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Nathanaëlle



Les médecins avaient réussi à me calmer après une trentaine de minutes, d'après Junkai. J'avais pourtant l'impression que ça avait duré plus longtemps.

J'avais fait une crise de panique.

La situation, l'environnement, les flashbacks de mon frère et ce trop-plein d'émotions m'avaient complètement submergé. Si bien que moi aussi, j'eus besoin d'un masque à oxygène.

Maintenant, je me sentais vidée de toute mon énergie et nauséeuse. Je me trouvais dans une chambre à part, assise sur le bord du lit, les yeux rivés sur le sol.

J'essayais de remettre de l'ordre dans mon esprit mais la panique se trouvait toujours en moi.

Il était à présent 8h43 et c'est précisément à 6h15 que Junkai m'annonça qu'ils avaient réussi à le stabiliser.

Sa phrase était censée me rassurer et pourtant elle fit tout le contraire.

Et s'il rechutait et que cette fois-ci, ils n'y arrivaient pas ? Et puis pourquoi étions nous là ?

À cause de mon état, son ami n'avait pas eu le temps de m'expliquer ce qu'il se passait et ce qu'avaient dit les médecins.

Je regardai mes mains agitées. Ma respiration se bloqua lorsque je remarquai les traces de sang encore présentes sous mes ongles. Mes yeux glissèrent le long de mon pantalon d'hôpital.

Dans la précipitation, je n'avais pas eu le temps de me changer et les avais suivis en peignoir. Je serrai le tissu entre mes doigts.

C'était vraiment ridicule.

Mon attention fut attirée par Victoria qui fit coulisser la porte de ma chambre. Elle aussi avait quitté la fête pour nous rejoindre. Elle portait un air triste sur son visage. Esquissant un sourire de compassion, elle referma la porte derrière elle puis doucement, s'approcha de moi.

— Comment tu te sens ? Demanda-t-elle.

J'eus un long moment de réflexion avant de finalement dire,

— J'ai tellement de questions.

Elle hocha à peine la tête puis s'assit sur le tabouret à côté du lit. Avant même que la question la plus évidente quitte mes lèvres, elle y répondit,

— Il y a dix ans de cela, Luan a été diagnostiqué d'une granulomatose. C'est une maladie rare, inflammatoire qui a affecté ses poumons. On était tous très paniqués et apeurés parce que personne ne savait ce que c'était et comment allait se passer la suite des événements. Mais, tout de suite, il a reçu les meilleurs traitements possibles et les médecins étaient confiants. « Il va s'en sortir », c'est ce qu'ils nous répétaient à chaque fois. Ils étaient très confiants et de ce fait, nous aussi. Et tout allait bien, il avait même arrêté de prendre ses médicaments deux ans après son diagnostic... On était tous heureux, on l'avait même célébré. On s'était tous déplacés à Paris pour lui faire une fête surprise.

Je pouvais presque les imaginer décorer le salon puis attendre impatiemment son retour. J'imaginais la joie inscrite sur leurs visages et la surprise sur celui de Luan.

Pourtant, mon coeur se resserra en même temps que je l'écoutais. Rien n'allait être rassurant dans ce qu'elle allait me dire.

Elle prit une grande inspiration en jouant avec la hanse de son sac à main. Je pouvais voir ses lèvres rosées trembloter.

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant