Nous montons récupérer nos vestes puis je sors la première dans l'air froid de ce mois de février pendant que Gareth va prévenir Maria de notre départ. Nous avons de la chance, le soleil brille et je laisse ses rayons me réchauffer.
— Ah ça alors ! Louise est de retour !
Je me retourne vivement au son de cette voix que je n'ai pas entendu depuis la fin du lycée. Amélie Durant, blonde peroxydée aux jambes interminables et sourire ultra bright, se tient devant moi.
— Il faut croire que oui. Comment ça va depuis le temps ? demandé-je pour être polie, plus qu'autre chose.
Autant vous dire que nous n'étions pas grandes copines à l'époque du lycée. Elle et sa bande de pestes étaient du genre à se croire les reines du bahut alors qu'en réalité elles avaient juste besoin d'être méchantes avec les autres pour gonfler leur ego. Ne croyez pas que je me suis laissée faire, loin de là, mais entendre toujours les mêmes critiques m'a atteinte.
— Moi, ça va. Je bosse dans la boîte de mon père et...
Elle s'interrompt soudainement puis reprend en baissant d'un ton :
— Oh my god ! Regarde ce beau gosse qui arrive, s'exclame-t-elle. Il vient vers nous, ajoute-t-elle, encore moins fort pour ne pas qu'il entende.
Elle est à deux doigts de se mettre à s'éventer. Et moi de lui demander s'il faut aller chercher les sels. On dirait que rien n'a changé depuis le lycée puisqu'elle se comportait ainsi lorsqu'on avait dix-sept ans, et puis je ne pouvais m'empêcher de me moquer devant si peu de discrétion.
Je me suis retournée entre-temps pour avoir le plaisir de voir mon Golden Boy se diriger vers nous après être sorti par derrière de la maison. Sublime comme toujours, dans son long manteau de laine bleu marine, son jean brut qui je sais lui fait un cul d'enfer et des bottines Chelsea. Je jubile à l'idée de lui faire croire qu'il l'a remarquée juste pour voir sa tête se décomposer quand elle se rendra compte qu'il est à moi. Je la vois jeter des coups d'œil pas très discrets au-dessus de mon épaule pendant qu'il s'approche de nous.
— Oh là là là.
Elle gémit presque. On dirait qu'elle va défaillir.
— Goldie, mon amour... commence Gareth en arrivant à notre hauteur puis, en voyant Amélie : Bonjour, mademoiselle.
Le visage d'Amélie devient presque vert de jalousie quand elle comprend que Gareth est avec moi.
— Voici Amélie, une camarade de lycée, dis-je, puis me tournant vers elle : Amélie, voici Gareth, mon fiancé.
— Oh. J'ignorais que tu étais fiancée, bafouille-t-elle en rougissant mais elle se reprend vite et dit : Enchantée.
Elle me raconte vite fait les dernières nouvelles de nos camarades de lycée qui sont pour la majorité restés ici.
— Comment tu étais au lycée ? m'interroge Gareth une fois Amélie partie.
Je me raidis car je n'aime pas parler de cette période. Gareth le sent, et me regarde avec amour avant de dire :
— Si tu ne veux pas en parler, ce n'est pas grave, tu sais.
Je prends mon courage à deux mains et me lance après une grande inspiration.
— J'étais beaucoup critiquée mais je marchais toujours la tête haute comme si je m'en fichais, je leur renvoyais leurs remarques à la gueule, je ne me laissais pas faire, quoi. Mais... (Je soupire.) Ça ne changeait pas que je les entendais et que je faisais simplement semblant de ne rien en avoir à faire.
VOUS LISEZ
Sapphire Eyes (Terminé)
RomanceIl est mon patron. Je suis son employée. Il m'attire. Je le repousse. Il revient. Mes démons aussi. Ma raison me crie de fuir. Mon corps ne veut que lui. Que faire ? Je le sais très bien.