— Merde !
Je jure une seconde fois en essayant d'ajuster mes seins dans ce soutien-gorge qui semble trop petit. Je l'enlève, en prends un autre et recommence jusqu'à en trouver un qui soutient bien ma poitrine sans que ça ne déborde de tous les côtés. J'ai grossi cet été et ça se sent. Dans ces moments-là, j'envie tellement les filles aux poitrines menues que je pense à me faire une réduction mammaire. Je pense mais je ne le fais pas, m'efforçant de me convaincre que je suis bien comme je suis alors que je suis bien trop consciente de la vérité : je suis loin d'être belle.
Je suis à cran depuis deux jours à cause du stress dû à mon premier jour de travail. Je m'énerve toute seule pour rien et suis au bord de la crise de nerfs quand tout ne va pas comme je le veux. Je sais que je devrais me détendre mais c'est impossible, je suis très nerveuse, presque trop pour dormir.
Dans quelques heures, je commencerai mon premier vrai boulot, dans l'entreprise dont je rêve depuis que j'ai commencé mes études supérieures. Je crois ne jamais avoir été autant stressée auparavant, même lorsque j'attendais les résultats de mon bac ou de mon diplôme en juillet dernier.
Après encore quelques grognements et plusieurs tenues jetées sur le sol, je suis enfin habillée. Je porte un pantalon large anthracite qui traîne par terre mais qui frôlera simplement le sol quand j'aurai mis mes chaussures avec un chemisier blanc immaculé rentré dedans. Je passe mon blazer assorti au bas puis me regarde dans le miroir et ne me trouve pas trop moche.
Avant de fermer la porte de mon appartement, je vérifie mon maquillage une dernière fois dans le miroir de l'entrée. Mon mascara n'a pas coulé et mon rouge-à-lèvres écarlate est intact. Je descends les escaliers puis sors de l'immeuble pour m'engager dans la rue en direction du métro. Je n'ai jamais eu de voiture puisque je n'en voyais pas l'utilité en vivant à Paris, on peut aller de partout en transport en commun, alors ne sais toujours pas si je vais m'en acheter une ici, car le trajet en métro n'est pas si long que ça et que je ne compte pas aller visiter le pays de sitôt.
Le trajet en question me rend encore plus angoissée mais je tâche de me détendre comme je peux en prenant de grandes inspirations et en écoutant ma musique avec mes écouteurs. Une fois sortie du métro sans m'être trompée, je m'engouffre dans une rue de la City et inspire une grande bouffée d'air rafraîchi par une petite brise.
Après quelques minutes de marche au rythme d'une chanson de Lana Del Rey, je me retrouve devant l'impressionnant building qui renferme le siège social de l'entreprise Roberts où je vais travailler et les bureaux d'autres entreprises. Fait tout de verre, il semble d'une hauteur infinie et on dirait qu'il transperce les nuages. La vue doit être magnifique de là haut, me dis-je en imaginant voir Londres d'en haut.
Roberts est l'une des maisons de haute couture les plus célèbres mondialement et je vais travailler en tant qu'assistante modéliste de la collection haute couture avec une équipe de cinq autres personnes plus mon supérieur, le directeur de collection. Je ne pouvais pas rêver mieux comme premier emploi. J'ai été embauchée avant même d'avoir reçu mon diplôme, simplement grâce au défilé que j'ai créé pour l'épreuve finale. Plusieurs maisons de haute couture étaient présentes et c'est Roberts qui m'a fait une offre d'emploi en premier et que j'ai acceptée presque immédiatement puisque je rêvais de pouvoir m'éloigner de ma famille.
Le métier de modéliste consiste à faire le lien entre les croquis du styliste et l'équipe des patronniers. Cela nécessite souvent de refaire de nouveaux dessins pour mieux interpréter ceux à notre disposition. C'est le modéliste qui détermine le nombre de plis, de boutons sur le vêtement et aide à remplir le dossier technique de chaque modèle.
J'envoie un texto à Lisa pour lui dire que je suis arrivée et elle me répond immédiatement alors que je passe la porte tambour du gratte-ciel.
Bon courage, ma chérie. On s'appelle après ta journée ?
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Sapphire Eyes (Terminé)
RomanceIl est mon patron. Je suis son employée. Il m'attire. Je le repousse. Il revient. Mes démons aussi. Ma raison me crie de fuir. Mon corps ne veut que lui. Que faire ? Je le sais très bien.