Lundi, en arrivant au bureau, je suis nerveuse, craignant la réaction de mes collègues, de Cam en particulier, après ce qu'il s'est passé samedi soir. De toute façon, si quiconque m'interroge, je dirais la vérité. Gareth était évidemment très en colère dimanche matin en apprenant la raison de ma présence chez lui. Il comptait virer Cam mais je l'en ai empêché lui expliquant que ce n'est pas à lui de régler cette histoire.
Finalement, la matinée s'est passée sans encombre, j'ai expliqué en deux phrases ce qu'il s'est passé à mes collègues, Cam s'est excusé avant que je ne lui demande, regrettant apparemment de m'avoir touchée sans me demander avant. Par contre, il a refusé d'accepter les miennes, ne me blâmant pas de l'avoir frappé.
— Tu as bien fait de me gifler, mon comportement était inadmissible même si j'avais un peu bu.
Tout le reste de la semaine a été aussi bien que le début, j'ai retrouvé Gareth presque tous les soirs dans un minuscule bar près du bureau où personne ne semble faire attention à nous. Une des principales raisons pour lesquelles Gareth et moi ne sortons que très rarement, voire jamais, ensemble en public est le fait qu'il lui arrive d'être traqué par des paparazzis avides d'informations sur sa vie privée. Privilégiant les petits pubs et les entrées par derrière, nous arrivons quand même à nous voir en dehors de nos domiciles respectifs. Si quelqu'un découvrait la liaison que nous entretenons, tout le monde au bureau m'accuserait de coucher avec mon boss pour les avantages qui vont avec : un meilleur poste, une augmentation.
Je n'ai pas envie de lui causer des problèmes si notre relation devait être rendue publique, alors je m'efforce de rester discrète. J'aimerais tellement pouvoir me balader avec lui dans les rues ou dans le parc près de chez moi sans craindre de me retrouver sur Page Six le lendemain. Il est cependant préférable que je ne le fasse pas. Détestant être au centre de l'attention, je n'ose même pas imaginer ce que ce serait d'être partout dans la presse à scandale.
L'un de mes problèmes du moment ne va pas tarder à arriver car mes parents seront chez moi dans quelques heures, le temps pour moi de quitter le bureau et de vérifier une dernière fois que mon appartement est nickel. J'ai pris soin de préparer la chambre d'amis qui me sert normalement de dressing pour eux et j'ai libéré une étagère de la salle de bain. Tout est prêt pour les recevoir sauf moi. Je ne suis pas prête à entendre leur critiques sur la manière dont est rangé mon appartement. Je ne suis pas prête non plus à passer le week-end loin de Gareth, il va me manquer.
Depuis un mois, nous passons chaque week-end ensemble chez lui sauf le dernier où il a eu un empêchement. Nous ne passons jamais la nuit ensemble en semaine pour éviter de faire comme le soir de son anniversaire. Alors, après ma journée de boulot, on se retrouve au pub avant qu'il ne me raccompagne chez moi puis il retourne en général au bureau car ses journées finissent souvent très tard.
J'essaierai de lui téléphoner un soir mais je ne peux pas aller le voir. M'enfuir en pleine nuit ? J'y ai pensé mais je n'aurais jamais assez de temps. Le faire venir ici ? On ferait trop de bruit et c'est trop risqué. Se croiser "par hasard" ? Impossible, je n'aurais qu'une envie, lui sauter dessus et l'embrasser à pleine bouche.
Je quitte le bureau à midi avant ce qui aurait dû être ma pause déjeuner que j'aurais passée avec Jane et Mark même si j'aimerais déjeuner tous les jours avec mon Golden Boy. Cependant, pour ne pas éveiller les soupçons sur notre liaison, nous sommes obligés de nous fréquenter le moins possible au bureau, même s'il arrive toujours à me trouver dans un couloir isolé pour me parler ou m'embrasser.
Mes collègues ont essayé de me rassurer quant à la venue de mes parents, m'assurant que tout allait bien se passer et qu'ils étaient là si jamais ça tournait mal.
*
Le bruit de la sonnette nous fait sursauter tous les deux alors que Gareth promène ses lèvres sur ma poitrine en de petits effleurements destinés à me rendre folle. Il pose un baiser sur ma bouche avant de se lever et de quitter la chambre en lançant :
— Je vais voir qui c'est.
J'entends la porte s'ouvrir puis des voix mais je ne m'en préoccupe pas plus que ça, pourvu qu'il revienne vite pour continuer son exquise torture.
— Goldie !
En entendant la voix de Gareth, je me lève et passe ma robe de chambre en me dirigeant vers le couloir. Dans le salon, mon Golden Boy est appuyé contre le chambranle de la porte sans se soucier plus que ça de sa tenue, son boxer noir qui le moule bien partout comme il faut et m'offre une vue à se damner de son postérieur.
Il se décale et je tombe nez à nez avec mes parents et... ma grand-mère ! Oh là, je sens déjà que ce week-end va être plus long que ce que j'imaginais. Je me demande ce qu'il font là si tôt, ils n'étaient pas censés arriver avant plusieurs heures. Je deviens écarlate, sachant pertinemment qu'ils ont deviné ce que je faisais avant d'ouvrir ou du moins ce que j'allais faire en l'occurrence.
— Que fait cet homme ici, et en plus dans cette tenue ? demande ma mère en entrant comme si elle était chez elle.
— Je ne savais pas que grand-mère devait venir, je réponds en ignorant sa question à laquelle j'ignore quelle explication donner.
Entre-temps, Gareth s'est éclipsé et revient vêtu de pied en cap.
— On voulait te faire une surprise, répond la femme qui m'a mise au monde.
Je salue ceux qui sont par la force des choses des membres de ma famille en leur faisant la bise puis je les invite à aller s'asseoir sur le canapé tandis que je rentre leurs valises dans l'appartement.
J'adore les surprises mais là non. Ma grand-mère est pire que ma mère, une vraie vipère. Avec son menton relevé et son petit air supérieur, elle me rappelle la famille de Gareth. Ses cheveux blancs sont attachés en un élégant chignon sur sa nuque et ses yeux verts, presque identiques aux miens, juste un peu plus clairs, s'accordent parfaitement avec la rangée d'émeraudes autour de son cou gracile.
Si vous voulez vous représenter ma mère, Rachel, pensez à moi et ajoutez-y de fines rides au coin des yeux et quelques fils argentés dans un chignon complexe. Sa silhouette est beaucoup plus fine et élancée que la mienne mais sinon tout est pareil physiquement. J'insiste sur le mot physiquement, car nos caractères diffèrent sur beaucoup de points comme vous le découvrirez bien assez tôt.
Quant à mon père, Christian Rousseau, ne me ressemble absolument pas avec ses cheveux bruns, le peu qu'il lui reste plutôt, et ses yeux assortis. Les années ne lui ont pas été aussi bénéfiques qu'à son épouse qui continue de faire tourner les têtes le rendant plus prétentieux et vaniteux qu'il ne l'est déjà. Là aussi, mes traits de caractère ne viennent pas de mon père.
Gareth profite d'un moment où ma famille est occupée à passer au peigne fin mon salon pour pouvoir critiquer, pour s'approcher de moi.
— Appelle-moi, Goldie, dit-il avant de plonger sa langue dans ma bouche dans un baiser torride qui aurait plutôt sa place dans la chambre à coucher.
Quand je lui ai dit que je posais mon après-midi aujourd'hui pour préparer l'arrivée de ma famille, je lui ai proposé s'il n'avait pas trop de travail de passer chez moi manger mais de partir avant seize heures trente pour éviter de croiser mes parents. Cependant, leur arrivée en avance a déjoué mes plans.
Et ça ne va pas s'arrêter là...
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Sapphire Eyes (Terminé)
RomanceIl est mon patron. Je suis son employée. Il m'attire. Je le repousse. Il revient. Mes démons aussi. Ma raison me crie de fuir. Mon corps ne veut que lui. Que faire ? Je le sais très bien.