper un rire amer.
- Pour ce que ça a changé... Il est à Azkaban, jeté au fond d'une cellule crasseuse, à tenir compagnie à Bella...
Lucius se figea et se retourna vers son épouse.
- Quoi ? Depuis quand ?
- Sept ans. Depuis la chute du Seigneur des Ténèbres.
Il fixa Narcissa un long moment, puis s'installa face à elle. Il secoua la tête, perplexe.
- Pourquoi... pourquoi le Magenmagot n'a jamais été averti ? Dumbledore a placé son vieil ami Elphias Doge sur le siège des Black pendant l'indisponibilité du dernier héritier, de ses propres mots. Il n'y a eu aucun procès, aucun ordre approuvé.
Narcissa se redressa.
- Tu pourrais le faire libérer ?
Lucius grogna, mécontent.
- Libérer un pion de Dumbledore ? Certainement pas ma chère !
- Sirius est fidèle avant tout à ses amis. Le père de James Potter l'a accueilli comme un fils lorsqu'il a fui Walburga. Et le petit Harry est son filleul. Il choisira de protéger les garçons plutôt que de retourner vers Dumbledore et ses manigances, surtout quand il découvrira comment ils ont été traité ! J'en suis certaine. C'est un Black avant toute chose, et les Black sont fidèles à leur famille.
Pensif Lucius soupira.
- Ce serait un sacré coup de poker, ma douce. Je vais voir ce que je peux faire...Prompt de demain : des choix de vie
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Tu es mon double
FanficHalloween 1981. Le monde magique est en guerre. Après avoir entendu une prophétie le concernant, Voldemort décide d'éliminer ses opposants principaux. Aidé de leur gardien du secret, il fait irruption chez eux, pour tuer l'enfant destiné à le vaincr...