Chapitre 22

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Une vingtaine de minutes plus tard, je descends du taxi devant l'imposante maison de mon amant. Je suis soulagée envoyant des lumières allumées, il est là. Je traverse le petit chemin en gravillons qui mène à la demeure, gravis les quelques marches du perron et toque timidement à la porte. Mon attente est de courte durée, Amanda sa gouvernante, ouvre avec un sourire chaleureux et paraît surprise de me voir ici à cette heure tardive – en fait quelle heure est-il ?

— Bonsoir, Louise, dit-elle en m'invitant à entrer. Monsieur Roberts n'est pas là ce week-end.

Je pénètre dans le hall de la maison éclairé par des appliques au-dessus de l'immense escalier. Le lustre est éteint ce soir.

— Ah, ce n'est pas grave, je reviendrai, bafouillé-je en essayant de ravaler tant bien que mal les larmes qui me picotent les yeux.

Elle lève sur moi ses grands yeux bleu clair emplis d'un éclat maternel et me demande la voix teintée de sollicitude :

— Que s'est-il passé, mademoiselle ?

Elle m'entraîne vers le salon où nous nous installons sur l'un des deux canapés en cuir. Je renifle puis prends une grande inspiration avant d'essuyer du revers de la main mes larmes et de lui raconter ce qu'il s'est passé avec Cam.

— J'ai pris un taxi et je ne sais pas pourquoi j'ai demandé à aller ici mais je vais m'en aller, dis-je en me levant.

Elle m'attrape doucement le poignet entre ses longs doigts et me fait me rasseoir. Je laisse librement couler mes larmes tandis qu'elle me prend dans ses bras dans une étreinte maternelle. Nous restons ainsi un moment, en silence. Je me dégage de ses bras à contre cœur et m'assois en tailleur après avoir enlevé mes chaussures.

— Excusez-moi, je dois vous déranger à vous obliger à veiller aussi tard.

Elle balaye mes excuses d'un revers de la main avec un sourire.

— Je n'ai pas sommeil alors si vous voulez, je peux préparer du thé et nous discuterons.

Cette proposition me ravit et j'accepte en lui rendant son sourire. Oui, parler me fera du bien et je pourrais en profiter pour soulever avec elle quelques questions qui m'occupent l'esprit depuis quelque temps sur la famille de mon Apollon ou sur sa disparition de ce week-end. Cependant, n'est-ce pas impoli de chercher des réponses sur lui dans son dos ? S'il ne veut pas me le dire maintenant, c'est sûrement qu'il ne faut pas que je le sache tout de suite. Je mets donc mes interrogations indiscrètes de côté en aidant Amanda à préparer du thé.

— Ça fait longtemps que vous travaillez pour Gareth ?

— Onze ou douze ans, je dirais.

Je la remercie pour la tasse de thé et nous retournons au salon.

Étant donné qu'il a eu trente-deux ans récemment, et qu'elle travaille ici depuis douze ans, il a sûrement dû l'engager au moment où il a fondé son entreprise lorsqu'il avait vingt ans, donc lorsqu'il a aménagé ici.

— Racontez-moi votre soirée, dit-elle doucement. Si ça ne vous dérange pas, bien entendu, ajoute-t-elle après une pause.

Je lui raconte en détail depuis la drague au bar jusqu'à la gifle, en n'oubliant pas les regards pleins de sous entendus et l'érection de Cam dont il avait l'air fier.

— Gareth m'a déjà regardée de cette manière, mais je n'en ai jamais été dégoûtée.

Avant que je n'accepte de coucher avec lui, j'avais toujours le droit à ses regards obscènes pendant qu'il me déshabillait du regard en imaginant toutes sortes de choses moins catholiques les unes que les autres. Dans ses belles prunelles bleues, on lisait du désir à l'état brut, un prédateur et sa proie, alors que là je ne voyais qu'un sale porc qui voulait me baiser.

— Je pense que vous n'êtes pas écœurée par monsieur Roberts puisque vous le désirez aussi.

Je hausse les épaules. Elle a probablement raison.

— Je commence à ne plus supporter que tous les hommes que je croise au bureau ou ailleurs me reluquent comme si je n'étais pas là, soupiré-je.

Je ne suis pas du gibier, merde ! Alors qu'ils gardent leurs yeux au niveau de mon visage, pas de mes seins !

Elle me sourit tendrement et me caresse la joue avant de répondre.

— Dites-le. La prochaine fois que quelqu'un vous déshabille du regard, répondez avec un sarcasme ou une réplique cinglante.

Discuter avec Amanda était une super idée au final. Si Gareth avait été là, on aurait sûrement passé la nuit à faire des galipettes et mon problème serait toujours là alors que, dorénavant je ne me laisserai plus faire grâce à elle. Je voulais apprendre à connaître les gens avec qui je travaille tous les jours, mais à cause de cet échec ça m'étonnerait que j'accepte une nouvelle invitation à sortir avec eux.


*


Une caresse sur ma joue me tire délicatement de mon sommeil. Aussi légère qu'une plume, comme c'est agréable. Je pourrais reconnaître ces doigts et cette délicieuse odeur musquée et épicée parmi des milliers. Mon Golden Boy. Gareth. J'ouvre les yeux en papillonnant des paupières car la lumière est vive et tombe nez à nez avec mon ange accroupi à côté du canapé, ses lèvres à quelques centimètres des miennes.

Il porte une chemise complètement ouverte et sortie de son pantalon révélant la peau douce et bronzée du torse que j'adore. Ses cheveux sont en bataille, comme d'habitude, formant un halo doré autour de son visage et ses yeux azurs brillent.

Je m'allonge sur le dos et repousse la couverture qui est posée sur mon corps puis regarde autour de moi. Comment se fait-il que je sois ici ? Tout me revient après une seconde, à la suite de mes mésaventures en boîte, je suis venue ici et après avoir longuement discuté avec Amanda, je me suis endormie sur le canapé.

— Euh... Salut, dis-je en rougissant.

Je suis mal à l'aise qu'il m'ait trouvé à squatter son canapé quand il était absent. Je me mords distraitement la lèvre inférieure en baissant les yeux en attendant qu'il me fiche dehors à coups de pied dans le derrière. Il n'en fait rien, il rit.

— Ne sois pas gênée ! arrive-t-il à dire entre deux éclats de rire. Tu peux venir ici quand tu veux, ça me fait même plaisir que tu sois là, tu me manquais. Et tu aurais pu aller dans mon lit.

Sa tendresse me fait sourire. Fait-il cela pour être poli ou est-il sincère ?

Il m'embrasse doucement, comme une caresse, toujours accroupi alors que je suis assise sur son canapé. Je savoure ses lèvres toujours aussi douces que vendredi comme une droguée en manque. Que pourrais-je faire pour avoir droit à ce genre de baisers tous les jours ?

Je me mets debout pendant que Gareth le fait également. Il recule d'un pas et me regarde de la tête aux pieds d'un air approbateur avant de siffler. Je lève les yeux au ciel puis deviens écarlate. Au bout d'un moment, je décide de l'imiter. Ses cheveux dorés ondulés lui tombent sur le front me donnant juste envie de passer mes doigts dedans. Ses prunelles, toujours sur mon corps, sont étincelantes ce matin, d'un bleu me rappelant clairement des saphirs. Son torse musclé, dévoilé par sa chemise ouverte, semble irréel tant il est parfait avec ce qu'il faut de muscles. Je suis du regard la fine ligne de poils à peine plus foncés que ses cheveux descendre depuis son nombril pour disparaître sous la ceinture de son pantalon

— Ce que vous voyez vous plaît, mademoiselle Rousseau ? demande-t-il, la voix rauque.

Comme à chaque fois où il m'appelle comme ça ou me parle comme sa subalterne et non plus comme son amante, je frissonne de désir pour lui de la tête aux pieds. Je décide de me prêter au jeu en répondant :

— Plutôt oui. Et vous, monsieur Roberts ?

Je tâche, pour renforcer l'effet, de prendre une voix innocente qui a pour but d'augmenter son excitation. Et ça fonctionne. Gareth me le prouve, et plutôt deux fois qu'une.

Sapphire Eyes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant