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Nathanaëlle



— T'es sûre que tu veux pas que je reste ? Insista Eva.

Je me tournai vers mon amie qui effectuait les dernières vérifications dans son sac à main. Je secouai doucement la tête.

— Je t'assure que non. Allez profiter de votre soirée.

Elle s'arrêta dans son action et m'analysa de haut en bas. Assise sur son canapé, je tirai un peu plus en avant la capuche de mon hoodie.

— Arrête de me regarder comme ça. Soufflai-je légèrement agacée.

Avec un air triste, elle s'assit à côté de moi et me prit dans ses bras.

— Tu sais que j'aime pas te voir comme ça, chat.

— Ça va aller, t'inquiète pas. Maintenant, partez à votre soirée ! Assurai-je en tapotant son avant-bras.

— Ok ok mais si jamais, tu m'appelles, ça marche ? Et aussi, il y a des restes de ce midi dans le frigo donc mange ça ce soir, ok ? Et je vérifierai !

Elle se trouvait déjà au seuil de la porte du salon aux côtés de Tony. Elle m'inspecta une dernière fois et je lui offris, en retour, un sourire.

— Et si jamais elle ne répond pas, parce qu'elle risque d'être bourrée, tu m'appelles, ok ? Ajouta Tony.

— Ugh, vous êtes pires que des parents !

Je me retournai et allumai la télévision.

— On t'aime aussi !

Je leur fis un rapide au revoir de la main et j'entendis la porte se fermer à clé. Je ne restai pas plus de trente secondes à regarder les images avant de l'éteindre.

Mon reflet sur l'écran noir faisait peine à voir. Je portais un vieil ensemble jogging et hoodie avec des chaussettes dépareillées. Je ne pouvais pas le voir d'ici mais je savais que des cernes étaient creusés sous mes yeux à cause du manque de sommeil. Le stress et l'anxiété m'avaient donné des boutons sur les joues. Autrement dit, j'étais loin d'être au top de ma forme.

Cela faisait une semaine que je n'étais pas allé au travail car il fallait que je repose mon poignet. Si lui avait pu se reposer, je ne pouvais pas en dire autant pour ma propre personne. Une semaine s'était écoulée depuis la « visite » du père de Luan et ma rupture avec son fils.

J'avais connu différents types de séparations. Celle où on arrêtait par manque d'affection, celle où on ne se supportait plus ou encore celle causée par une tromperie. Elles m'avaient toutes procuré une sensation ou une douleur différente. Cependant aucune d'elles n'égalait ce que j'ai ressenti ces derniers jours.

Des dernières relations que j'avais eu, je réussissais à passer à autre chose en me disant que les personnes avec qui j'étais ne valaient pas la peine que je m'attarde sur elles, que de toute façon, je ne pouvais pas me projeter avec elles. Et puis, c'était facile de détester quelqu'un qui a fait quelque chose de mal à votre égard. Mais quand cette personne n'avait rien fait ? Quand vous saviez pertinemment que vous vous aimiez encore profondément et que la seule chose qui rendait cette relation impossible était l'entourage ? Comment passer à autre chose ?

Je ne pouvais pas détester Luan. Je ne voulais pas le détester. Il n'était coupable de rien et c'était ça qui rendait les choses insupportables.

Ayant tout raconté à Eva, elle m'avait tout de suite forcé à rester chez elle le temps que j'aille mieux. Elle ne voulait pas que je me noie dans mon chagrin et savait pertinemment que si je restais seule dans mon appartement, je ne fermerais pas l'œil par peur.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant