Chapitre 13

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Je sens Gareth se figer soudain et j'ouvre les yeux. Une expression bizarre est peinte sur son doux visage entravé par la douleur pendant qu'il se retire et me prend dans ses bras en murmurant des paroles apaisantes. Je suis secouée par de violents sanglots mais il reste là, moi sur ses genoux et ses bras autour de mon corps tremblant. Que vient-il de se passer ? me demandé-je sans cesse tandis qu'il me caresse doucement le dos.

Je me souviens d'avoir accepté de coucher avec lui dans la voiture dans un élan d'excitation intense et de désir incontrôlé puis m'être déshabillée avant de me retrouver allongée sur la banquette arrière. Ensuite, un flash-back. Puis me voilà dans les bras de Gareth, sur ses genoux, en train de pleurer.

Nous restons comme ça un moment. Dix minutes, une heure, je ne sais pas. La voiture s'est arrêtée devant chez moi. Je me suis un peu calmée, j'arrive à respirer plus doucement et me retourne pour enfouir mon visage au creux de son cou pour lui masquer ma honte. Je respire son odeur musquée et m'accroche à son cou comme le dernier fil me retenant à la vie.

— Louise, ma belle, dit-il doucement. Comment tu te sens ?

Très bonne question, je n'en ai aucune idée.

— Je suis désolée.

C'est tout ce je parviens à articuler, ne sachant pas comment je me sens réellement.

— Ne t'excuse pas, beauté.

Que m'arrive-t-il ? C'est bien pour éviter ce genre de situation que j'ai voulu arrêter d'avoir une vie sexuelle il y a deux ans. Je voulais faire une pause, me concentrer sur mes études, mon travail et moi-même mais surtout guérir de lui. Je n'aurais jamais dû accepter de coucher avec Gareth ce soir mais si je n'ose jamais, je ne ferais plus rien de ma vie. Ce n'est pas lui le problème mais les hommes en général. Il faut que j'arrive à me convaincre que tous les hommes ne sont pas comme l'autre ordure.

Et pourquoi ne lui ai-je rien dit ? À chaque fois que j'essaie, je n'y arrive pas, c'est trop dur pourtant il va bien falloir qu'un jour j'y arrive si je veux le garder. Remarque, avec ce qu'il vient de se produire, ça m'étonnerait qu'il veuille encore de moi. J'aurais dû tout lui expliquer au restaurant au lieu de balancer ce début d'aveu.

Fatiguée de toutes ses réflexions fort peu plaisantes, je relève la tête et croise son regard. Ses yeux ne sont plus étincelants comme en sortant du restaurant, mais voilés de souffrance. Il me pose à côté de lui pour se rhabiller rapidement. J'en profite pour faire de même. Une fois ma robe remise, Gareth me reprend dans ses bras et me berce doucement.

— On est devant chez toi, tu veux y aller ?

J'acquiesce et me défais de son étreinte à contre cœur. Je pose un pied dehors, l'air est plutôt frais et le ciel est dégagé. Un petit vent agréable souffle et fait virevolter mes cheveux. Je peine à trouver mes clés dans mon sac à main en bordel et manque de m'effondrer mais Gareth me sauve en me le prenant des mains. Il ouvre la porte de l'immeuble et nous entrons dans le hall puis dans l'ascenseur.

— Merci, dis-je timidement lorsque les portes de la cabine se ferment.

J'appuie sur le bouton de mon étage et observe mon visage toujours baigné de larmes dans le miroir de la cabine. Je suis dans un sale état avec mes yeux gonflés et rougis alors que lui, a l'air magnifique, comme tout droit sorti d'une pub même avec dans les yeux une mer déchaînée.

— De rien ?

Il semble peu sûr de lui.

— Mais pourquoi tu me remercies ?

— D'être resté près de moi, tout ça...

— C'est normal. Qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autre ?

Il passe nerveusement la main dans ses cheveux en me répondant.

— Je sais pas... continuer, articulé-je dans un murmure en me souvenant de ce qu'il faisait si souvent malgré mes larmes.

Le fait de penser à cette ordure me noue la gorge et me soulève le cœur. Je déglutis difficilement.

— J'espère que tu n'es pas sérieuse, réplique-il visiblement irrité. Tu pleurais et criais, quelque chose n'allait pas, je ne pouvais pas continuer.

La cabine d'ascenseur s'ouvre, m'évitant de répondre. Gareth me rend mon sac à main et je récupère mes clés puis ouvre la porte de mon appartement.

— Goldie, j'aimerais que tu m'expliques ce qu'il s'est passé dans ta tête tout à l'heure. Mais pas maintenant, quand tu seras prête, ajoute-t-il en voyant mon expression un peu horrifiée.

Je hoche la tête et lui dépose un baiser au coin des lèvres, ce qui le fait sourire de la plus adorable des façons.

— J'ai une question à te poser, commence-t-il.

— Hmm.

Il prend une grande inspiration puis se lance :

— Est-ce que tu voulais vraiment coucher avec moi tout à l'heure ? Ou tu t'es sentie obligée parce que j'en avais envie ?

Oh.

Je ne pensais pas qu'il allait me demander ça.

— Je le voulais sinon je crois que je t'aurais frappé.

J'ai prononcé ces mots calmement même si sa question m'a plus troublée que je ne le laisse paraître. C'est la nouvelle Louise qui parle car l'ancienne aurait sûrement agi comme avec l'autre ordure, c'est-à-dire en acceptant malgré son manque d'envie. J'ai l'impression que la nouvelle Louise est comme une version améliorée d'elle-même, sur le même principe de Beyoncé et de Sasha Fierce.

— Est-ce que je t'ai fait mal ? demande-t-il, ensuite, inquiet.

— Non. Ça n'a rien à voir avec toi. Tu peux rester avec moi ?

J'ai posé cette question avec timidité, ne sachant pas trop comment agir avec lui après ce soir.

— Je ne comptais pas te laisser seule, répond-il en entrant avec moi.

Je lui propose quelque chose à boire ou à manger mais il refuse, alors je lui dis de faire comme chez lui.

— Je vais me changer, je reviens, lancé-je en me dirigeant vers ma chambre.

Ne prenant même pas la peine de fermer la porte, je retire ma robe et mes chaussures. J'enfile un vieux t-shirt large et un legging et retourne au salon où je trouve Gareth assis sur le canapé, la chemise à moitié déboutonnée et les manches retroussées. La vision est très sexy, me dis-je en m'approchant même si je n'ai absolument pas la tête à ce genre de choses.

— Je n'ai rien à te proposer de plus confortable que tes vêtements, m'excusé-je en m'asseyant sur le canapé à côté de lui.

— C'est pas grave, ma belle.

Je baille, fatiguée par la journée et les événements de la soirée me disant que je ne vais pas tarder à m'endormir. Sans réfléchir, je m'allonge sur le canapé, la tête sur ses cuisses et ferme les yeux pendant qu'il me caresse doucement les cheveux, tombant dans un sommeil sans rêve.

Sapphire Eyes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant