Nathanaëlle
— C'est bon. Continue sans moi. J'abandonne. Dis-je d'une voix à peine audible.
Je m'arrêtai en appuyant sur le point de côté qui me faisait horriblement mal. J'essayais de reprendre mon souffle mais n'y parvenais pas. Alors, je me dirigeais vers le banc le plus proche et me laissai tomber en faisant un bruit disgracieux.
Je savais que c'était une mauvaise idée.
Eva se tourna tout en continuant de trottiner sur place.
— Allez Naëlle, on vient à peine de commencer. Il nous reste encore 3km !
C'était une très mauvaise idée.
Je secouai violemment la tête en grimaçant.
— Je cours même pas pour le métro et toi tu veux me faire courir dans toute la ville. Dramatisai-je.
Elle s'approcha de moi et me tendit sa gourde que j'attrapai sans hésitation. L'eau ne m'avait jamais paru aussi savoureuse qu'à ce moment-là.
— C'est toi qui voulais faire du sport avec moi. Est-ce que je dois répéter tes mots ?
Lorsque je lui ai dit que j'allais la suivre dans son jogging matinal, j'étais dans un moment de désespoir. Mon ascenseur ne marchait plus et je devais donc prendre les escaliers. Je n'habitais qu'au quatrième étage mais ces efforts étaient de trop pour mon corps. Alors, j'ai naïvement pensé que faire du sport avec Eva allait me faire du bien.
Ce n'était que le premier jour et c'était déjà un enfer. Elle m'avait sorti de mon lit à 6h30 du matin avec une énergie inconcevable.
— Non, ça va aller, merci. Comment tu fais pour tenir aussi longtemps ?
Elle se mit à faire je ne sais quel exercice en écartant les jambes et levant les bras.
— Ça fait un an que je fais ça tous les week-ends. Je suis pas une épave comme toi.
Je levai les yeux au ciel et m'allongeai sur le banc.
— Si on reprend pas maintenant, on va jamais avoir notre petit-déjeuner.
Elle m'avait promis qu'en récompense de mes efforts, elle allait m'offrir le petit-déjeuner d'un café qu'elle venait de découvrir. D'après elle, qui valait plus que trois étoiles. J'étais faible face à ce genre de proposition.
— Je suis sûre que les employés sont même pas encore réveillés. Râlai-je.
Cependant, elle n'écouta pas mes plaintes et me tira le bras pour me remettre sur pieds.
— On trottine juste. Allez !
Puis elle repartit. En basculant ma tête en arrière, je me mis à suivre ses pas.
Il nous a fallu un peu moins de deux heures et quelques pauses pour finalement être de retour chez moi. Je n'avais jamais été aussi reconnaissante de pouvoir me relaxer sous ma douche.
— Est-ce que tu ne te sens pas revigorée ? Demanda mon amie en posant le menu sur la table.
Nous étions dans son fameux café. La décoration était un mélange entre style contemporain et Napoléon III avec énormément de fleurs. On aurait presque dit un autre Café de La Paix avec des prix tout aussi excessifs.
— Je sens surtout les courbatures arriver.
— N'oublie pas que demain on refait la même chose.
Je la regardais simplement par-dessus ma carte. Je ne répondis pas car je savais qu'elle ne prendrait pas mon « non » comme réponse.
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Until The End
General FictionNathanaëlle vient de perdre son emploi. Dans le même souffle, une nouvelle opportunité s'offre à elle. Travailler pour l'Atelier Pham du célèbre chef cuisinier et père célibataire, Dinh Pham. Lorsqu'elle accepte, elle est loin de se douter du tourna...