Les secondes semblent être des minutes et les minutes des heures. Le temps passe tellement lentement que j'ai l'impression qu'il ne va jamais être 19 heures. Je jette un œil à la pendule, 18h16, encore 44 longues minutes. Je suis tellement nerveuse pour ce dîner que je n'ai presque rien pu avaler au déjeuner. Depuis que je me suis levée ce matin, je compte le nombre d'heures qui me séparent du moment où Gareth doit arriver. Je n'ai jamais été si stressée pour un rencard, pas même pour le premier vrai rendez-vous de ma vie.
Je me suis souvenu qu'on avait environ 15 ans, le mec m'avait invitée à déjeuner en dehors du lycée un midi. Nous sommes allés à McDo mais j'étais complètement sereine, détendue. J'avais fait attention à ma tenue sans me mettre sur mon trente et un comme aujourd'hui. J'ai dû y aller en jean ! C'est avec un peu de nostalgie que je regrette presque mes rendez-vous d'adolescente à la fête foraine ou au cinéma sans trop de prises de tête.
Le risotto mijote sur le feu, la table est mise, tout est propre, je n'ai plus qu'à prendre mon mal en patience et attendre sagement qu'il arrive pour faire cuire le poisson. Je vérifie une énième fois ma tenue et mon maquillage dans le miroir de la salle de bain. Rien n'a bougé. Plus le temps passe et s'approche de l'heure où il doit arriver, plus le nœud que j'ai dans le ventre se resserre. Je suis tellement nerveuse qu'il m'en est difficile de tenir sur mes deux pieds, heureusement que je ne porte pas de talons. Je lisse ma jupe, passe mes doigts dans mes cheveux avant que quelqu'un ne toque à la porte d'entrée et me fasse sursauter.
Je vais ouvrir. Gareth se tient devant moi, plus beau que jamais en costume bleu marine sans cravate et la chemise déboutonnée au niveau du col. Son voyage en Californie a rendu sa peau un peu plus hâlée mais sinon c'est toujours le même, avec le même sourire ravageur. Lorsque j'ai ouvert la porte, ses yeux se sont écarquillés et son regard azur s'est chargé de désir. J'en déduis qu'il aime bien ma tenue.
Il sort un immense bouquet de roses orange de derrière son dos et me le tend avec un sourire charmeur. Je le remercie et serre le bouquet contre mon cœur. Cette attention me fait fondre et me rappelle que peu sont ceux qui m'ont offert des fleurs, se contentant de m'en offrir éventuellement à mon anniversaire, et encore je suis sûre que c'est leur mère qui leur a dit de le faire.
— Tu es sublime, ma belle, dit-il en s'approchant pour réduire significativement la distance entre nous.
— Toi aussi, je réponds avec un sourire. Entre.
Je passe en revue ma tenue mentalement tandis qu'il me précède dans l'appartement. J'ai finalement opté pour la jupe plissée verte et le caraco ivoire après une heure d'hésitation ce matin. J'ai même pensé à porter autre chose que ce que j'ai acheté samedi avec Jane mais je me suis ravisée et j'ai pris une décision. Je me rends compte que je suis vraiment plus petite que Gareth sans talons. J'ai abandonné mes escarpins pour mes vieilles Chuck Taylor blanches, plus tellement depuis le temps, alors le haut de ma tête arrive presque au niveau de son épaule.
— Quoi que tu portes tu seras toujours magnifique, souffle-t-il avec un sourire à en damner une sainte.
— J'ai pensé à la même chose en te voyant. Parle-moi de ton voyage, dis-je en l'invitant à s'asseoir sur le canapé.
J'amène les fleurs dans la cuisine et les mets dans un vase avec de l'eau.
— Je t'en parlerai pendant le repas, répond Gareth en apparaissant en face de moi, mais d'abord je pense avoir le droit à un baiser de bon retour.
À ces mots, sans réfléchir, j'attrape son col et tire vers moi pour pouvoir l'embrasser. C'est d'abord doux et lent, savourant la bouche de l'autre puis, lorsqu'il mordille ma lèvre, ça devient rapide et brutal, comme si nos vies en dépendaient. Je gémis. Et lui aussi. Je romps le baiser en douceur puis prends la parole :
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Sapphire Eyes (Terminé)
RomanceIl est mon patron. Je suis son employée. Il m'attire. Je le repousse. Il revient. Mes démons aussi. Ma raison me crie de fuir. Mon corps ne veut que lui. Que faire ? Je le sais très bien.