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Nathanaëlle


[...Nous ne pourrons pas donner suite à votre candidature.]

Je soufflai en voyant ce nouveau refus d'emploi dans ma boîte mail. Encore un message automatique. Est-ce qu'ils se rendaient compte de la froideur de ces messages ?

Je verrouillai mon téléphone et posai ma tête sur la table. Ça ne faisait que quelques jours que j'avais repris mes recherches d'emploi et j'étais déjà découragée. Je devais admettre que l'Atelier Pham me manquait. Dans le feu de l'action, je n'avais pas pris en considération tout ce qui adviendrait après ma démission. Je n'étais pas encore au point de dire que je regrettais ce départ mais quelques refus de plus et je commencerai à réfléchir à comment supplier Dinh de me laisser une nouvelle chance.

Puisque je voyais le bout de mes économies arriver, j'avais donné plusieurs tableaux à Elisa pour qu'elle les mette en vente. Sur les quatre tableaux, seulement un était parti et je l'avais vendu à deux cents euros. Ce qui n'est pas mal pour mes débuts cependant, ce montant n'allait clairement pas payer mon loyer. Je ne pensais même pas qu'il allait me tenir la semaine.

Je regardai de nouveau l'écran de mon téléphone et rafraîchis la page des mails. Une nouvelle notification s'afficha. Il s'agissait d'un mail d'une boutique me souhaitant joyeux anniversaire et m'offrant un bon de réduction. Ah, c'est vrai. C'est mon anniversaire.

Le temps passait si vite. J'avais l'impression que c'était encore hier que Lucas et Eva m'avaient trainé de force dans notre restaurant fétiche pour fêter mes vingt-cinq ans. Cette année, ils ne m'avaient fait aucune proposition de sortie. Peut-être qu'après toutes ces années, ils avaient fini par comprendre que sortir précisément ce jour-là ne m'intéressait pas particulièrement. Je voulais passer une journée tranquille et faire comme s'il s'agissait d'une date ordinaire.

Je me levai pour me servir un bol de céréales avant de me jeter dans mon canapé et de continuer Brooklyn Nine-Nine. Ça faisait des années qu'Eva me harcelait pour que je regarde cette série. Selon elle, c'était l'une des meilleures et des plus drôles. L'une des meilleures, j'avais encore un doute là-dessus mais elle me faisait pouffer de rire et me détendait.

Aux alentours de neuf heures, ma sonnette retentit. Au vu de l'heure et du jour que nous étions, je déduis qu'il s'agissait de mon amie. Même si j'avais été formelle sur le fait que je ne voulais pas qu'on me dise joyeux anniversaire, elle aimait quand même passer me voir avant d'aller au travail.

D'un pas paresseux, je me dirigeai vers la porte et l'ouvris sans hésitation.

Mon erreur fut de ne pas vérifier à travers le judas et de tout de suite supposer qu'il s'agissait d'Eva. Car, lorsque je me retrouvai face à ma mère, je ne pouvais plus faire de retour en arrière.

J'aurais dû m'y attendre. Elle aussi venait me rendre visite à cette date, depuis mon départ de chez elle. Pourtant, j'ai naïvement baissé ma garde.

Elle me scruta de haut en bas et je fis de même. Il n'était que neuf heures du matin pourtant, voir ses yeux injectés de sang n'avait pas été une surprise.

Ses mains dans ses poches de jogging, elle me paraissait plus frêle que la dernière fois. Ses joues creusées par le temps et les stupéfiants me firent encore une fois de la peine. Je savais que ne devait pas éprouver quelconque sympathie car à la seconde où elle prendrait la parole, elle n'hésiterait pas à débiter un tas de paroles blessantes.

— Je vois que les vautours se lèvent tôt. Murmurai-je.

— Tu vas me laisser rentrer ou juste me dévisager longtemps ?

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant