Un chant d'espoir

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La leçon de vol donnée par Lucius avait débloqué quelque chose chez Harry et Charles. Ils avaient pris confiance, comme s'ils avaient enfin compris qu'ils étaient en sécurité.
Ils devinrent moins méfiants, petit à petit. Les sourires n'étaient plus aussi rares sur leurs visages, pour la plus grande joie de Narcissa.


La première fois qu'elle les entendit rire avec Drago, elle laissa échapper quelques larmes, soulagée de constater qu'ils guérissaient. L'aristocrate s'était attaché à ces deux enfants malmenés par la vie, bien plus qu'elle ne l'aurait pensé.
Lucius n'avait rien dit, mais il n'en pensait pas moins.


Curieux, l'aristocrate s'était isolé avec son fils quelques minutes, pour lui demander pourquoi il avait accepté les deux garçons alors qu'il semblait si réticent de les voir venir vivre au Manoir.
Drago gêné, avait voulu esquiver la question, mais Lucius n'avait pas lâché, voulant comprendre un peu mieux la dynamique entre ces trois-là.


Boudeur, Drago avait fini par avouer ce qui s'était passé.
- Je ne voulais pas d'eux ici. Mais j'ai vu les marques sur le dos de Harry et j'ai compris pourquoi vous aviez voulu les faire venir à la maison. Je... Je ne pouvais pas vous dire de les renvoyer alors qu'ils avaient souffert quand même !
Lucius hocha la tête, un sourire approbateur sur le visage.
- Ta mère et moi sommes fiers de toi, Drago.


Le garçon rougit puis détourna le regard.
- Mais maintenant je m'en fiche. Je les aime bien tous les deux. C'est super d'avoir des amis qui vivent à la maison. Je m'ennuie moins.

Lucius ricana et laissa son fils s'échapper, attendri malgré lui. Tout était toujours si simple avec les enfants...


***


Même si les garçons allaient mieux, Narcissa n'avait pas renoncé à son projet insensé : faire libérer Sirius Black pour obtenir son appui. Elle croyait fermement que son cousin serait le meilleur rempart pour contrer Dumbledore.


Elle avait profité d'une visite à Bellatrix pour s'assurer que Sirius n'était pas devenu totalement fou, enfermé dans ce lieu sinistre avec pour seule compagnie les Détraqueurs. Bien que son cousin se soit montré désagréable et légèrement agressif envers elle, elle avait été rassurée : il semblait ne pas souffrir de la folie qui s'emparait de tous les prisonniers au contact des créatures déprimantes qui gardaient les cellules.


En partant de ce lieu de désolation, elle avait planté les graines d'un chant d'espoir dans le cœur de Sirius en lui avouant qu'elle le pensait innocent.


***


Bien qu'il ne soit pas ravi à l'idée de voir son ancien rival libre et proche des gamins qu'il avait pris sous son aile, Severus avait profité de sa position d'espion pour tenter d'avoir des témoignages qui pourraient aider Sirius Black.
Il ne s'attendait certainement pas à obtenir des informations qui changeaient tout...


Severus découvrit que Sirius avait été arrêté et jeté à Azkaban, sans le moindre procès, ni la moindre enquête. Le trouver seul sur les lieux du massacre avait suffit à le condamner visiblement, et les Aurors avaient ajouté par la suite à son dossier qu'il avait trahi les Potter.


Cependant... Personne n'avait pu affirmer qu'il était réellement le gardien du secret. Pire encore, Arthur Weasley, un peu gêné, avait avoué à Severus autour d'un verre qu'il avait entendu une conversation avant le drame entre Sirius et James Potter. D'après ce qu'il avait compris, Sirius venait de refuser d'être le gardien du secret des Potter parce que d'après lui "c'était trop évident". Par la suite, il n'avait jamais repensé à parler de cette conversation, il avait supposé que Sirius s'était laissé convaincre finalement.


Lucius demanda à Rockwood - ancien Mangemort et langue-de-plomb - d'examiner la baguette de Sirius Black, confisquée lors de son arrestation. Lorsqu'il découvrit que le prior incantatum n'avait rien donné de plus violent qu'un Experlliamus ou un Incarcerem, il alla directement voir Amélia Bones.


Il n'aimait pas cette femme, parce qu'elle le regardait comme s'il était un insecte répugnant. Il savait pertinemment qu'elle rêvait de l'envoyer à Azkaban, pour ses crimes passés. Lucius devait cependant reconnaître qu'elle était parfaitement intègre. Bien qu'elle soit une farouche opposante à Voldemort et à ses Mangemorts, elle restait juste et impartiale : elle était l'une des rares à tenir tête à Dumbledore et à refuser de lui passer toutes ses lubies.
C'était de cette façon qu'elle s'était attiré le respect de la plupart des familles des ténèbres, parce qu'ils savaient qu'ils ne seraient pas jugés sans preuves tant qu'Amélia Bones serait aux commandes.

Elle ne fut pas ravie de le voir débarquer dans son bureau. Elle l'écouta poliment mais au fur et à mesure des explications de Lucius, elle se crispait, visiblement furieuse.
Il lui remit toutes les preuves, laissant Amélia plongée dans tous les documents qu'il lui avait laissé. Au moins, Lucius aurait eu la satisfaction de laisser la femme à la poigne de fer muette de stupeur...


****


Dire que les semaines suivantes furent mouvementées serait un euphémisme. Le Ministère fut le lieu de départ d'un séisme sans précédent.


Alors que le monde magique avait détesté Sirius Black depuis que la trahison dont il était accusé avait été révélée, les sorciers découvraient que l'homme était probablement victime de la pire erreur judiciaire qui soit.
De criminel, Sirius devenait un ami fou de chagrin qui cherchait à trouver le coupable de la mort des Potter.


A chaque fois qu'il se rendait au Ministère, Lucius se délectait du chaos qu'il avait lui-même contribué à semer. Amélia ne dirait jamais que l'information venait de lui, l'aristocrate lui avait demandé la discrétion. Il avait prétexté vouloir faire plaisir à sa femme en lui rendant une partie de sa famille, surtout depuis qu'il avait découvert que le terrible criminel était un innocent enfermé par erreur.
Dumbledore semblait passer son temps à Londres au lieu de remplir ses devoirs de Directeur de Poudlard, donnant son avis en permanence, jurant que Sirius Black avait trahi, qu'il avait assisté lui-même au lancement du sort de Fidelitas... essayant visiblement de maintenir tout son petit monde en place, sans succès.


***


Moins d'une semaine après le début des manœuvres lancées par Lucius, Severus rendit une visite éclair un matin au Manoir, pour annoncer que Dumbledore avait quitté Poudlard furieux comme jamais.
Avec un sourire carnassier, Lucius promit à son vieil ami de tout lui raconter, et il transplana immédiatement pour le Ministère.


Il lui fallut toute sa maîtrise de lui-même pour ne pas montrer sa satisfaction. Le Ministère de la Magie était en ébullition, puisque Amélia Bones, lassées des conversations stériles au sujet de Sirius Black avait ordonné que l'homme lui soit amené pour être interrogé sous veritaserum.
C'était cette nouvelle qui avait rendu Dumbledore fou de rage, et Lucius sut qu'il avait gagné : ce n'était plus qu'une questions de jours avant que Sirius Black ne soit libéré et innocenté.

Prompt de parole : don de parole

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant