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Nathanaëlle


Qu'est-ce qu'il y avait de si drôle ?

Dinh Pham riait aux éclats comme si je venais de dire la chose la plus marrante du monde alors qu'aucun son n'était sorti. 

— Vous devriez voir votre tête, Mlle. Yao.

Il secoua la tête en sortant une nouvelle cigarette. 

— Ce n'est aucunement une invitation intime, ne vous en faites pas. Comme on a dû vous dire, je compte bientôt ouvrir un autre restaurant à Nice et j'ai besoin que quelques membres de l'équipe viennent avec moi la semaine prochaine. Et puisque vous avez réussi votre mission ce soir, il est tout à fait juste qu'une place vous revienne.

Je fis silence un instant. Je m'en voulais presque de ne pas avoir été capable de contrôler la surprise sur mon visage. C'est vrai que cette demande inattendue m'a fait penser qu'il parlait de seulement lui et moi. 

J'ai l'air complètement idiote maintenant.

Mais pour ma défense, sa formulation de phrase portait à confusion. 

— Alors qu'en dites-vous ? C'est pour une durée de 4 jours. Tout est pris en charge par l'entreprise, vous n'avez pas à vous en faire. M'assura-t-il.

Comment pouvais-je refuser une offre pareille ? Je faisais maintenant partie intégrante de l'équipe et avais la chance de pouvoir enfin faire un « voyage d'affaires ».  

— Ce serait vraiment dommage de décliner cette offre.

Ses lèvres se courbèrent en un sourire et il apporta la cigarette à ses lèvres. Il souffla la fumée à l'opposé de moi et reprit,

— Anne-Lise vous fera un résumé de tout ce qu'il y a à faire. Ça risque d'être intense mais je ne me fais pas de soucis pour vous, vous semblez avoir les épaules pour.

J'acquiesçai et ne pouvais m'empêcher de l'observer un moment. Son visage dépourvu de toute inquiétude, il paraissait joyeux malgré la fatigue. Il n'y avait pas l'ombre d'un trait dur sur sa peau, comme j'avais pu en rencontrer les jours précédents. Où était passé le Dinh que tout le monde dépeignait comme le patron horrible et sans cœur ? Je n'avais qu'en face de moi,  un homme qui semblait foncièrement aimable. Certes, il avait des sautes d'humeurs mais ce n'était pas assez fréquent pour que je le perçoive comme une mauvaise personne. 

— Vous devriez rentrer, avant que les journalistes n'inventent je-ne-sais quelle rumeur sur vous.

Il m'adressa un léger sourire avant de se redresser du mur. 

— Je finis ma cigarette et je serai de retour.

Je hochai de la tête et retournai à l'intérieur, sans oublier de le remercier de nouveau. La soirée se termina tranquillement, les invités toujours aussi ravis. 





— Ok, ça t'enlève mais tu gardes ça. Et puis c'est quoi ça ? On porte plus ça depuis l'été 2016, Naëlle !

Elle jeta la longue robe, pourtant très simple, hors de ma valise. 

— Je pars pas en voyage, Eva. Je te rappelle que c'est pour le travail.

— À Nice. Pas une petite ville perdue où il n'y a rien à faire pendant son temps libre. Et puis vous allez forcément sortir un soir, donc il faut que tu sois présentable. Et puis je te rappelle que mon honneur est en jeu là. Je peux pas te laisser ressembler à du n'importe quoi.

Je la regardais parler, exaspérée. De toute façon, en ce qui concerne la mode et les vêtements, je n'avais pas mon mot à dire avec elle, donc je la laissais faire. 

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant