Chapitre 44

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GARETH

Les bruits de couverts et des discussions me parviennent alors que je descends les escaliers pour aller petit-déjeuner quelques jours plus tard. Goldie dort encore, je monterai la réveiller une fois ce que je dois faire sera fini.

La grossesse la fatigue beaucoup mais heureusement pour elle, elle n'a plus de nausées matinales. Je n'étais pas là quand c'était le cas à cause de mon idiotie. Si j'avais eu un peu plus de couilles quand elle m'a dit qu'elle m'aimait, je lui aurais avoué que moi aussi.

En novembre, lorsque je suis allé avec mes potes faire du rugby, ils ont commencé tout innocemment à me poser des questions sur elle, notre histoire... Jusqu'à ce que Jack porte le coup de grâce :

— Mec, t'es foutu, t'es complètement amoureux, là.

Bien sûr, j'ai nié. Moi amoureux ? Impossible, me suis-je dit. Mais je crois n'avoir jamais eu autant tort de ma vie.

Avant que je ne puisse porter mes couilles et aller lui avouer mes sentiments, j'ai reçu un message dans lequel elle voulait me voir pour parler de quelque chose d'important. Le connard en moi, je suppose, a cru... Qu'est-ce que j'ai cru, d'ailleurs ? J'en sais foutre rien maintenant que j'y repense.

Bref, puisque je n'étais toujours pas décidé à la revoir pour lui dire que je l'aimais – mon côté froussard, on dirait – elle m'a quand même balancé la bombe avant de sortir de l'ascenseur, ce soir-là. Heureusement que j'ai eu le temps d'en sortir avant qu'il ne reparte.

Après le choc et la surprise, ma première réaction suite à l'annonce de sa grossesse, a été la joie. Oui, la joie. Je ne m'étais jamais vraiment rendu compte à quel point j'en avais inconsciemment envie. Je m'étais toujours dit que fonder une famille n'était pas pour les gens comme moi, qui bossent plus que tout, qui se servent des femmes pour prendre leur pied et surtout pour un détraqué comme moi qui a toujours ce putain de traumatisme de gosse.

Alors oui, j'étais heureux. Après un moment d'introspection, je me suis aperçu que lui faire un bébé était la meilleure chose qu'il me soit donné de faire. Si j'avais compris cela plus tôt, et qu'elle n'était pas déjà enceinte, peut-être que j'aurais fait en sorte qu'elle se retrouve en cloque. Quoique, je suis peut-être un enfoiré mais pas au point de lui faire un gosse dans son dos pour qu'elle soit liée à moi pour toujours.

En attendant, j'ai hâte de voir son ventre s'arrondir de plus en plus sachant que c'est mon bébé à l'intérieur. Bien sûr, avant que cet enfant naisse, il va falloir éloigner quelques personnes du paysage, à commencer par ma génitrice et son pervers de mari car j'ai bien vu comment il regardait ma Goldie, et mes grands-parents ainsi qu'une bonne partie de ma famille maternelle. Ce sont tous des vipères, des égoïstes.

— Tu as renvoyé ta pute dans sa campagne ? me demande Susan lorsque j'entre dans la salle à manger où sont attablés quelques membres de ma famille.

Au sein de ces gens, je ne me suis jamais senti intégré, même parmi mes cousins. Est-ce ma couleur de cheveux qui pose problème ? Ce ne sont que des bruns alors que mon frère et moi avons hérité des cheveux blonds de notre père.

— Je n'ai pas de pute, je réponds avec nonchalance en m'installant à table à côté de mon frère.

Je les salue d'un hochement de tête avant de me servir une tasse de thé.

— Oncle G, où est Louise ? me demande Liam la bouche pleine.

— On ne parle pas la bouche pleine, le réprimande Jade.

— Louise dort.

Mes envies de paternité viennent peut-être des enfants d'Andrew. Je suppose que ça vient de Liam et Maddie parce que j'étais trop jeune quand Andy est né, je n'avais que seize ans. Ou alors, c'est l'âge. Je ne suis pas vieux non plus mais peut-être est-ce quelque chose d'instinctif de vouloir se reproduire. Ou alors, c'est juste Goldie. Je pencherais pour un mélange des deux derniers.

— Pour qui se prend-elle à faire la grasse matinée ? s'insurge Mary. Elle se croit chez elle ou quoi ?

Je n'ai jamais apprécié cette femme, pas même lorsque j'étais enfant. J'ai toujours préféré Granny, la preuve, elle a le droit à un surnom alors que celle qui vient de parler n'en mérite même pas.

— Elle l'est. Ce n'est pas chez vous ici et puisque je compte l'épouser prochainement, elle sera légalement ici chez elle.

Susan et Mary pâlissent et je jubile. Elles ont compris qu'il y a de fortes chances que Louise ne soit aussi sympa que moi en termes de les laisser squatter ici. N'oublions pas que ce n'est pas par gentillesse que ma génitrice et Smith vivent ici, c'est plus qu'ils ne me dérangent pas. Ou plutôt ne me dérangeaient pas, parce que maintenant que Goldie est enceinte, on va sûrement venir passer du temps à la campagne avec notre bébé.

Quant à mon frère et sa femme, ils me félicitent à voix basse et Andrew me chuchote même :

— Je m'étonnais de ne pas voir une bague à son doigt.

Je lui donne une petite tape sur l'épaule en répondant :

— Maintenant que tout le monde le sait, elle va pouvoir se pavaner avec.

Susan allait ajouter quelque chose mais Maddie la coupe. Cette fillette a un bon sens du timing.

— Tu vas te marier avec Louise ?

Je hoche la tête.

— Je pourrais avoir une robe qui tourne ? Dis oui, Oncle G, dis oui. S'il te plaiiiiiiiiit.

De toute façon, je ne pensais pas répondre autre chose.

Une fois mon petit déjeuner terminé, je monte voir si Goldie dort encore et lui laisse un petit mot puis redescends trouver ma mère. Je la trouve avec mon frère dans ce que fût le bureau de mon père.

Cette pièce sent comme quand j'étais gamin, un mélange de cuir, de bois et d'alcool. Putain, ça me rappelle tellement de souvenirs. Trop même. Mais c'était une époque heureuse et je commence à retrouver ce bonheur avec Louise. Cette femme m'a ensorcelé, elle a fait fondre mon cœur de glace dont les couches se sont accumulées dessus depuis vingt-cinq ans en un regard et maintenant je ne peux plus vivre sans elle. D'ailleurs, pourquoi le ferais-je ?

Je pénètre dans la pièce où nous n'avions pas le droit d'entrer si la porte était fermée et y retrouve mon frère et ma mère. Plutôt ma génitrice puisque c'est tout ce qu'elle est au fond, la femme qui m'a porté pendant neuf mois et donné la vie, pas celle qui m'a réconforté après un cauchemar ou fait un bisou magique sur mes bobos. Ça, c'était plutôt Granny ou madame Steele. Et je compte me comporter comme ces deux femmes avec mes enfants. Être un père quoi.

Ma génitrice se tient raide comme un piquet, comme si elle savait ce que nous avions à lui dire. Dès notre arrivée dans cette maison, j'ai parlé à Andrew de mon plan et il a directement suivi. L'heure de le mettre à exécution vient de sonner et on dirait qu'elle l'a senti venir.

Sapphire Eyes (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant