Chapitre 3

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J'arrive le lendemain matin au bureau enthousiasmée à l'idée de ma deuxième journée de travail. Clay m'a dit que j'allais commencer à étudier les croquis de la collection Automne / Hiver avec Mark et Jane. Je salue deux de mes collègues en arrivant puis dépose mon sac avant d'aller rejoindre les autres dans la salle de travail. Je finis mon café avant de quitter l'open space. Le bruit de mes stilettos sur le sol en marbre raisonne comme le seul bruit au kilomètre à la ronde.

Je manque de trébucher en apercevant monsieur Roberts qui sort d'une salle de réunion à l'autre bout du couloir, à côté d'où je vais. Des papillons s'envolent dans mon ventre et je me sermonne mentalement, me rappelant ce que je pense des hommes et de la manière dont il m'a regardée hier. Je continue de marcher en l'ignorant jusqu'à ce qu'il m'apostrophe :

— Mademoiselle Rousseau.

Je m'arrête près de lui et le salue. Il me domine de sa grande taille. Le nez au niveau de son cou, je peux sentir sa douce odeur musquée, typiquement masculine. Je me sens toute petite tout d'un coup, notre différence de taille ajoutée à sa posture qui semble crier au monde entier que c'est un homme de pouvoir. Dans son beau costume, il fait très PDG, alors que ses cheveux dorés, en bataille, font rebelle, comme quelqu'un qui ne respecte pas les règles.

Gareth, c'est son prénom, alors autant l'utiliser – ou Mr. Le British Sexy pour les intimes – me couve d'un regard brûlant qui descend lentement de mes yeux à mes lèvres, rouge vif comme d'habitude. Ses iris s'attardent ensuite sur mon décolleté à peine visible dans l'encolure de mon chemisier en satin couleur champagne avant de glisser le long de mon corps jusqu'à mes escarpins noirs. À la fin de son observation, il se lèche les lèvres d'un geste suggestif avant de dire :

— C'est un plaisir de vous revoir.

Je lui fais un petit sourire pincé, l'air de dire que j'ai très bien compris son petit manège.

— De même. Si vous voulez bien m'excuser, déclaré-je en passant à côté de lui pour me diriger vers la salle de travail.

Je n'attends même pas sa réponse et me dépêche de finir de traverser le couloir sans regarder derrière moi malgré son regard brûlant dans mon dos. Pourquoi suis-je froide comme ça avec lui ? Ah oui c'est vrai que la gent masculine n'est pas haute dans mon estime. Je vais simplement lui faire comprendre que je ne suis pas intéressée et qu'il peut m'oublier.

Je me demande ce qu'il lui a pris de me regarder ainsi au milieu du couloir, là où tout le monde peut nous voir. J'ai l'impression que si on avait été seuls, je n'aurais jamais pu m'échapper comme je l'ai fait. Cela dit, aurais-je vraiment été contre ?

Oui ! me hurle la voix de la raison.

Non ! crie mon corps.

Il est vrai que, déontologiquement, ce n'est pas très approprié de coucher avec le patron, ce qui est un énorme euphémisme. Voilà pourquoi je ne le ferais pas.

Je passe la matinée le nez dans des feuilles de croquis de la collection Printemps / Été 2021 qui est actuellement en cours de confection. Jane m'a dit que nous irons cette après-midi voir où en est l'atelier couture. Même si je suis très occupée, quelqu'un reste dans mes pensées : Mr Le British Sexy. La manière qu'il a eu de me regarder montre clairement ses intentions, je me demande néanmoins quand il va faire le premier pas. Parce que ce genre d'homme n'attend pas. Il veut. Il prend. Comme un enfant pourri gâté. Les personnes de pouvoir ou très riches sont comme cela. Ça me fait penser à la chanson 7 rings d'Ariana Grande :

I see it, I like it, I want it, I got it.

(Je le vois, je l'aime, je le veux, je l'ai.)

Sapphire Eyes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant