Mort vengeresse

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Noël était passé, puis le nouvel an. Enfin, il avait été temps de retourner à Poudlard pour les enfants. Ils avaient été heureux de retrouver leurs amis dans le Poudlard express, et lorsque Sirius avait déposé Charles et Harry à la gare, Remus Lupin était présent une fois de plus.
Leur parrain l'avait ignoré, embrassant les garçons et leur demandant de se montrer prudents.
Le loup-garou était resté à l'écart, les observant intensément, comme s'il brûlait de se joindre à eux et de leur parler. Le regard noir de Sirius cependant l'avait convaincu de ne pas intervenir.

Après son long voyage, le Poudlard Express était arrivé à Poudlard, les enfants étaient fatigués, mais heureux de retrouver leur dortoir.
Pendant le dîner, Charles avait senti le regard du Directeur de l'école sur eux, et il s'était tendu. Le garçon n'avait rien dit à Harry, mais il avait commencé à observer discrètement le vieil homme.

Il n'y avait aucune bienveillance dans le regard bleu. Il les évaluait pensivement, sans même se cacher. Charles plissa les yeux, alors qu'une vague de haine envers l'homme l'envahissait. Il ne savait pas pourquoi il réagissait aussi violemment, ce n'était pas dans ses habitudes. C'était comme s'il avait déjà un compte à régler avec Dumbledore...
Harry, à ses côtés, riait et plaisantait avec Drago, ne semblant plus se préoccuper que leur amitié soit connue. Pour tout le monde il était évident que les deux garçons étaient proches et visiblement ça ne plaisait pas au directeur de l'école.
Charles se jura que si Dumbledore essayait de les séparer, il le détruirait. Hors de question de voir Harry malheureux.

Severus mangeait d'un air indifférent, regardant parfois les élèves les sourcils froncés. Cependant pour Charles qui le connaissait, il pouvait deviner qu'il était aux aguets, surveillant attentivement tout ce qui pouvait se passer. Et parfois, quand son regard passait sur les trois garçons, quelque chose dans son expression s'adoucissait, même s'il fallait le connaître pour s'en rendre compte.

Près de lui, Minerva babillait en secouant la tête, faisant osciller son chapeau pointu, faisant diversion auprès de Dumbledore. Il était évident que le Directeur était agacé, mais il faisait bonne figure : il ne pouvait pas repousser brusquement la lionne, sans se mettre à dos l'ensemble du corps enseignant.


Charles soupira pour se concentrer quelques instants sur son assiette. Harry l'avait servi, pour qu'il se remplisse l'estomac. Le souvenir de leur enfance leur avait donné l'habitude de ne jamais sauter un repas, quelqu'en soit la raison. Ils avaient trop manqué par le passé...
Le garçon rougit légèrement en croisant le regard d'Hermione, qui le fixait d'un air inquiet. En voyant le regard de la lionne naviguer entre la table des Serpentard et la table des professeurs, il comprit qu'elle avait noté le petit manège de Dumbledore et qu'elle se posait beaucoup de questions. Charles lui offrit un léger sourire qu'il espéra rassurant, et souhaita qu'elle ne cherche pas plus loin, pour ne pas se mettre en danger...
Mais c'était d'Hermione, à l'intelligence redoutable et à la curiosité presque maladive dont il parlait.


Les jours suivants, Charles se rendit rapidement compte que Dumbledore les surveillait de plus en plus près. Il semblait attendre quelque chose, et le garçon comprit rapidement qu'il espérait voir Harry isolé pour le convoquer dans son bureau. Seul.
La haine de Charles se décupla, le laissant haletant et perplexe. C'était comme s'ils s'étaient déjà affrontés dans une autre vie, comme s'il avait un compte à régler avec le vieux sorcier. Chaque cellule de son corps détestait l'homme, et s'il se laissait aller à ses instincts, il l'aurait attaqué sans la moindre hésitation... En plein milieu de la Grande Salle, devant tous ses camarades et professeurs.

Pour une fois, Charles garda un secret pour lui. Il décida de ne pas parler de sa réaction et de ses sentiments à Harry. Son frère aurait immédiatement été inquiet et aurait probablement cherché à intervenir... Parfois, Charles se disait que le garçon aux yeux verts avait plus du Gryffondor que du Serpentard. Ses sentiments le poussaient à agir sans réfléchir, et le mettaient bien trop souvent en danger, comme lorsqu'il s'interposait entre Vernon et lui.
Il ne parla pas plus de ses sentiments à Severus, même si le sombre professeur aurait pu comprendre et l'aider. Comment pourrait il dire à l'homme qu'il admirait plus que tout que seule la mort vengeresse pourrait apaiser sa haine à l'égard de Dumbledore ? Qu'il détestait le vieil homme plus encore qu'il n'avait haï son oncle ?
Harry ne le rejetterait peut être jamais, mais il ne voulait pas perdre l'amitié de son professeur. Il craignait de décevoir Severus Rogue, cet homme taciturne qui l'avait pris sous son aile et lui avait offert une vie bien plus agréable que ce qu'il avait jamais pu espérer.

Parfois, Charles sentait le regard interrogatif de Hermione sur lui. Mais même lorsqu'ils passaient du temps ensemble, à la Bibliothèque ou dans le parc de l'école, elle ne faisait pas le moindre commentaire. Elle lui offrait juste son amitié, attendant qu'il se confie à elle, tout en observant attentivement.

Ce fut Harry qui le confronta le premier sur les sentiments qui l'agitaient. Un soir, son frère se glissa dans son lit, pour le prendre dans ses bras, et le serrer contre lui.
- Charlie, si tu me disais ce qui te torture depuis la rentrée ?
Maussade, Charles n'avait pas répondu. Mais Harry n'était pas du genre à abandonner si facilement.
- J'ai bien vu comment tu regardes Dumbledore, tu sais.
- Il veut te faire du mal...
- Charlie...
Le soupir de Harry avait fait se crisper le garçon et il l'interrompit un peu brusquement.
- Je le sais. Je le sens. Il nous surveille sans cesse Harry, mais c'est toi qu'il veut.

Les yeux verts de son frère se voilèrent un instant, puis il hocha la tête doucement.
- D'accord. D'accord, je serais prudent. Mais toi aussi Charlie. S'il est aussi dangereux que tu le penses, il pourrait te faire du mal si tu es sur son chemin.
Charles plissa les yeux, et Harry eut l'impression que les yeux de son frère rougeoyaient. Ce fut bref, et le jeune garçon se convainquit que ça n'avait été qu'une illusion d'optique.
- Qu'il essaie, je ne le crains pas. Je ne le laisserai pas s'en sortir si facilement.

Sentant la magie de son frère s'agiter, Harry soupira et serra son frère contre lui, caressant son dos en un mouvement apaisant et hypnotique.
- Calme-toi Charlie. Nous ne sommes plus seuls tu te rappelles ? Nous avons nos amis, nous avons Severus. Sirius. Lucius et Narcissa. Nous ne serons plus jamais seuls.

Prompt de demain : renégat

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant