Pour vivre à nouveau

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Puisqu'il était remis de sa longue incarcération, Sirius avait conscience qu'il était temps pour lui de reprendre le cours de sa vie. Il appréciait sa vie au Manoir Malefoy, et il appréciait plus qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer avoir repris contact avec sa cousine.
Enfants, ils avaient été proches, puis lorsqu'il était entré à Gryffondor, il avait coupé tout lien avec sa famille entière.
Avec le recul, il se rendait compte qu'il avait juste écouté ce qu'il avait entendu à Poudlard, et il avait reproduit la haine Gryffondor - Serpentard à l'échelle familiale.

En pleine guerre contre Voldemort, il avait imaginé que seuls les Serpentard suivraient le mage Noir. Qu'il ne pourrait jamais y avoir de bon chez les verts-et-argent, qu'ils se laisseraient tous aller à suivre le pouvoir et la puissance.


Pendant les années qu'il avait passé à Azkaban, il avait largement eu le temps de revoir ses certitudes. Il avait eu le temps de changer d'avis, de se rendre compte qu'il avait été stupide de vouloir catégoriser les gens sur la base de leur maison.


Peter le Gryffondor avait trahi. Severus le Serpentard était devenu espion et avait risqué sa vie sans hésiter.
Et voilà que la famille Malefoy - Serpentard par excellence - le surprenait en l'aidant après avoir sauvé son filleul et l'autre enfant qui était présent chez ses meilleurs amis le soir du drame.


Sirius jeta un regard circulaire sur la chambre qu'il occupait, et soupira. L'endroit était magnifique, bien évidemment. Lucius aimait le luxe, il ne s'en était jamais caché. Et Narcissa avait toujours montré un goût très sûr.
Il s'imagina retourner Square Grimmaurd, et il frissonna involontairement. Sa maison de famille ressemblait plus à un tombeau qu'à un logement, et il n'était pas sûr de supporter d'y vivre encore.


Perdu dans ses pensées, il sursauta en entendant frapper à la porte, et il invita immédiatement son visiteur à entrer. Lorsqu'il se retourna, un peu morose, Narcissa était dans l'embrasure de la porte, bras croisée, appuyée contre le chambranle de la porte et elle l'observait avec attention.
- Et bien ? Tu sembles bien triste aujourd'hui Sirius.


L'animagus fronça le nez et haussa les épaules.
- Une légère baisse de moral.
- Pourquoi ?
- Parce que je pensais à Square Grimmaurd, à quel point je détestais cette maison.
- Pourquoi y penser ?


Sirius jeta un bref regard en direction de Narcissa, qui souriait d'un air amusé. C'était un jeu qu'ils avaient souvent joué, enfants. Les "pourquoi" en boucle de Narcissa, jusqu'à ce que Sirius en ait marre de répondre...
Il soupira et secoua la tête.
- Parce que je vais devoir un jour y retourner. Et avant que tu me demandes pourquoi, tout simplement pour vivre à nouveau normalement.


Narcissa entra dans la chambre et s'assit sur le bord du lit, fixant son cousin sérieusement.
- Tu es le bienvenu ici, Sirius. Autant que tu en as besoin.
- Je ne peux pas... rester indéfiniment. Je suis le cousin repris de justice, et même si le Manoir est immense, tu dois avoir hâte de retrouver... ta famille.


Loin de se vexer, l'aristocrate laissa échapper un ricanement moqueur.
- Très cher, tu sembles avoir oublié le principe de tout bon sang-pur : la famille avant tout. Et tu fais partie de ma famille. Je suis une Black, et je n'ai pas renié mon nom.
- Malgré mes erreurs ? Ma mère n'a pas été aussi... compréhensive.
- Ta mère était furieuse de ta rébellion. Elle aurait eu besoin de temps pour... accepter.


Sirius se rembrunit, sans répondre. Narcissa insista, décidant de se servir de son caractère Serpentard pour décider l'homme à rester en sécurité au Manoir.
Elle savait pertinemment qu'il était caché en sécurité entre ses murs, mais que dès qu'il retournerait dans sa maison de famille, Dumbledore viendrait le récupérer, prêt à utiliser n'importe quel moyen pour l'attirer.
- Sirius... Ici, tu es certes en sécurité, mais tu as également la possibilité de passer autant de temps que tu le souhaites avec les enfants. Je reste persuadée que Harry et Charles ont besoin de toi près d'eux.


L'animagus se mordilla la lèvre, indécis.
Sa cousine avait trouvé le parfait argument pour le convaincre. Il s'était attaché aux gosses, que ce soit Harry, Charles ou même Drago. Il se sentait toujours mieux après avoir passé du temps avec eux, et sans eux, il n'aurait peut être pas réussi à reprendre pied dans la réalité...


Cependant, il grogna.
- Ils préfèrent Severus.
Narcissa gloussa, visiblement amusée.
- Je pense qu'ils ont assez d'amour à donner pour vous deux. Et puis, tu as finalement réussi à t'entendre avec Severus non ?


Sirius détourna le regard. Le passé lui pesait souvent, surtout quand il pensait à la façon dont il s'était conduit. Il pouvait toujours prétendre qu'il était un enfant à l'époque, il savait que rien ne pouvait vraiment excuser son comportement.
Le pire avait été quand il avait envoyé Severus vers un Remus sous sa forme lupine. Il aurait pu être déchiqueté cette nuit-là, sans James pour s'interposer au dernier moment. Après cette sombre histoire, Dumbledore n'avait rien fait en faveur du Serpentard. Il avait juste haussé les épaules, comme si rien ne s'était produit, attisant la fureur des Serpentard à l'égard des Gryffondor...


- Cissa... Tu me le dirais si ma présence posait problème à... Severus ?
Sa cousine le fixa jusqu'à ce qu'il rougisse légèrement et détourne le regard. Puis elle lui offrit un sourire rassurant.
- Tu as changé Sirius, et c'est une bonne chose. Autrefois, tu ne te serais pas préoccupé de ce que pouvait ressentir Severus.
- J'étais si... Stupide ?
- Stupide ? Peut-être. Mais surtout, ta haine à l'égard des Serpentard n'avait aucune limite. Lorsque nous étions à Poudlard, tu n'as jamais croisé mon regard. Tu faisais toujours en sorte de m'éviter malgré notre lien de famille.


Sirius resta les yeux dans le vague un long moment, plongé dans ses souvenirs. Il avait été si fier d'être réparti à Gryffondor, comme le signe qu'il ferait de grandes choses pour le bien contrairement aux membres de sa famille... Il paradait dans les couloirs avec ses amis, mais il n'avait jamais pensé à tout ce que ses choix impliquaient.


Narcissa se leva, lui posa brièvement la main sur l'épaule avant de quitter la pièce. Juste avant de passer la porte, elle lui adressa un dernier mot.
- Reste.

Prompt de demain : changement d'avis

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant