La lumière des étoiles

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Bien qu'ils n'aient jamais eu la possibilité d'étudier convenablement à l'école - après tout, ils ne devaient jamais avoir des notes supérieures à Dudley au risque d'être battus - Harry et Charles étaient loin d'être stupides.
Les deux garçons avaient une réelle soif d'apprendre, et pour ce faire, ils écoutaient et observaient avec soin tout ce qui les entourait.


Ainsi, dissimulés dans leur buisson, ils entendirent la sirène d'une ambulance, supposant que la tante Pétunia avait appelé les secours pour leur oncle Vernon. Cette fois le choc avait été réellement violent, et l'homme était probablement blessé.
Charles espéra l'avoir tué, pour venger des années de maltraitances. Harry pour sa part, priait pour qu'il n'ait rien de grave. Ce n'était pas par bonté, loin de là. Il ne voulait juste pas que son frère ait des ennuis. Là où Charles rêvait de vengeance, Harry espérait garder son jumeau en sécurité...


Lorsque le quartier fut redevenu silencieux, ils échangèrent un long regard. Charles allait se glisser hors de son buisson mais Harry l'attrapa par le poignet et secoua doucement la tête.
- Bouge pas. Si les adultes voient deux enfants se promener seuls, ils vont appeler la police et on nous renverra chez eux.
Le garçon aux yeux sombres haussa les épaules, grimaçant.
- On va pas rester toute notre vie terrés ici ! Il faut partir le plus loin possible !
- Non. On va juste attendre la nuit. Il y aura moins de monde...


Charles ne répondit pas, mais il se réinstalla près de son frère, cherchant la position la plus confortable possible.
Harry somnolait, essayant d'oublier son estomac qui grondait de temps à autres et la soif qui le tenaillait, lorsqu'il sursauta à un mouvement brusque de son frère.
Le garçon s'était redressé pour fixer Harry, visiblement inquiet.
- Harry ? Tu crois que je vais avoir des problèmes ?


Harry réprima un sourire attendri. Charles ne s'inquiétait pas vraiment des problèmes qu'il pourrait avoir, il avait surtout peur qu'ils soient séparés ou que son frère ne se détourne de lui.
Sans un mot, il l'attira à lui pour le serrer dans ses bras, en lui caressant doucement le dos d'une manière presque hypnotique et apaisante. Après quelques instants, il lui chuchota quelques mots à l'oreille.
- Je ne te laisserai jamais Charlie. Quoi qu'il arrive.


Le corps de son frère se détendit et Harry sentit quelques larmes mouiller son cou. Cependant, il ne le fit pas remarquer, pas plus qu'il ne bougea. Charles détestait afficher la moindre preuve de faiblesse.
Lorsqu'il fut apaisé, Charles se détacha légèrement de lui, et lui offrit un sourire triste.
- Je suis quelqu'un d'horrible.
Harry secoua vivement la tête, prêt à protester énergiquement. Mais Charles lui fit signe de le laisser continuer. Il baissa les yeux pour ne plus voir les orbes émeraude si brillantes de son jumeau puis soupira tristement.
- Je n'ai eu aucun regrets à le blesser. J'étais tellement content de lui avoir fait du mal. Et je voulais qu'il meure. De toutes mes forces.


Harry ne répondit pas immédiatement. Il ne quittait pas des yeux son frère, attendant qu'il relève la tête. Voyant que Charles ne bougeait pas, il l'obligea à le regarder en levant sa tête d'une main douce.
- Charlie... Tu n'es pas horrible. Je n'ai pas eu la moindre pitié non plus de le voir au sol. Je me moque de ce qui peut leur arriver. La seule chose importante, c'est toi.


Charles hésita et Harry crut voir un reflet rouge dans son regard sombre. Puis, il reprit la parole.
- Alors, tu ne me détesterais pas si je tuais quelqu'un ?
Harry secoua immédiatement la tête.
- Rien ne pourrait me faire te détester Charlie.
Puis, après une seconde de réflexion, Harry fronça les sourcils et demanda des précisions.
- Parce que tu comptes tuer quelqu'un ?
L'air terriblement sérieux, Charles hocha lentement la tête en signe d'assentiment, l'air décidé.
- Toutes les personnes qui te feront du mal.


Loin d'être horrifié de la réponse calme de son jumeau, Harry gloussa, et se tortilla pour se coller un peu plus à son frère sans faire bouger le feuillage du buisson. Il serait dommage qu'ils soient découverts si vite après leur fuite...

La journée se déroula lentement, et les deux garçons somnolèrent de temps à autres, essayant d'oublier la faim et la soif. Heureusement pour eux, c'était une journée d'automne encore chaude, et ensoleillée. Ils ne risquaient donc pas d'attraper une pneumonie à cause du froid ou de l'humidité.
Ils passèrent le temps où ils étaient éveillés à observer les visiteurs du terrain de jeu. Des nourrices ou des parents accompagnant leurs enfants et s'occupant d'eux.
Les deux jeunes garçons observaient avidement ce que c'était d'avoir une vraie famille, et essayaient de se demander ce qu'ils ressentiraient si quelqu'un se préoccupait d'eux de cette façon.


Mais depuis qu'ils étaient en âge de comprendre, les Dursley leur avaient annoncé avec une joie mauvaise qu'ils n'avaient personne pour se soucier d'eux. Pas de parents, pas de famille. Juste eux et leur bonté d'avoir accepté de recueillir deux monstres. Deux anormaux.
Cependant les deux frères n'étaient pas d'accord : ils n'avaient pas personne. Ils étaient là l'un pour l'autre, et ils se suffisaient à eux même. Ils s'aimaient profondément, plus que leur propre vie.


Lorsque l'obscurité commença à tomber, le parc se vida de ses occupants. Très vite il fut désert. Ils quittèrent leur abri pour se dégourdir les jambes, tout en restant près de leur cachette. Ils devaient être patients et attendre que les rues ne soient elles aussi désertes.


Il faisait nuit noire lorsque les deux garçons se décidèrent à quitter l'endroit où ils avaient trouvé refuge. Ils s'éloignèrent de Privet Drive, de tout ce qu'ils avaient connu sans un regard en arrière, marchant d'un bon pas sous la lumière des étoiles.


Ils avaient bien l'intention de changer de vie à compter de ce jour : terminé les Dursley et les coups. Terminé les esclaves sous alimentés, obligés de faire toutes les corvées de la maison.
Sans se vanter, les deux frères se savaient assez malins pour ne pas se faire remarquer. Et même s'ils n'avaient pas d'argent et pas de logement, leur situation ne serait jamais pire que ce qu'ils avaient connu toute leur enfance.


Il leur suffirait de mendier un peu pour quelques piécettes de quoi se nourrir. Ils pourraient trouver un endroit où se cacher. Et ils ne devraient jamais se faire remarquer.
Ils avaient le sentiment qu'ensemble ils seraient surpuissants.


Prompt de demain : le jour du changement

Tu es mon doubleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant