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Nathanaëlle


L'Église à quelques centaines de mètres venait de sonner 14h, signalant la fin de notre pause déjeuner. 

Déjeuner qui avait laissé mon estomac dans tous ses états. En même temps, en y repensant, j'avais acheté à la va-vite, un simple sandwich au thon chez un marchand de rue sans trop me poser de question. 

Le manque de clientèle aurait peut-être dû me mettre la puce à l'oreille. 

J'essayai un maximum d'ignorer le malaise que cela créait en moi, et me tenais droite au point de rendez-vous de notre prochaine visite. 

Je vis la Mercedes noire vernie de Dinh s'arrêter devant moi. Il en sortit plus frais que lorsque nous nous étions laissés. 

Quelques mèches de cheveux lui tombaient sur le côté du visage, cachant légèrement sa mâchoire parfaitement dessinée. Cette fois-ci, débarrassé de sa veste, il se trouvait simplement en chemise, les manches retroussées au milieu de ses avant-bras. C'est à ce moment-là, que je remarquai pour la première fois, qu'il portait une gourmette en argent au poignet droit. 

Il s'approcha de moi, remettant ses manches en place, n'oubliant pas de fermer les boutons. En plissant un œil pour se protéger du soleil, il observait le magasin se situant derrière moi. 

— « Décorado ? » Prononça-t-il peu convaincu.

— L'El Dorado de la décoration. On commandait souvent ici pour nos événements, y compris pour votre... mariage.

Ma voix se fit discrète sur la fin, réalisant qu'il s'agissait d'un sujet possiblement encore sensible. 

Il ne dit rien pendant un instant, puis acquiesça avant d'avancer. 

J'adorais ce magasin. Il s'étalait sur plus de 13 000 m² et littéralement tout ce dont nous avions besoin s'y trouvait. Et j'étais persuadée que nous allions trouver de véritables perles pour cet anniversaire. 

Je passai donc mon temps à lui faire des propositions, lui montrer différents objets, essayant de lui faire visualiser ce que cela pourrait donner. Et si j'avais l'air d'une enfant au pays des jouets, lui se comportait comme si on l'avait emmené ici de force. 

Ce qui n'était pas totalement faux, cependant, c'est lui qui m'avait demandé de l'aide. 

Dinh regardait les articles de manière désintéressée. Il levait les sourcils, soupirait et roulait des yeux, tout ça les mains dans les poches de son pantalon. 

Ça devenait difficile de garder mon enthousiasme. Et mon ventre qui ne cessait de tourner n'arrangeait pas les choses. 

— Qu'est-ce que vous pensez de ce tissu pour les nappes de table ? C'est du lin.

Pendant que je touchais le tissu, il le prit entre ses doigts pour le caresser à son tour. Cependant, à son expression faciale, je sentais bien qu'il n'était pas satisfait. 

— Trop rude, et esthétiquement parlant, d'une laideur. Et au vu du prix et de la texture, ce n'est pas du lin à 100 %.

Parfois, utiliser des euphémismes ne pouvait pas faire de mal. 

— Très bien. On oublie le « faux » lin alors. J'ai une autre idée, attendez-moi là.

Je pivotai sur mes talons et entamai ma marche. Elle fut très vite stoppée lorsque mes yeux tombèrent sur une personne que je connaissais que trop bien.  Mon cœur loupa un battement et soudainement, je ne savais plus comment fonctionner. 

Until The EndOù les histoires vivent. Découvrez maintenant