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Nathanaëlle



J'ai merdé.

Ce n'était pas la bonne teinte que je souhaitais. Je voulais un bleu égyptien et ce que j'avais sous les yeux s'apparentait à du bleu cobalt. Autrement dit, un ton qui aujourd'hui, m'énervait.

— Putain. Jurai-je.

Je nettoyais agressivement le pinceau dans le pot d'eau sale. Je ne manquais pas d'éclabousser la toile se trouvant devant moi. Énervée contre ma propre personne, je grommelai en laissant tomber mon outil des mains, qui salit ma cuisse nue.

J'allais devenir folle.

Je fermai les yeux et massai vigoureusement ma tempe.

Ça faisait plusieurs jours que je me traînais un mal de crâne horrible. Aucun médicament ou méthode ne m'apaisait. Je ne savais plus quoi faire.

J'ouvris un œil et regardai ma peinture. Ça ne ressemblait clairement à rien. J'ai voulu dessiner un paysage sous un ciel étoilé mais tout ce qui en ressortait fut de la morosité. Un amas de couleurs sombres et vides de sens.

J'avais envie de crier de frustration. Une frustration que je refoulais depuis un bon moment maintenant.

Sans que je ne m'y attende, la porte de ma chambre s'ouvrit dans un énorme fracas, laissant place à ma meilleure amie, fulminante. Ses sourcils étaient froncés, son regard rempli de colère et si cela pouvait se matérialiser, de la fumée sortirait de ses narines et oreilles.

— Nathanaëlle Amaya Yao, je peux savoir à quoi tu joues !?

Une question à laquelle j'aurais aimé savoir répondre. Mais moi non plus, je ne savais pas à quoi je jouais.

Je la regardai un instant avant de me tourner à nouveau vers mon immondice.

Je l'entendis pousser un son qui m'indiquait qu'elle était offusquée.

— Tu viens de me lâcher un vu réel là ?

Je n'étais clairement pas d'humeur à parler. Cependant, je ne pouvais pas lui en vouloir d'être énervée. Ça faisait plusieurs jours que je les ignorais Lucas et elle, prétextant avoir trop de travail ou d'être trop fatiguée.

Je sentis mon lis bouger sous l'effet de son poids et elle soupira.

— Nathanaëlle, s'il te plaît, dis-moi ce qui ne va pas. M'implora-t-elle.

— Tout va bien, je t'assure. Mentis-je.

Il y eut un moment de silence.

— C'est pas ton genre d'utiliser des couleurs aussi sombres dans tes peintures, ma belle. Tu peux pas me mentir à moi. Et Lucas se plaint que si tu n'es pas au travail, tu t'enfermes dans ta chambre. Tu ne sors même pas pour manger. Ça se voit à ton visage que quelque chose ne va pas. Et puis si tu n'étais pas ma personne préférée sur cette terre, je t'aurais bloqué vu le nombre de vus que tu me lâches en ce moment.

Un petit rire lui échappa et j'eus presque envie de la suivre.

Je regardais de nouveau le pinceau entre mes doigts.

Je n'aime pas le bleu cobalt. Il était trop froid et celui-là avait un sous-ton vert qui m'agaçait.

— Il s'est passé quelque chose à Nice ?

Mon cœur se serra lorsqu'elle prononça le nom de cette ville. Ravivant en moi des souvenirs que je voulais à tout prix effacer.

Je sentis sa main chaude sur la mienne qui se voulait rassurante.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant