Chapitre 30

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Une douce odeur de café me chatouille les narines et me donne la force d'ouvrir les yeux. La vive lumière provenant de l'extérieur me surprend et je cligne des yeux avant de me les frotter en baillant. Le lit est vide et froid, normal, il ne peut pas être en train de préparer le petit déjeuner et dormir à côté de moi. Je m'assois et pose les pieds par terre.

Étonnamment, je n'ai pas mal à la tête ni la nausée malgré tous les shots de tequila que j'ai bus. Peut-être que la révélation choc de hier soir m'a évité la gueule de bois. À choisir, j'opterais pour la gueule de bois que de réaliser être tombée amoureuse. J'attrape mon short de pyjama et un t-shirt qui traîne et les enfile en sortant de la chambre.

Après m'être rincé le visage, j'entre de le salon où je vois Gareth, seulement vêtu de son jean d'hier à moitié boutonné qui a dû être abandonné quelque part dans le couloir quand nous nous sommes sautés dessus en rentrant, qui boit son thé adossé au plan de travail.

- Salut, toi.

Je lui fais un faible sourire et me sers une grande tasse de café. La fatigue d'une nuit sans beaucoup de sommeil combinée avec la soirée éprouvante d'hier m'empêchent d'être pleine d'énergie au saut du lit encore plus que d'habitude.

- Salut, je réponds enfin en baillant.

Je n'ai dû dormir que cinq heures étant donné qu'il est presque midi et que je ne me suis pas endormie avant sept heures mais je me sens comme si je n'avais pas fermé l'œil de la nuit. Je ferais mieux d'aller me recoucher tout de suite mais j'ai envie de passer du temps avec Gareth même si plus je le vois, moins je sais comment lui avouer mes sentiments.

Je m'approche de lui, passe mes bras autour de sa taille et me blottis contre son torse, comme si par la seule force de son étreinte, tous mes problèmes allaient être résolus. Passant ses bras autour de moi et me caressant le dos, il dépose un baiser au sommet de mon crâne et je me sens merveilleusement bien là, tellement que j'ai envie d'y rester pour toujours. Nous restons comme ça, à se câliner un long moment, chacun perdu dans ses pensées. C'est lui qui rompt le silence le premier sans, pour autant, s'écarter de moi:

- Tu savais que tu parles en dormant ?

Au son de sa voix, je devine qu'il sourit.

À ces mots, tout sang déserte mon visage dans la crainte d'avoir prononcé les mots fatidiques dans mon sommeil.

- Saches que je ne me tiens pas responsable de ce que j'ai pu dire pendant que je dormais. (Après une courte pause pendant laquelle il s'est contenté d'élargir son sourire, je reprends:) Qu'ai-je dis ?

C'est l'instant de vérité. Le stress - non la peur - m'envahit de plus en plus en attendant sa réponse qui ne semble pas arriver. Ces foutus mots ont failli m'échapper en atteignant le septième ciel quand nous sommes rentrés, ils me brûlaient la langue mais sont restés bien sagement au fond de ma gorge, et il aurait simplement fallu que je dorme pour qu'ils m'échappent. C'est absurde, me dis-je en levant les yeux au ciel, heureuse qu'il ne puisse pas me voir.

- C'est quand je me suis levé que tu as commencé à parler, dit-il tandis qu'une de ses mains me caresse les cheveux.

- J'ai dit quoi comme conneries ? je lance pour détendre l'atmosphère ou plutôt moi, tout simplement.

Il rit.

- Ce n'étaient pas des conneries. Tu as dit: "Non, reste, ne me quitte pas".

Si ce n'est que ça, me dis-je mais je sais qu'il omet de me dire encore quelque chose. Je relève la tête de sorte à plonger dans ses prunelles azures comme le ciel de Californie pour l'inciter à continuer. Chose qu'il ne fait pas.

- C'est tout ? je demande en fronçant les sourcils.

Il secoue la tête. Mes doutes sont confirmés, je l'ai fait. Je lui ai dit. C'est la fin. Les larmes me montent aux yeux et je bats les paupières pour tenter de les chasser.

Il ne faut pas que je pleure, il ne faut pas que je pleure, il ne faut pas que je pleure...

Je me répète ces mots sans cesse pendant ce qui me paraît être une éternité jusqu'à ce qu'il reprenne la parole:

- Tu as dit que tu m'aimais.

Je me raidis dans ses bras. Sa voix est calme, bien qu'elle ne cache pas parfaitement son trouble intérieur. J'ai l'impression qu'il est dans la même situation que moi, jamais personne ne lui a dit ces mots et il ne l'a jamais fait non plus. Je laisse une larme rouler librement sur ma joue et écoute les battements quelque peu désordonnés de son cœur dû à cet aveu.

- Tu n'es pas fâché ? je l'interroge très timidement après un long moment de silence, trop apeurée par sa réaction pour relever la tête et croiser son regard.

- Mais pourquoi ? me répond-il d'une voix si douce en soulevant mon menton avec deux doigts.

Je hausse les épaules alors qu'il essuie une larme avec son pouce. Un geste si tendre qui devrait gonfler mon cœur mais qui me le brise un peu plus sachant que la fin est proche. Sa tendresse ne sert qu'à améliorer le choc et dès qu'il m'aura jetée telle une vieille chaussette, il reprendra le cours de son existence.

Il dépose un baiser, le plus doux du monde, sur mes lèvres et dit tout contre ma bouche:

- Tu sais très bien que je suis fou amoureux de toi.

Cette déclaration renverse mon monde, telle une vague dans une tempête en pleine mer qui retourne un navire. Prise par surprise, je ne sais comment réagir, j'aimerai dire quelque chose mais aucun son ne sort de mes lèvres. Je suis comme sous le choc, pour moi et ma vision pessimiste du monde, il allait partir en courant effrayé par ces trois mots. Il l'est, tout comme moi, si ce n'est plus, mais ne se sauve pas. À quoi bon nous fuir si ce que nous ressentons est réciproque ?

Je déglutis et prends une grande inspiration.

- Moi aussi, dis-je d'une voix à peine audible.

Il l'a néanmoins entendu car son sourire est si grand qu'il devient contagieux. Je deviens écarlate et me mords la lèvre en le regardant dans les yeux.

- Je t'aime.

- Je t'aime aussi, Goldie.

Sapphire Eyes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant